Trichloroéthylène dans l'eau souterraine à Shannon : commentaires sur le rapport intitulé Toxicologie reliée à la contamination de la trichloroéthylène (TCE) dans l'eau souterraine à Shannon

En juin 2009, le docteur François Desbiens, directeur régional de santé publique de l'Agence de la santé et des services sociaux de la Capitale-Nationale demandait à l'Institut national de santé publique du Québec une appréciation globale du rapport Toxicologie reliée à la contamination de trichloroéthylène (TCE) dans l'eau souterraine à Shannon, rédigé par monsieur Raymond Van Coillie, préparé pour le compte du Regroupement des citoyens de Shannon et déposé au palais de justice de Québec. Ce rapport présente une analyse du risque toxicologique relié aux concentrations de TCE retrouvées dans divers puits de la municipalité de Shannon ainsi qu'une analyse des cas de cancer rapportés chez les populations résidant dans deux secteurs de la ville de Shannon : un secteur où l'eau des puits était contaminée par le TCE et un secteur non contaminé.

En ce qui a trait à l'analyse du risque toxicologique, deux éléments principaux du rapport Van Coillie sont relevés comme présentant des faiblesses majeures, lesquels limitent de manière importante l'interprétation pouvant être faite des résultats présentés. Le premier concerne le traitement statistique des valeurs de concentrations de TCE dans l'eau des puits considérés. Ce traitement statistique n'est pas clairement décrit, mais semble mener à une surestimation de la valeur moyenne de concentration de TCE dans l'eau, et donc, du risque cancérigène et non cancérigène, en découlant. Le second a trait à une application erronée de la méthodologie suivie pour l'évaluation du risque cancérigène proprement dit. Cette erreur contribue à une surestimation du risque de cancer qui s'ajoute à la surestimation découlant de l'usage d'une concentration de TCE inadéquate, tel que décrit plus haut.

Concernant l'analyse des cas de cancer, la méthodologie utilisée dans le rapport Van Coillie a été analysée à l'aide des critères habituellement utilisés en recherche épidémiologique. Plusieurs faiblesses importantes ont été notées : la population à l'étude est mal définie, l'estimation de son exposition est très approximative, le recensement des cas de cancer est sujet à divers biais, les habitudes de vie (consommation d'eau, tabagisme, profession, etc.) des personnes étudiées ne sont pas considérées, et l'analyse statistique est déficiente. Il en ressort que les résultats présentés par monsieur Van Coillie ne permettent de tirer aucune conclusion quant au risque possible de cancer relié au TCE dans la municipalité de Shannon.

Auteur(-trice)s
Mathieu Valcke
Ph. D., conseiller scientifique spécialisé, Direction de la santé environnementale et de la toxicologie, Institut national de santé publique du Québec
Denis Belleville
Institut national de santé publique du Québec
Patrick Levallois
M. D., M. Sc. FRCPC, médecin spécialiste. Institut national de santé publique du Québec
Gaétan Carrier
Université de Montréal
Type de publication
ISBN (électronique)
978-2-550-59459-8
Notice Santécom
Date de publication