Maladies infectieuses

Planification d’une vigie sanitaire rehaussée lors d’un événement de masse d’envergure internationale

Un sommet du G7 a eu lieu en juin 2018 dans la région de la Capitale-Nationale. Un tel rassemblement de masse est lié à une augmentation de certains risques, notamment infectieux et environnementaux, pour la santé publique. Afin de détecter d’éventuelles menaces et d’intervenir en temps opportun, une vigie sanitaire rehaussée a été développée par la Direction de santé publique de la Capitale-Nationale. Elle était complémentaire aux activités traditionnelles de vigie que sont la déclaration des maladies à déclaration obligatoire et les signalements passifs de menaces à la santé. La vigie des données des urgences, des signalements actifs de partenaires clés et d’Info-Santé et a entre autres été faite. Cet article décrit sommairement les activités de cette vigie rehaussée et les leçons tirées de sa planification, pour application à de futurs événements de masse d’envergure internationale.

Des moustiques génétiquement modifiés pour lutter contre la dengue

La dengue est une infection virale, transmise par une variété de moustiques (Aedes aegypti), endémique dans plusieurs pays tropicaux et pouvant provoquer la mort. Le Brésil est l’un de ces pays. Avec 1,4 million de cas et 545 morts en 2013, il est plutôt question de situation épidémique. Il n’existe aucun vaccin ni traitement spécifique pour enrayer cette maladie; seule la prévention de la transmission est efficace, le plus souvent avec des insecticides.

Pour contrer les effets toxiques des insecticides, une entreprise agrochimique a créé une variété de A. aegypti génétiquement modifiée, incapable de survivre longtemps dans l’environnement naturel. Des mâles modifiés et relâchés dans l’environnement se reproduisent avec des femelles « sauvages » (non modifiées), dont la progéniture sera incapable de survivre. Selon des essais réalisés aux Îles Caïman, une réduction de 80 % des populations de moustiques sauvages a été notée 11 semaines après le relâchement de mâles modifiés…

Surveillance des éclosions des maladies d’origine hydrique, Québec, 2005-2007

Les éclosions de maladies d’origine hydrique sont des événements qui surviennent occasionnellement et qui peuvent, dans certains cas, impliquer un nombre appréciable de personnes (p. ex. en Montérégie, 1 400 personnes impliquées en 1987). Ainsi, malgré toutes les mesures de protection existantes, nous ne sommes pas à l’abri de ces maladies.

Un des objectifs du Programme national de santé publique 2003-2012 (MSSS 2003a) est de réduire la morbidité et la mortalité reliées aux maladies d’origine hydrique. Le Plan commun de surveillance de l’état de santé de la population et de ses déterminants (MSSS 2003b) comporte à cet effet un indicateur relatif au nombre annuel d’éclosions d’origine hydrique signalées au directeur de santé publique (DSP). C’est dans ce contexte, qu’un bilan des éclosions de maladies d’origine hydrique survenues entre 2005 et 2007 a été réalisé par l’Institut national de santé publique du Québec, en collaboration avec la Table nationale de concertation en santé environnementale. Le présent article résume le contenu du rapport intitulé « Surveillance des éclosions de maladies d’origine hydrique au Québec, Bilan du 1er janvier 2005 au 31 décembre 2007 ».

Épidémies de typhoïde en Guyane française : 13 ans de veille et de gestion sanitaires

La Guyane française est un département français d’Amérique de la taille du Portugal, situé au niveau de l’équateur entre le Brésil et le Suriname (anciennement Guyane néerlandaise) dont la surface est occupée à 90 % par la forêt amazonienne (voir figure 1). À 7 000 km de la métropole, le droit français ainsi que l’ensemble des directives européennes s’appliquent dans ce département d’outre-mer où 7 communes sur 22 ne sont pas accessibles par la route. Près de 15 % de la population, soit plus de 30 000 personnes, n’y ont pas accès à une eau potable distribuée par un réseau public, aussi bien en sites isolés qu’en zones urbaines. C’est aussi le dernier département français où a été enregistrée une épidémie de choléra en 19911, 2.

Figure 1. Carte de la Guyane française

Dans ce contexte très particulier, le médecin chargé de la veille et de la gestion sanitaires à la Direction de la santé et du développement social (DSDS) de la Guyane enregistre, essentiellement sur la base des données de laboratoires, les déclarations obligatoires qui concernent les cas de fièvre typhoïde (voir encadré). La cellule de veille et de gestion sanitaires réalise ensuite des enquêtes épidémiologiques et environnementales autour des cas. Cet article fait le point sur les cas groupés de fièvre typhoïde enregistrés en Guyane de 1995 à 2007 et la politique sanitaire mise en place depuis 2004 dans le domaine de la prévention des pathologies d’origine hydrique.

Risques à la santé associés à la pratique du tatouage

À l’instar du perçage des oreilles et du perçage corporel, la pratique du tatouage a gagné en popularité depuis une vingtaine d’années, particulièrement auprès des adolescents et des jeunes adultes. Au Canada, l’augmentation considérable du nombre de boutiques spécialisées dans ces pratiques témoigne d’ailleurs de cette réalité. Au Québec, une enquête menée dans une école secondaire de l’Outaouais (n = 2 180) a montré que 8 % des élèves arboraient un tatouage permanent.

