Enfants

Asthme et allergies chez l’enfant, facteurs environnementaux et programmes de prévention

Au cours des dernières décennies, la prévalence de l’asthme et des manifestations allergiques a connu une augmentation importante, principalement dans les pays industrialisés. Plusieurs hypothèses concernant cet accroissement ont été mises de l’avant au cours des années. L’augmentation observée a notamment été attribuée à une meilleure reconnaissance diagnostique, ou encore à une augmentation de l’exposition aux aéroallergènes présents dans l’air intérieur et extérieur. Ces hypothèses, lorsque considérées individuellement, ont graduellement été remises en question. Par ailleurs, selon une théorie appelée « hypothèse hygiéniste », l’exposition en très bas âge, notamment avant l’âge de un an, aux infections ou aux composantes microbiennes (ex. : endotoxines, fragments de parois cellulaires), pourrait avoir un effet protecteur contre les allergies et l’asthme en favorisant le développement immunitaire optimal de l’enfant.

En lien avec les hypothèses sous-jacentes à l’accroissement des manifestations allergiques, les professionnels de la santé reçoivent de l’information parfois divergente sur la physiopathologie de l’allergie et de l’asthme. Ils doivent alors composer avec des incertitudes dans le cadre de leurs fonctions, notamment lorsqu’ils ont à informer leurs clientèles des mesures à adopter afin d’éviter l’apparition ou l’exacerbation de symptômes liés aux maladies allergiques. À l’échelle individuelle, il peut s’avérer difficile pour ces professionnels de transposer l’information reçue en conseils pratiques, notamment auprès des parents qui désirent connaître la façon d’éviter le développement de ces maladies chez leurs enfants. À l’échelle populationnelle, les instances de santé publique ne disposent pas de données suffisantes pour mettre en place des politiques ou des programmes de prévention dans les milieux de garde ou les écoles primaires.

Émissions industrielles au Québec et hospitalisations pour problèmes respiratoires chez les jeunes enfants

Les études épidémiologiques ont montré que l'augmentation à court terme des concentrations de polluants atmosphériques est associée à de nombreux effets néfastes sur la santé, notamment une augmentation des hospitalisations et des décès pour causes de maladies cardiovasculaires et respiratoires(1). Au sein de la population, les enfants constituent un sous-groupe particulièrement sensible aux effets de la pollution de l’air.

Peu d’études à ce jour ce sont intéressées à la santé respiratoire des enfants vivant à proximités de sources industrielles de pollution atmosphérique. Les paragraphes qui suivent présentent un bref résumé d’une étude récemment publiée s’intéressant aux hospitalisations pour causes respiratoires chez les jeunes enfants vivant à proximité d’une industrie au Québec.

Les troubles neurodéveloppementaux et comportementaux chez les enfants et l’exposition à l’arsenic, au cadmium et au manganèse : revue de littérature et méta-analyse

Les effets neurologiques aigus et chroniques associés à l’exposition professionnelle aux éléments traces métalliques ont été abondamment étudiés par le passé. Toutefois, l’exposition de la population à ces contaminants à plus faibles doses, dans un contexte d’exposition domestique à proximité de zones industrielles polluées, est une préoccupation de santé publique grandissante en raison des effets neurotoxiques potentiels, surtout lorsqu’il est question des femmes enceintes et des enfants.

L’équipe espagnole de Rodriguez-Barranco et ses collègues a voulu analyser les preuves scientifiques publiées jusqu’à maintenant concernant les effets potentiels sur le développement et le comportement des enfants exposés à l’arsenic, au cadmium et au manganèse durant la grossesse et l’enfance, ainsi que quantifier l’amplitude des effets neurodéveloppementaux.

