Tendances de l'incidence des mésothéliomes au Québec et au Canada de 1984 à 2007 et projections de 2008 à 2032

Ce projet est une mise à jour des résultats d'études antérieures décrivant l'épidémiologie des mésothéliomes au Québec et au Canada de 1982 à 1996, puis au Québec de 1982 à 2002. Il s'inscrit dans le mandat de surveillance des expositions à l'amiante et des maladies qui y sont reliées confié à l'Institut national de santé publique du Québec par le ministère de la Santé et des Services sociaux.

Les objectifs de ce travail sont : 1) de décrire les taux des mésothéliomes de la plèvre et du péritoine au Québec selon le sexe, l'âge et la cohorte de naissance; 2) de les comparer aux taux du Canada excluant le Québec; 3) de décrire les tendances temporelles de ces maladies; et, 4) de projeter les taux de mésothéliome observés de 1984 à 2007 vers les années 2008 à 2032.

Les données d'incidence des mésothéliomes de 1984 à 2007 proviennent du Registre canadien du cancer. Les taux d'incidence ont été standardisés selon la structure d'âge de la population du Québec en 1996. Des rapports de taux standardisés ont été calculés pour comparer les taux des mésothéliomes selon le sexe, entre le Québec et le Canada. Une analyse par régression de Poisson a permis d'évaluer la variation annuelle des taux d'incidence et l'évolution de la structure d'âge des taux pendant les deux sous périodes de l'étude (1984 à 1995 et 1996 à 2007). Des modèles de régression de Poisson ont aussi été utilisés pour estimer les effets de l'âge et des cohortes de naissance ainsi que les taux d'incidence entre 2008 et 2032.

De 1984 à 2007, au Québec, 2 011 nouveaux cas de mésothéliome de la plèvre (1 607 hommes et 404 femmes) ont été diagnostiqués. Les taux d'incidence standardisés pour l'âge étaient respectivement, chez les hommes et chez les femmes, 2,12 et 0,42 par 100 000 personnes-années. Durant la même période, 206 nouveaux cas de mésothéliome du péritoine (123 hommes et 83 femmes) ont été diagnostiqués, pour des taux d'incidence respectifs de 0,15 et de 0,09 par 100 000 personnes-années.

Durant toute la période d'étude, les taux de mésothéliome de la plèvre étaient significativement plus élevés chez les hommes (1,45 fois) et les femmes (deux fois) du Québec que chez les hommes et les femmes du Canada. Les taux de mésothéliome du péritoine étaient, quant à eux, 1,36 fois plus élevés au Québec qu'au Canada, quel que soit le sexe.

De 1984 à 2007, les taux de mésothéliome de la plèvre ajustés pour l'âge ont augmenté significativement en moyenne de 2,71 % par année chez les hommes du Québec et de 2,60 % chez les Québécoises. Le rythme relatif de croissance de l'incidence du mésothéliome de la plèvre a ralenti vers la fin de la période d'observation (de 1996 à 2007). Pour évaluer les tendances sous-jacentes, les effets d'âge et de cohorte de naissance ont été examinés chez les hommes du Québec. Les taux d'incidence du mésothéliome de la plèvre ont diminué chez les hommes de 40 à 49 ans, entre 1996 et 2007, ce qui pourrait augurer un renversement de tendance de l'incidence de ce cancer dans cette population.

L'analyse âge-cohorte montre plus spécifiquement qu'à âge égal, les taux d'incidence ont atteint un sommet dans la cohorte de naissance de 1940 à 1949 et qu'ils auraient chuté de presque la moitié dans la cohorte subséquente née entre 1950 et 1959. Les taux auraient diminué encore de moitié dans la cohorte de naissance de 1960 à 1969 relativement à la cohorte de 1950 à 1959.

Selon les projections effectuées à partir du modèle âge-cohorte, les taux d'incidence du mésothéliome de la plèvre chez les hommes du Québec devraient atteindre un sommet approchant 2,74 cas par 100 000 personnes-années entre 2008 et 2012 et ils devraient diminuer par la suite.

Chez les hommes du Canada, on a observé des tendances semblables : une augmentation des taux d'incidence du mésothéliome de la plèvre de 2 % par année en moyenne sur l'ensemble de la période, un ralentissement de la croissance au cours de la deuxième période de l'étude (de 1996 à 2007) ainsi qu'une diminution des taux dans les cohortes de naissance plus récentes. Les taux d'incidence devraient plafonner entre 2008 et 2012, comme au Québec, mais avec un sommet moins élevé, approchant 1,73 cas par 100 000 personnes-années.

La mise à jour périodique de ces analyses est préconisée au fur et à mesure de la disponibilité de nouvelles données sur l'incidence des mésothéliomes afin de vérifier l'évolution de cette maladie.

Auteur(-trice)s
Louise De Guire
M.D., Institut national de santé publique du Québec
ISBN (électronique)
978-2-550-68999-7
ISBN (imprimé)
978-2-550-68998-0
Notice Santécom
Date de publication