Gestion des risques associés à la présence de la bactérie Legionella spp. dans les réseaux d’eau des centres hospitaliers au Québec

En mai 2013, le directeur de santé publique de l’Agence de la santé et des services sociaux (ASSS) de la Mauricie-et-du Centre-du-Québec a demandé à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) un avis sur la gestion de la présence de la bactérie Legionella spp. dans les réseaux d’eau potable des hôpitaux. Il n’existe actuellement aucune ligne directrice ni réglementation au Québec ou au Canada quant à la présence et au suivi de cette bactérie dans les réseaux d’eau potable, ainsi qu’à l'interprétation des résultats lorsqu’elle est détectée.

Dans ce contexte, le présent avis vise à fournir à l’ensemble des centres hospitaliers du Québec un document servant à orienter la surveillance, la prévention et le contrôle de Legionella spp. afin de prévenir les cas de légionellose nosocomiale reliés à la contamination dans les réseaux d’eau des centres hospitaliers.

Legionella spp. est une bactérie présente dans différents types écosystèmes naturels, mais particulièrement apte à coloniser divers systèmes artificiels et industriels, comme les tours de refroidissement à l’eau, les systèmes de distribution d’eau potable, les fontaines décoratives, les nébuliseurs commerciaux et, plus spécifiquement en milieu hospitalier, les appareils de thérapie respiratoire utilisant de l’eau ainsi que les tubes nasogastriques. Cette bactérie peut être responsable d’une infection d’allure grippale (la fièvre de Pontiac) généralement bénigne. Elle peut aussi causer une infection pulmonaire grave, la maladie du légionnaire ou légionellose, pouvant mener au décès. La létalité de cette dernière varie généralement entre 10 à 15 %, mais peut atteindre 80 % chez des personnes à haut risque, comme celles ayant un système immunitaire compromis.

Compte tenu de l’importance sanitaire attribuée à la légionellose depuis quelques décennies, de la survenue d’éclosions importantes en milieu hospitalier ainsi que dans la communauté et de sa capacité de colonisation des réseaux d’eau, des mesures spécifiques doivent être prises pour contrer la propagation et la transmission de cette bactérie.

Les recommandations de ce document portent sur cinq axes principaux :

  1. Les mesures administratives et structurelles :
    • Préparation d’un plan d’évaluation et de gestion du risque infectieux en lien avec l’eau potable. À cet effet, les services techniques devraient travailler en collaboration continue avec le comité de la prévention et du contrôle des infections (PCI). Un lien étroit entre ces deux équipes doit donc être institué.
    • Mise en place d’un canal de communication préférentiel entre les membres des services techniques et du comité PCI en période de risque accru (par exemple, lors de périodes de construction et de rénovation dans le bâtiment ou lors d’un avis d’ébullition de l’eau potable par la municipalité).
  2. Les mesures d’ingénierie/maîtrise de l’hydraulique du réseau de distribution de l’eau :
    • Maintien d’une température adéquate dans le réseau de distribution d’eau puisque ceci est actuellement la méthode de choix pour assurer un contrôle adéquat de la Legionella spp.
  3. Les mesures cliniques :
    • Maintien d’une vigilance clinique rehaussée dans les unités ayant des patients à risque.
  4. La surveillance de la maladie :
    • Surveillance passive basée sur une suspicion clinique élevée.
  5. Mesures de gestion et investigation des éclosions de légionellose nosocomiale :
    • Consultation du Guide d’intervention – La légionellose (Édition 2015), (MSSS, 2015).
Auteur(-trice)s
Pierre Chevalier
Ph. D., conseiller scientifique, Institut national de santé publique du Québec
Type de publication
ISBN (électronique)
978-2-550-76400-7
Notice Santécom
Date de publication