Prévention du VHC chez les personnes utilisatrices de drogues par injection (UDI)
Lina Noël vous propose un article sur la prévention du VHC chez les personnes utilisatrices de drogues par injection (UDI).
A systematic review and meta-analysis of interventions to prevent hepatitis C virus infection
in people who inject drugs
Une revue systématique et une méta-analyse d'interventions en prévention du VHC chez les personnes UDI
[Traduction libre]
H. Hagan, E. R. Pouget, et coll. | Paru en 2011 dans The Journal of Infectious Diseases 204(1): 74-83.
Les auteurs ont réalisé une revue systématique de la documentation et une méta-analyse d'interventions destinées à réduire les comportements à risque pour l'acquisition de l'hépatite C (VHC) chez les personnes qui s'injectent des drogues (UDI). Les études recensées devaient comporter des mesures d'incidence du VHC chez les individus exposés à l'intervention. La participation à des interventions (individuelles, comportementales ou d’accès à des services), soit en traitement de la dépendance, dans des programmes d'échange de seringues (PES), dans des services d'injection supervisée (SIS) ou encore de désinfection de seringues a été retenue pour la recherche documentaire.
Au final, 26 études (Amérique du Nord, Europe de l'Ouest et Asie) ont été retenues pour la méta-analyse :
- 13 interventions sont associées à des programmes de traitement de la dépendance (5 non spécifiques et 8 sur le traitement de substitution aux opioïdes);
- 7 sont en lien avec des PES;
- 4 portent sur la désinfection des seringues à l'eau de javel;
- 2 interventions visent la modification de comportements à risque à l'aide de groupes de comparaison.
Quelques résultats
Les deux études avec groupes de comparaison n'ont pas montré de différence entre les groupes exposés à l'intervention et les non exposés quant à l'incidence du VHC.
Les cinq études qui ont porté sur des interventions en traitement de la dépendance non spécifiques présentent des résultats hétérogènes (deux montrent une augmentation de l'incidence du VHC et deux autres présentent une baisse). Pour les interventions en traitement de substitution, les auteurs notent que l'utilisation d'approches combinées semble garante d'un meilleur succès.
Parmi les sept études portant sur des PES, une seule a montré une baisse de l'incidence du VHC.
Finalement, les quatre études portant sur la désinfection du matériel s'avèrent peu concluantes quant leur effet sur la baisse de l'incidence du VHC.
Discussion et interprétation
La méta-analyse montre donc une réduction significative de l’incidence du VHC lorsqu’une combinaison d’approches est utilisée. Les programmes de traitement de la dépendance de type substitution aux opioïdes permettent de réduire l’incidence du VHC quand ils sont en combinaison avec d’autres interventions comme l'accès à du matériel d'injection stérile et le recours à des approches motivationnelles.
La méta-analyse ne permet pas de conclure que de tels programmes peuvent à eux seuls réduire l'incidence du VHC. Le fait d’être en traitement diminue certes la fréquence d’injection, mais ne l’élimine pas. Par ailleurs, le fait d’être en contrôle sur sa consommation constitue possiblement un élément qui permet de diminuer les risques d'infection.
Les auteurs suggèrent que le recours à des approches à multiples volets misant à la fois sur la réduction ou l'arrêt de l'injection, sur l'adoption de pratiques d'injection sécuritaires, sur l'accès à du matériel d'injection stérile et sur le soutien à la modification des comportements à risque contribuerait davantage à faire baisser les taux de VHC.
La prudence demeure de rigueur quant à l'interprétation de ces résultats puisque, comme le soulignent les auteurs, les interventions évaluées n'ont pas été conçues a priori pour limiter la transmission du VHC. De plus, la mesure d’efficacité utilisée par les auteurs est basée uniquement sur la séroconversion au VHC, ce qui ne permet pas de rendre compte des autres effets possibles des interventions.