Deux cas traceurs pour évaluer la mise en œuvre du Programme national de santé publique du Québec : la prévention de l’obésité et des infections transmissibles sexuellement et par le sang

Ce rapport d’évaluation vise à comprendre certaines conditions de mise en œuvre du Programme national de santé publique 2003-2012 (PNSP) du Québec à travers des cas traceurs permettant d’observer le fonctionnement du système de santé publique. Il s’adresse aux acteurs de santé publique, plus particulièrement aux décideurs, gestionnaires et professionnels qui exercent un rôle dans la planification, l’organisation et l’évaluation des services dans le système de santé et des services sociaux.

Deux cas traceurs – la prévention des infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS) et la prévention de l’obésité –, une métasynthèse de 27 études primaires qualitatives et le recours à deux collectifs d’évaluation caractérisent la démarche. Le fil conducteur de l’analyse est l’intégration des efforts de prévention dans le système de santé et de services sociaux (SSSS) et à l’extérieur. Cette analyse fait ressortir les aspects suivants :

  • dans le secteur de la santé publique, la diversité et la fragmentation des approches, la multiplicité d’activités de santé publique, des redditions de comptes exigeantes, des relations insuffisantes entre le local et le régional ainsi qu’une circulation d’information partielle entre les paliers mettent à rude épreuve la cohérence des efforts en prévention sur le terrain. Le resserrement des liens verticaux entre les paliers, l’arrimage des politiques et des plans d’action, la prise en compte des capacités du terrain et l’identification de cibles d’action constituent des pistes d’amélioration;
  • dans le système de santé et de services sociaux, le développement des rapports transversaux repose aussi sur la consolidation des liens verticaux et la convergence des éléments structurants. Il passe également par la mise en valeur de la place de la prévention dans les CSSS, son positionnement dans les services, la levée des embûches et la mobilisation des acteurs des services de 1re, 2e et 3e lignes dans le cadre d’une responsabilité populationnelle;
  • dans les autres secteurs d’activités extérieurs au système de santé et de services sociaux, un plan d’action gouvernemental ainsi que l’exercice d’un leadership partagé contribuent à une synergie avec ces acteurs externes si les acteurs de santé publique s’imprègnent davantage des réalités de leurs partenaires. L’attention doit être accordée à nourrir les interfaces.

Une meilleure intégration des efforts de prévention exige la transformation de certaines pratiques pour mobiliser les acteurs et joindre les populations. L’analyse met en relief les conditions suivantes :

  • adapter les pratiques aux contextes d’action est essentiel. À défaut d’un modèle unique d’intervention, des règles minimales et/ou essentielles peuvent contribuer à assurer une cohérence et une priorité d’action;
  • consentir des efforts à plusieurs niveaux. Des collaborations intersectorielles fructueuses impliquent des efforts conceptuel (cadres de références, etc.), structurel (ressources, etc.), opérationnel (répartition des tâches) et relationnel (rencontres d’information) ainsi que des changements dans les rapports avec les partenaires et les modes de gestion;
  • puiser à même les pratiques en émergence et bien activer les leviers disponibles tels que l’élaboration d’une vision commune, l’exercice de leadership et de nouveaux rôles, le développement de compétences appropriées, la circulation de l’information ainsi que le développement et le transfert des connaissances, peuvent améliorer la mise en œuvre du PNSP.

Des enjeux de coordination et de cohérence demeurent. La mise en œuvre du PNSP passe d’abord par le secteur de la santé publique dans un mouvement de convergence des efforts de prévention afin d’atteindre les objectifs de santé publique.

Rédigé par
Monique Imbleau
Catégorie(s) ITSS
Date de publication
28 avril 2016