Prendre une décision éclairée

 

Identifier une approche de gestion adaptée

Les décideurs révisent l’ensemble des données issues des phases précédentes. Tenir compte du niveau et de l’acceptabilité du risque, du risque lui-même et du contexte facilitera grandement la mise en place d’une approche adaptée au risque et au contexte.

L’acceptabilité du risque, établie à la phase précédente, peut se traduire par un risque acceptable, tolérable ou intolérable (section Examiner l'acceptabilité du risque). Ces différentes catégories d’acceptabilité du risque orientent l’approche et les objectifs de gestion.

Différentes catégories d’approches de gestion du risque sont possibles :

  • l’élimination du risque consiste à supprimer complètement le risque au moyen d’une action, par exemple en remplaçant une technologie par une autre;
  • le transfert de la gestion du risque consiste à confier à une autre instance qui serait mieux placée pour gérer certaines composantes du risque jugées sensibles par les parties prenantes, par exemple en termes de choix technologique ou de mise en œuvre de la solution;
  • le statu quo responsable résulte d’une décision éclairée et consiste à choisir de ne rien faire face au risque tout en prenant la pleine responsabilité des conséquences éventuelles;
  • la prévention ou la réduction d’un risque potentiel ou avéré se réalise quant à elle par différentes actions qui peuvent intervenir à divers niveaux de la chaîne de risque.

Lorsque le risque est marqué par la complexité, l’incertitude ou l’ambiguïté, il est utile d’ajuster les approches de gestion en conséquence (section Définir une approche adaptée au risque et au contexte). En particulier,

« Le principe de précaution vise à permettre aux décideurs de prendre des mesures de protection lorsque les preuves scientifiques relatives à un danger pour l’environnement ou la santé humaine sont incertaines et que les enjeux sont importants » (Service de recherche du parlement européen (EPRS), 2015, p.1).

L’application du principe de précaution n’implique pas la mise en œuvre d’une mesure spécifique (EPRS, 2015). De plus, il convient d’adopter une telle approche proactive avec discernement, rigueur et transparence en tenant compte de la gravité et de la plausibilité du risque potentiel. (INSPQ, 2003)

 

Choisir les meilleures options de gestion du risque

Les décideurs sélectionnent les options à retenir et celles à rejeter en examinant les résultats de l’évaluation des options. En fonction du contexte, l’approche de gestion retiendra une seule option ou une combinaison d’options différentes. Aussi, les décideurs peuvent-ils choisir d’agir à différents niveaux de la chaîne de risque (section Qu'est-ce qu'une chaîne de risque?).

 

Les autorités de santé publique sont rarement les décideurs finaux de l’option ou de la combinaison d’options à retenir. Néanmoins, elles restent responsables de la recommandation émise pour protéger la santé de la population, même lorsqu’elle conseille une autre autorité. C’est souvent le cas en SE et SAT. Par contre, en MI, les autorités de santé publique peuvent plus souvent être responsables de la décision et de son application, comme c’est le cas dans le domaine de la vaccination.

La décision à prendre pour prévenir ou réduire un risque est évidente lorsqu’une ou plusieurs options se démarquent en étant meilleures sur tous les critères retenus. Sinon, il s’agira d’identifier les options ou les combinaisons d’options qui apportent pour l’ensemble des parties prenantes le meilleur équilibre entre les bénéfices et les inconvénients. Différentes approches visent à identifier les options dont les effets positifs compensent les effets négatifs. Il s’agit notamment de l’analyse coûts-bénéfices ou de l’analyse décisionnelle multicritères. Les gestionnaires devraient appliquer ce type d’approche en considérant les dimensions pertinentes permettant d’avoir une vision globale de la problématique. Dans une perspective éthique, on considérera les valeurs sous-jacentes à ces approches de manière à ce que le choix des options soit cohérent avec les valeurs identifiées comme prioritaires aux étapes précédentes. Enfin, la participation des parties prenantes à cette étape favorise la légitimité de la décision. Le degré d’implication de ces dernières devrait être modulé en fonction du risque et du contexte. Lorsqu’il y a de la controverse ou de l’ambiguïté, une participation accrue des parties affectées et intéressées est recommandée à cette étape.

 

Lors d’une démarche intersectorielle, il est important de tenir compte des responsabilités et des pouvoirs des différents acteurs clés prévus par les lois en fonction du contexte. Il convient également de vérifier que les décideurs ont accepté leurs responsabilités. Un maillon faible à ce niveau peut entraîner une prise en charge sous-optimale de la situation par tous les acteurs clés. La collaboration et la concertation des acteurs clés favoriseront la cohérence et la complémentarité des interventions.