Étude sur l’exposition cumulative en phtalates chez les enfants dans les domiciles et les garderies

Mise en contexte

Les phtalates constituent un groupe de produits chimiques composés d’un noyau benzénique et de deux groupements carboxylates. Dans un article paru récemment, Bekö et al (2013) précisent que les phtalates sont présents dans de nombreux produits de consommation tels les matériaux de construction, le mobilier, les vêtements, les peintures, les emballages alimentaires, les jouets, les produits de soins personnels et pharmaceutiques. Ils peuvent être libérés dans l'environnement par lixiviation, évaporation, migration, abrasion ou application des produits de soins personnels qui en contiennent. Compte tenu de leur utilisation répandue, notamment à titre d’agent plastifiant, l’ensemble de la population est donc exposée en permanence à ces substances.

Un grand nombre d'études réalisées sur l'homme et l'animal ont mis l'accent sur les effets sanitaires possibles que peut engendrer l'exposition aux phtalates. De façon générale, ces substances sont notamment connues…

Le manganèse dans l’eau potable et les performances scolaires chez des enfants bangladais

Le manganèse est un élément essentiel à la santé, impliqué dans la formation et le développement des os, la constitution de diverses métalloenzymes et le métabolisme des acides aminés, des glucides et du cholestérol. Le manganèse dans l’eau est principalement connu pour ses caractéristiques organoleptiques : il peut tacher les vêtements et les appareils domestiques, en plus de donner mauvais goût à l’eau.

Le manganèse est reconnu comme une substance neurotoxique à des concentrations importantes dans l’air, effet constaté principalement chez les travailleurs exposés. On a longtemps considéré que le manganèse ingéré était sans danger pour la santé (jusqu’à 11 mg/jour chez l’adulte). Or, depuis quelques années, certaines études ont associé des effets neurotoxiques subtils chez les enfants d’âge scolaire à l’exposition au manganèse dans l’eau potable à des concentrations entre 0,3 et 0,4 mg/litre.

Étude sur la qualité de l’air intérieur d’une vingtaine de services de garde à l’enfance situés à Montréal

Au Canada, comme dans la plupart des pays industrialisés, et ce, en grande partie en raison de l’arrivée des femmes sur le marché du travail, la proportion d’enfants qui fréquentent les services de garde à l’enfance (SGE) a nettement augmenté. À Montréal, en 2008, plus de 210 000 enfants fréquentaient des centres de la petite enfance (CPE) et des garderies privées. Pour les enfants, une mauvaise qualité de l’air intérieur (QAI) dans ces établissements représente un risque potentiel de développer certains problèmes de santé, principalement des atteintes du système respiratoire. Malgré le fait que la QAI dans les SGE peut affecter la santé respiratoire des enfants, peu d’études ont porté sur ce sujet.

Plombémie chez les enfants et proximité des aéroports

Alors que le plomb a été retiré de l’essence au Canada et aux États-Unis depuis plusieurs années, le carburant destiné aux petits avions à pistons, le AVGAZ, fait l’objet d’une exception, et peut contenir jusqu’à 0,56 gramme par litre de plomb. En raison de la toxicité connue du plomb, cette situation soulève des préoccupations de santé publique pour les populations avoisinant les aéroports qui accueillent ce type d’appareils. C’est sur cette question que s’est penchée une équipe de chercheurs de l’Université Duke, en Caroline du Nord (Miranda et al. 2011).

Plus spécifiquement, ces chercheurs ont cherché à savoir si le fait de vivre à proximité de petits aéroports pouvait entraîner une augmentation de la plombémie chez les jeunes enfants. L’existence dans cet État d’un programme systématique de surveillance de la plombémie des jeunes enfants représentait un avantage appréciable, en raison de la très grande puissance statistique en découlant, pour réaliser une telle étude.

La présence de plomb dans l'environnement résidentiel et son impact sur la plombémie de jeunes enfants à Montréal

La toxicité du plomb est reconnue, même à de très faibles niveaux d’exposition. Les enfants sont particulièrement vulnérables au plomb, notamment quant à ses effets délétères sur le développement du système nerveux central3. Les jeunes enfants s’exposent habituellement de façon plus importante que les adultes au plomb. En effet, le fait de porter leurs mains ou différents objets à leur bouche ainsi que leur proximité aux sources de poussières (par leur petite taille et les déplacements au sol) peuvent favoriser leur exposition par l’ingestion ou l’inhalation de plomb456. De plus, la consommation d’eau par les jeunes enfants (en ml/kg) est importante comparée à celle des adultes7.

