La consommation d'alcool ou de drogues illicites en fonction du statut tabagique chez les élèves québécois, 2008-2009

En raison des nombreux effets délétères leur étant associés, l’usage de substances psychoactives constitue une importante problématique de santé publique dans notre société. L’usage de tabac représente toujours la plus importante cause de mortalité évitable au Canada, 17 % de l’ensemble des décès enregistrés en 2002 lui étant attribuables. De plus, 17 % des années potentielles de vie perdues au Canada étaient dues au tabac, comparativement à 6 % pour l’alcool et 2 % pour les drogues illégales. Au Québec, pour la seule année 2002, la consommation de tabac et d’alcool avait généré des coûts directs (soins de santé, procédures judiciaires et autres) et indirects (perte de productivité) dépassant les sept milliards de dollars.

En dépit des différentes mesures mises en place afin de prévenir la consommation d’alcool et de tabac chez les jeunes Canadiens, une proportion considérable d’entre eux continuent à faire usage de ces substances avant l’âge légal de consommation. Selon les données de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC) de 2007-2008, 35 % des jeunes Canadiens âgés entre 12 et 17 ans et vivant dans les provinces autres que le Québec ainsi que 52 % des jeunes Québécois du même âge avaient bu de l’alcool au cours des 12 mois précédant l’enquête. En ce qui a trait à la consommation de tabac, 14 % des jeunes Canadiens hors Québec et 22 % des jeunes Québécois de 12 à 17 ans rapportaient avoir consommé au moins une cigarette complète au cours de leur vie.

Outre les substances psychoactives licites telles que l’alcool et le tabac, certaines drogues illicites sont également consommées par un nombre important de Canadiens et de Québécois. Parmi celles consommées en Amérique du Nord, le cannabis est de loin la plus communément utilisée par les adultes et les mineurs. Selon les données de l’Enquête sur les toxicomanies au Canada (ETC), 45 % des Canadiens de 15 ans et plus (70 % chez les 18-24 ans) indiquaient avoir consommé du cannabis au cours de leur vie, alors que 14 % d’entre eux rapportaient en avoir fait usage à au moins une reprise au cours des 12 mois précédant l’enquête (30 % chez les 15- 17 ans)[6]. Au Québec, le taux de consommation de cannabis à vie était de 46 %, alors qu'il se situait à 16 % pour les 12 derniers mois.

Comme précisé dans un document de synthèse de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) portant sur les conséquences et facteurs associés à l’usage de substances psychoactives chez les jeunes, plusieurs problèmes physiologiques, psychologiques et sociaux peuvent découler de la consommation de ces substances. Parmi les problèmes relevés, mentionnons notamment les retards développementaux sur le plan cérébral, le développement de troubles mentaux ou l’exacerbation de troubles préexistants, les méfaits liés à la conduite automobile avec les facultés affaiblies, ainsi que les difficultés scolaires et le décrochage, particulièrement dans le cas de l’usage de cannabis régulier et prolongé. Des études ont également démontré que le fait de consommer plusieurs substances psychoactives, ou de faire un usage excessif d’alcool, augmente les risques de survenue de problèmes académiques, de comportements sexuels à risque, ainsi que de blessures et de décès reliés à des accidents de la route ou à des actes criminels violents. En outre, l’initiation à l’usage de substances psychoactives à un jeune âge est reliée à l’usage ultérieur et au développement de problèmes de santé à l’âge adulte.

Pour de multiples raisons, il s’avère important d’évaluer la prévalence de l’usage conjoint de tabac et d’autres substances psychoactives chez les jeunes. Premièrement, les habitudes de consommation de substances psychoactives chez les jeunes peuvent préfigurer certaines tendances futures au sein de la population générale. Deuxièmement, les taux de prévalence observés (en particulier ceux ayant trait à la consommation au cours du dernier mois ou de la dernière année) permettent d’identifier, en fonction du statut tabagique ou du niveau scolaire, les groupes d’élèves les plus touchés par la consommation de substances psychoactives. Troisièmement, la consommation de certaines substances psychoactives telles que le tabac, l’alcool ou le cannabis pourrait être rattachée au développement ultérieur de la consommation d’autres drogues ou de comportements problématiques pour la santé (comportement violent, pratiques sexuelles à risque, etc.). Cette hypothèse, connue sous le nom de « drogue de passage » (gateway drug) a été étudiée dans le domaine du tabac, ce dernier étant soupçonné d’induire ou de faciliter la consommation subséquente de cannabis. L’effet inverse est également possible, à savoir que la consommation de cannabis pourrait conduire à l’usage ultérieur de produits du tabac[. La consommation d’alcool, pour sa part, semble précéder celle de tabac ou de cannabis. D’autres hypothèses ont également été mises de l’avant afin d’expliquer la consommation de substances psychoactives, comme celle du modèle du « handicap commun » (Common liability model) – qui pose l’existence de vulnérabilités génétiques ou individuelles à plusieurs drogues –, et ont été partiellement validées.

L’objectif principal de cette publication consiste à décrire la prévalence de la consommation de substances psychoactives autres que le tabac (alcool, excès d’alcool, cannabis, et autres drogues illicites) chez les élèves du secondaire au Québec et à la comparer à celle obtenue dans l’ensemble des autres provinces canadiennes. Les données sont examinées en fonction du statut tabagique des élèves étant donné que de récents résultats d’étude rapportent que les fumeurs sont plus susceptibles que les non-fumeurs de consommer d’autres substances psychoactives ou de faire une consommation excessive d’alcool[16]. L’information présentée provient d’estimations et de comparaisons des taux de consommation d’alcool (et excès d’alcool), de cannabis et d’autres substances psychoactives au cours des 12 mois précédents chez les élèves du secondaire au Québec et dans le reste du Canada. Cette démarche ouvre la porte dans un deuxième temps à la formulation de pistes de réflexion sur les stratégies d’intervention visant à prévenir la consommation de psychotropes chez les élèves québécois.

ISBN (électronique)
978-2-550-64657-0
ISBN (imprimé)
978-2-550-64656-3
ISSN (électronique)
1922-2475
ISSN (imprimé)
1922-2459
Notice Santécom
Date de publication