Risques pour la santé associés à l’épandage de biosolides municipaux sur des terres agricoles

Les biosolides municipaux sont des boues issues du traitement des eaux usées municipales qui ont fait l’objet de traitement de réduction des agents pathogènes. Leurs propriétés fertilisantes rendent intéressant leur recyclage sur les terres agricoles, et leur valorisation constitue une avenue à ne pas négliger d’un point de vue environnemental et économique. En contrepartie, cette pratique soulève des préoccupations sanitaires, puisque les biosolides peuvent contenir des contaminants chimiques et des agents pathogènes, lesquels pourraient représenter un risque pour la santé des populations riveraines de lieux d’épandage.

Le présent avis scientifique fait état des connaissances issues de la littérature scientifique et de la littérature grise relativement aux risques pour la santé de la population potentiellement associés à l’épandage des biosolides municipaux sur des terres agricoles. Plus particulièrement, les publications réalisées selon les approches d’épidémiologie et d’évaluation des risques toxicologiques ont été visées lors de cette recension. Des pistes d’action sont aussi proposées afin d’assurer le maintien des usages sécuritaires des biosolides municipaux.

  • L’analyse des publications et des facteurs contribuant aux risques infectieux et chimiques potentiels révèle que ces derniers sont généralement négligeables lorsque de bonnes pratiques de gestion sont mises en place. Les quelques résultats préoccupants dans la littérature sont observés pour des scénarios d’expositions peu probables dans le contexte du cadre réglementaire québécois. La mise en œuvre de bonnes pratiques de gestion à la ferme et le respect du cadre réglementaire actuel pour les activités d’épandage au Québec permettraient, avec un bon niveau de certitude, de maintenir l’utilisation sécuritaire des biosolides pour la fertilisation agricole.
  • La qualité des biosolides et les obligations québécoises en matière de distances sécuritaires à respecter pour protéger les sources d’eau et les populations ainsi que les délais prescrits pour le retour à des activités agricoles sur le site traité permettraient, avec une assez grande certitude, de respecter les niveaux de risque pour la santé jugés acceptables par les autorités de santé publique.
  • La comparaison sommaire des risques associés à l’épandage des biosolides municipaux avec ceux des fumiers ou des lisiers montre que l’utilisation des fumiers comme fertilisants présente certains risques de contamination microbiologique de l’eau de consommation ou des sources d’eau employées pour irriguer les cultures végétales. Puisque les fumiers ne sont pas traités, il importe de s’assurer, au même titre que pour les biosolides, que l’encadrement réglementaire et les pratiques de gestion recommandées pour l’utilisation de ces engrais de ferme soient respectés. Étant donné qu’on y retrouve des antibiotiques en plus grande quantité que dans les biosolides municipaux, la contribution des fumiers à la dissémination de l’antibiorésistance peut être beaucoup plus importante.

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Auteur(-trice)s
Onil Samuel
B. Sc., expert et conseiller scientifique, Institut national de santé publique du Québec
Michelle Gagné
M. Sc., conseillère scientifique, Institut national de santé publique du Québec
Marie-Hélène Bourgault
M. Sc., conseillère scientifique, Institut national de santé publique du Québec
Pierre Chevalier
Ph. D., conseiller scientifique, Institut national de santé publique du Québec
Louis St-Laurent
M. Sc., conseiller scientifique, Institut national de santé publique du Québec
Mathieu Valcke
Ph. D., conseiller scientifique spécialisé, Direction de la santé environnementale et de la toxicologie, Institut national de santé publique du Québec
Type de publication
ISBN (électronique)
978-2-550-75895-2
ISBN (imprimé)
978-2-550-75894-5
Notice Santécom
Date de publication