Avant 1950, le plomb était couramment utilisé dans la fabrication de différents produits, exposant ainsi la population à diverses sources de plomb. À partir des années 1970, une règlementation plus sévère a contribué à la diminution de la teneur en plomb dans les peintures, les éléments de plomberie et différents produits domestiques. L’interdiction d’ajout de plomb dans l’essence en 1990 a également contribué à la diminution des risques d’exposition à ce métal. Néanmoins, il est encore possible de trouver des sources d’exposition au plomb dans la peinture et les poussières d‘anciennes résidences, surtout celles construites avant 1970. L’eau du robinet peut aussi être contaminée lors de la présence de composantes en plomb de la tuyauterie  (entrées de service ou soudures). Enfin, certains produits traditionnels importés par différentes communautés culturelles peuvent ne pas respecter la règlementation canadienne quant à leur teneur en plomb (encens, chandelles, cosmétiques et remèdes traditionnels, verreries, conserves et aliments)8910.

Afin de mieux documenter l’importance des sources résidentielles de plomb, l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), en collaboration avec Santé Canada et l’École Polytechnique de Montréal, a réalisé une étude visant à évaluer l’importance de la contamination par le plomb de l’eau, des poussières et de la peinture domestiques et leur impact sur la plombémie des jeunes enfants.

Dépistage du radon dans des écoles primaires au Québec

En février 2006, le Bulletin d’information en santé environnementale (BISE) publiait un article intitulé : Le radon dans l’environnement intérieur : état de la situation au Québec, qui résumait notamment les résultats des travaux réalisés par un groupe de travail de l’Institut national de santé publique (INSPQ) mandaté pour faire le point sur cette problématique (Dessau et al., 2004). Par le biais d’une analyse de risque basée sur un modèle mathématique conçu par le Committee on the Biological Effects of Ionizing Radiation (BEIR VI), les auteurs ont évalué l’impact de différents scénarios d’intervention sur la mortalité par cancer du poumon. Par la suite, ils ont identifié et examiné des options de gestion de risque en lien avec le radon puis ils ont formulé des recommandations à cet effet. Parmi ces dernières, les auteurs ont fait ressortir la pertinence de procéder au dépistage du radon dans les bâtiments publics, tels que les établissements scolaires et les milieux de garde.

Protection contre l’Allergie : éTUde du milieu Rural et de son Environnement (PATURE)

Cette étude est menée en partenariat entre la Mutualité Sociale Agricole (MSA), la sécurité sociale du monde agricole et le Centre hospitalier universitaire (CHU) de Besançon. La MSA en France ce sont 4 millions de personnes, soit 7 % de la population couverte, le 2e régime de protection sociale et 25,4 milliards d’Euros  de prestations versées en 2006. L’étude s’intègre au programme de recherche européen PASTURE, dirigé par le Professeur Erika Von Mutius de Munich, destiné principalement à identifier les substances du milieu agricole qui confèrent une protection vis-à-vis de l’allergie atopique, puis, le cas échéant, à mettre en place des stratégies de prévention primaire de l’asthme et des maladies allergiques (projet FORALLVENT, «FORum on ALLergy preVENTion»).

Il s’agit d’une enquête de cohorte de nouveau-nés en milieu rural, qui seront suivis de la naissance à l’âge de 6-7 ans. Les inclusions ont débuté en 2002 en Allemagne, Autriche, Suisse et Finlande et à la mi-2003 en France (Franche-Comté). La période d’inclusion s’est achevée au printemps 2005 et cette cohorte d’environ 1 000 enfants va être suivie jusqu’à l’âge de 6 ou 7 ans, au moment où les maladies allergiques de l’enfance, notamment l’asthme, sont apparues. Entre l’évaluation clinique et biologique de l’allergie qui a eu lieu à la visite d’un an, et celle complète qui aura lieu à l’âge de 6-7 ans, une mesure de la sensibilisation atopique aux allergènes respiratoires et alimentaires courants est planifiée à l’âge de 4 ans.