Avant-propos

Les professionnels du réseau de la santé publique (plus particulièrement les équipes de santé environnementale et de santé au travail) sont souvent appelés à émettre leur avis sur des rapports faisant état de résultats d’investigation de la contamination fongique dans les bâtiments. À cet égard, un des constats émis au cours des dernières années est que le contenu, la qualité et la rigueur de ces rapports sont très variables, rendant parfois difficile, voire impossible, une interprétation adéquate. C’est dans ce contexte qu’un groupe de travail a été mandaté par le comité sur l’air intérieur de la Table de concertation nationale en santé environnementale (TCNSE) pour rédiger un outil d’aide à l’interprétation de rapports d’investigation de la contamination fongique. Cet outil indique les informations que devraient contenir ces rapports ainsi que les aspects à prendre en considération afin de les interpréter de manière appropriée. Il s’adresse d’abord aux professionnels de santé publique, bien que certaines sections puissent également être utiles à d’autres secteurs potentiellement impliqués (ex. : habitation, municipal, scolaire, privé).

Même si ce document s’applique globalement à tout bâtiment (maison individuelle, immeuble à logements, école, garderie, édifice de bureaux, etc.), certains types représentent un contexte particulier pouvant faire exception. Pour les bâtiments industriels, par exemple, les bonnes pratiques décrites dans cet outil s’appliquent, à l’exception des parties du bâtiment où des procédés sont susceptibles d’émettre des contaminants microbiens dans l’air (ex. : usine de traitement des eaux usées). En ce qui concerne les hôpitaux, l’interprétation des résultats demeure la même que pour les autres milieux, à l’exception des zones sensibles où les mesures d’hygiène et de stérilité sont rehaussées (ex. : salles d’opérations ou chambres avec patients ayant un système immunitaire affaibli, tels que des patients greffés ou en soins intensifs) et lors de cas d’éclosions d’infections fongiques (ex. : aspergillose), où des particularités spécifiques doivent alors être considérées.

Les méthodes présentées dans cet outil sont celles jugées pertinentes dans le cadre d’une investigation de la contamination fongique. Ainsi, celles mises en œuvre pour évaluer la présence d’autres contaminants, utiles dans un contexte d’investigation de la qualité de l’air plus global (ex. : pour le formaldéhyde, le radon, le monoxyde de carbone, le dioxyde d’azote, etc.), n’y sont pas abordées. En raison des nombreuses difficultés que revêtent l’utilisation et l’interprétation des échantillonnages de l’air, les recommandations et constats émis s’appuient sur la position des organisations compétentes sur ce sujet et sur celle du groupe de travail.

Les références utilisées pour l’élaboration du présent outil proviennent d’organisations publiques nationales et internationales reconnues. Des articles scientifiques ont également été consultés de façon complémentaire pour documenter les aspects plus spécifiques (ex. : irrégularités thermiques). Il faut noter que son contenu s’appuie sur les connaissances actuelles dans le domaine de l’investigation fongique. Le lecteur doit donc tenir compte que celles-ci peuvent évoluer dans le temps, en particulier en ce qui a trait à l’échantillonnage environnemental.

Cet outil fournit des balises et des références afin de soutenir l’interprétation de rapports d’investigation fongique ainsi que la prise de décision qui en découle. Le lecteur doit toutefois considérer que chaque cas est unique et, qu’en complément aux informations fournies dans cet outil, le jugement professionnel a toujours une place prépondérante.