Il semble que les gens choisissent de se faire tatouer pour diverses raisons : identification à un groupe, esthétisme, rituel religieux, etc. Le tatouage demeure d’ailleurs encore aujourd’hui un élément culturel très important dans certaines communautés. De plus, il semble encore associé à certains groupes de personnes, tels les marins, les prisonniers ou les utilisateurs de drogues injectables.

Cet article dresse un survol des risques à la santé associés au tatouage. Les risques infectieux sont les plus fréquemment observés et les mieux documentés. Les risques non infectieux, associés tant aux tatouages permanents que temporaires, moins bien connus, sont aussi brièvement abordés dans cet exposé.

 

La rage : mesures préventives au Québec

La rage est une infection virale qui, à cause de ses conséquences potentiellement mortelles, fut l’une des premières maladies infectieuses à recevoir l’attention des scientifiques.

Au Québec, les cas de rage humaine sont extrêmement rares. Le décès d’un garçon de 9 ans ayant été en contact avec une chauve-souris à l’automne 2000 a toutefois fait ressurgir cette préoccupation au sein du public et des professionnels de la santé. En fait, depuis une quarantaine d’années, on ne relève que deux cas de rage humaine au Québec, le précédent cas remontant à 1964 alors qu’une fillette avait été mordue par une mouffette. Dans ces deux cas, les enfants sont décédés parce qu’ils n’avaient pu recevoir à temps une prophylaxie post-exposition.

La rage est toutefois une maladie encore largement répandue sur la planète puisque chaque année, environ 50 000 décès humains sont attribuables à cette infection. De ce nombre, quelques 30 000 se produisent en Inde alors que la majorité des…

Prévention des cas de brûlures et de légionelloses liés à l’eau chaude du robinet

Au Canada, la température de l’eau à l’intérieur des chauffe-eau et à la sortie des robinets est régie par le Code national du bâtiment et le Code national de la plomberie. Ayant fait l’objet d’une révision, ces codes ont été soumis à la consultation publique en 2003 à l’échelle nationale afin de permettre aux organismes ou aux individus intéressés de commenter les propositions à l’étude. L’une d’entre elles visait à réduire le risque de brûlures associé à l’eau chaude du robinet en diminuant à 49 °C la température maximale de l’eau qui alimente tout appareil sanitaire d’une habitation (ex. robinet).

Les recommandations formulées à ce jour par les autorités de santé publique québécoises sont en accord avec cet objectif de réduction des brûlures. En revanche, ces mêmes recommandations vont à l’encontre de l’une des trois mesures envisagées pour atteindre cet objectif, soit celle consistant à régler le thermostat du chauffe-eau à 49 °C, puisqu’une telle mesure est susceptible d’augmenter le risque de légionelloses (maladie du Légionnaire et fièvre de Pontiac). Cependant, cette inquiétude n’est pas partagée par plusieurs organismes canadiens reconnus dont Santé Canada, sauf peut-être pour les groupes à risque de contracter cette maladie.

Le contrôle de la température de l’eau chaude dans les habitations demeure donc un sujet controversé, particulièrement en ce qui concerne le seuil minimal à maintenir pour la température de l’eau à l’intérieur des chauffe-eau. Ce seuil est habituellement déterminé en fonction des besoins à combler en eau chaude et de l’évaluation combinée des risques de brûlures et de légionelloses. Les propositions étudiées dans le cadre de la présente révision des codes doivent être évaluées selon ces mêmes paramètres. Dans le but de procéder à un choix éclairé des propositions à l’étude, le présent article présente une analyse critique sur le sujet et propose une série de recommandations qui tiennent compte de ces deux problématiques.

Les infections reliées aux piscines : un problème de santé publique

Vers les années 1880, les piscines, alors appelées bains publics, étaient construites dans une optique d’hygiène. Les usagers s’exposaient tout de même à des agents infectieux par une eau plus ou moins polluée. Avec la généralisation de la baignoire dans les logements, cette vocation s’est transformée et, de nos jours, la piscine est une installation servant surtout aux loisirs, à la détente et à des fins thérapeutiques. Des bassins d’eau sont également utilisés à des fins d’aménagement, les gens s’y baignant les pieds sans que cela ne soit conçu pour la baignade.

Peu d’informations sont disponibles quant à la fréquence d’utilisation des piscines par la population. Une vérification auprès d’une piscine municipale intérieure, ouverte à l’année, a permis d’estimer le nombre d'entrées à 328 000 par an. Dans le cas d’un centre sportif universitaire, ce nombre a été évalué à 100 000 par an. Par ailleurs, les trois piscines extérieures d’un parc montréa­lais, ouvertes uniquement l’été, ont reçu au total 13 000 personnes en 1999. Quant au milieu naturel, trois des quatre plages de l’île de Montréal ont été fréquentées par un total de 73 000 personnes en 1998. Ainsi, considérant le nombre de piscines publiques intérieures (348) et extérieures (394) répertoriées sur l’île de Montréal ainsi que le nombre proportionnellement élevé de personnes les fréquentant, on peut estimer que l’exposition à l’eau de piscine constitue le risque à la santé relié à l’eau de baignade le plus important du territoire montréalais.