Des pas significatifs à franchir pour réduire les impacts sanitaires des pesticides

Québec, le 24 septembre 2019 – Les représentants de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) étaient de passage devant la Commission de l’agriculture, des pêcheries, de l’énergie et des ressources naturelles (CAPERN) aujourd’hui pour effectuer un bilan de l’état des connaissances scientifiques sur les effets à la santé des travailleurs et de la population liés à l’exposition aux pesticides et proposer des pistes d’action en la matière.

D’entrée de jeu, l’INSPQ a précisé que les effets sanitaires de l’exposition répétée aux pesticides, peu importe la dose, sur une longue période, étaient peu connus, contrairement aux effets à court terme ou immédiat. Chez des utilisateurs professionnels de pesticides, comme les agriculteurs, les cancers du sang et des ganglions tels que le lymphome non hodgkinien, la leucémie, le cancer de la prostate et certaines tumeurs cérébrales sont les maladies pour lesquelles le poids de la preuve ou la présomption d’un lien sont les plus forts.

Sur le plan des effets neurologiques à long terme, « une forte présomption de lien a été observée pour la maladie de Parkinson, qui, comme le lymphome non hodgkinien, a été reconnue comme maladie professionnelle liée à une exposition aux pesticides en France », relate Onil Samuel, conseiller scientifique à l’INSPQ. « De plus, il faudrait en savoir davantage sur les effets endocriniens ou neuro-développementaux qui pourraient survenir à la suite d’une exposition prolongée à de faibles doses d’une même substance. L’effet additif de l’exposition à un mélange de différents pesticides est aussi peu documenté. »

Baser les décisions sur des informations fiables et indépendantes

Il est important pour l’INSPQ de mieux documenter les risques des pesticides dans un contexte québécois, d’autant plus que des incertitudes persistent et rendent difficile l’évaluation des risques. Outre la difficulté d’obtenir les données disponibles en lien avec la surveillance des résidus de pesticides dans les aliments, des incertitudes liées au processus d’homologation actuel viennent supporter ce besoin de mieux documenter les risques sanitaires des pesticides. À ce titre, l’INSPQ invite le Gouvernement du Québec à rendre disponibles les données utiles à la surveillance, afin d’améliorer ses indicateurs de risques sanitaires.

Séparer le conseil phytosanitaire des intérêts commerciaux

Par ailleurs, l’INSPQ recommande de séparer le conseil phytosanitaire des intérêts commerciaux et encourager plus activement les pratiques de remplacement. En effet, les services-conseils agronomiques sont fortement associés à la vente de pesticides au Québec. Cette situation de conflit d’intérêts apparent et d’absence de neutralité a une influence sur la promotion de l’usage des pesticides. « Le développement d’une approche agricole durable, faisant appel davantage à des approches alternatives, devrait être envisagé comme solution à l’atteinte des objectifs de la Stratégie phytosanitaire québécoise en agriculture, poursuit monsieur Samuel. Cette stratégie est un socle intéressant qui vise une approche concertée. »

Mieux prévenir et gérer les risques d’exposition professionnelle

Finalement, l’INSPQ recommande une meilleure prévention et gestion des risques d’exposition professionnelle aux pesticides. La priorisation du secteur agricole par la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail aurait certainement des impacts positifs sur la mise en place de mécanismes de prévention de problèmes de santé qui sont pourtant évitables, comme le développement de la recherche, la formation des travailleurs et des employeurs d’exploitations agricoles ainsi que la reconnaissance de maladies professionnelles en lien avec l’exposition aux pesticides. Il s’avère également essentiel de revoir les concepts de travailleur et d’employeur dans la Loi sur la santé et la sécurité au travail du Québec, afin de protéger adéquatement la santé des personnes qui travaillent dans ces milieux.

« En dépit des efforts et de quelques innovations prometteuses, si l'on regarde la problématique dans une perspective de santé publique, il reste des pas très significatifs à franchir », de conclure Onil Samuel.

À propos de l’INSPQ

L’Institut national de santé publique du Québec est un centre d’expertise et de référence en matière de santé publique au Québec. Il soutient entre autres le ministre de la Santé et des Services sociaux du Québec, les autorités régionales de santé publique ainsi que les établissements dans l’exercice de leurs responsabilités, en rendant disponibles son expertise et ses services spécialisés de laboratoire et de dépistage. L’Institut propose des stratégies ainsi que des actions intersectorielles susceptibles d’améliorer l’état de santé et le bien-être de la population.

Une version PDF du mémoire est disponible à l’adresse suivante : www.inspq.qc.ca/publications/2572

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Pour information :

Nathalie Labonté, conseillère en communication
Institut national de santé publique du Québec
Tél. : 514 864-5185
[email protected]

24 septembre 2019