Analyse des impacts des vagues régionales de chaleur extrême sur la santé au Québec de 2010 à 2015

Une vague régionale de chaleur extrême est définie comme une période d’au minimum 3 jours consécutifs, pendant lesquels les moyennes mobiles des températures maximales et minimales, observées aux stations météorologiques de référence par région sociosanitaire, atteignent les seuils de chaleur extrême définis. Aux fins d’analyse statistique, la période d’analyse est définie comme la période de vague de chaleur extrême, à laquelle sont ajoutés 3 jours consécutifs.

Les impacts des vagues régionales de chaleur sur la santé sont principalement estimés en utilisant les données des décès, toutes causes confondues. Les données d’hospitalisations, de transports ambulanciers et d’admissions à l’urgence sont aussi utilisées.

Pour estimer l’impact des vagues régionales de chaleur extrême sur la santé, les taux de décès, d’hospitalisations, de transports ambulanciers et d’admissions à l’urgence observés pendant une période d’analyse sont comparés aux taux observés pendant la période de comparaison. Une période de comparaison correspond aux mêmes jours de la semaine que la période d’analyse, pendant les 5 années précédant la vague régionale de chaleur étudiée. Une période de comparaison ne doit pas comporter de vague régionale de chaleur extrême.

De 2010 à 2015, la saison estivale 2010 est celle pendant laquelle le plus grand nombre de vagues régionales de chaleur extrême a été observé au Québec. Ainsi, en juillet 2010, les taux de décès pendant la vague de chaleur sont significativement plus élevés que pendant la période de comparaison dans 6 régions sociosanitaires. La plus forte intensité des vagues régionales de chaleur extrême de la saison estivale de 2010 pourrait expliquer ces impacts significatifs. Dans une seule autre vague régionale de chaleur extrême, en 2011, un impact statistiquement significatif pour les décès est observé (dans la région de Montréal). De 2012 à 2015, aucun impact statistiquement significatif pour les décès n’a été observé lors des vagues régionales de chaleur extrême observées.

Les impacts sur la santé ont aussi été estimés à partir de 3 indicateurs de morbidité : les hospitalisations, les admissions à l’urgence et les transports ambulanciers. L’analyse de ces trois derniers indicateurs confirme l’impact significatif dans le système de soins et de services des vagues régionales de chaleur extrême, principalement en 2010.

En somme, l’application d’une méthodologie statistique uniformisée sur l’ensemble de la période 2010-2015 et l’utilisation de ces 4 indicateurs de santé permettent de confirmer l’importance des impacts sur la santé qu’a impliquée la vague de chaleur qui a balayé le Québec à l’été 2010. Cette réanalyse des données a été l’occasion de développer une nouvelle représentation graphique des résultats, ainsi qu’une première mesure de l’intensité des vagues régionales de chaleur. L’analyse des hospitalisations avec un diagnostic relié à la chaleur constitue aussi une nouvelle indication des impacts des vagues de chaleur extrême sur la santé.

En conclusion, de 2010 à 2015, le nombre annuel de vagues de chaleur régionales demeure faible et il n’est pas possible de statuer concernant l’évolution des impacts sur la santé. Les admissions à l’urgence et les transports ambulanciers semblent des indicateurs précoces des impacts sur la santé mesurés par les décès. Ainsi, ces 2 indicateurs pourraient être utilisés en surveillance syndromique. Cependant, des travaux complémentaires sont requis à ce sujet.

Auteur(-trice)s
Germain Lebel
M. A., M. Sc., conseiller scientifique, Direction de la santé environnementale et de la toxicologie
Ray Bustinza
M. Sc., conseiller scientifique, Institut national de santé publique du Québec
Marjolaine Dubé
B. Sc., conseillère scientifique, Direction de la santé environnementale et de la toxicologie
Sujet(s)
Chaleur extrême
ISBN (électronique)
978-2-550-77656-7
Notice Santécom
Date de publication