Interventions et mesures pour réduire l’exposition des populations défavorisées sur le plan socioéconomique à la fumée de tabac dans leur domicile

Les effets d'une exposition à  la fumée de tabac sur la santé sont indiscutables et ont mené, au Québec, à  l'adoption de lois restrictives interdisant de faire usage du tabac dans divers lieux publics et de travail de même que dans de nombreux environnements fréquentés par les jeunes. Toutefois, à  l'exception des aires communes des immeubles de deux logements ou plus, ces restrictions ne touchent pas les domiciles. Or, au Québec, en 2013-2014, les jeunes non-fumeurs de milieux défavorisés sur le plan socioéconomique étaient exposés à  la fumée de tabac dans leur domicile de manière quotidienne ou quasi quotidienne en plus grande proportion que les jeunes non-fumeurs issus de milieux favorisés. Cette synthèse des connaissances a donc été entreprise pour identifier les mesures et interventions susceptibles de réduire les inégalités en matière d'exposition à  la fumée de tabac.

À ce jour, quelques études seulement ont évalué des interventions pour diminuer l'exposition des populations défavorisées à  la fumée de tabac dans leur domicile :

  • Une intervention auprès de parents, non motivés à  cesser de fumer au départ, comprenant un soutien au renoncement au tabac à  domicile, une offre gratuite de produits de remplacement de la nicotine et une rétroaction sur les taux de particules fines mesurés dans le domicile, fut appréciée des parents et serait efficace à  protéger de la fumée de tabac de jeunes enfants issus de milieux défavorisés.
  • L'implantation d'une politique visant à  rendre des immeubles résidentiels complètement sans fumée serait une mesure efficace pour réduire l'exposition à  la fumée de tabac de résidents non-fumeurs défavorisés sur le plan socioéconomique.
  • Selon une étude menée au Royaume-Uni, des campagnes médiatiques télévisées ayant porté spécifiquement sur la fumée de tabac secondaire auraient entraîné une hausse de domiciles sans fumée un mois plus tard, mais cet effet se serait rapidement estompé; aucune différence d'effets n'a été observée selon le niveau socioéconomique.

Les études qualitatives et descriptives analysées apportent un éclairage intéressant sur le point de vue des fumeurs défavorisés. Ceux-ci sont conscients des risques de l'exposition à  la fumée de tabac, ils veulent protéger les personnes de leur entourage, mais ils font face à  des barrières importantes et des contextes de vie difficiles.

L'examen de la littérature scientifique recensée et des recommandations de grands organismes de santé publique suggère que la mise en place de certaines mesures et interventions aurait avantage à  être considérée pour le Québec :

  • Tenir compte des contextes de vie des personnes de milieux défavorisés dans le développement d'interventions et de mesures visant à  protéger les non-fumeurs des effets d'une exposition à  fumée de tabac dans le domicile.
  • Rendre accessibles, dans toutes les régions du Québec, un nombre suffisant d'immeubles résidentiels sans fumée pour répondre à  la demande des résidents souhaitant demeurer dans des environnements complètement sans fumée.
  • Intensifier l'offre de services de proximité aux fumeurs de milieux défavorisés qui souhaiteraient renoncer au tabac ou s'abstenir de fumer dans leur domicile, que ce soit ceux faisant usage du tabac et demeurant dans des immeubles résidentiels en voie de devenir sans fumée ou ceux recevant des soins à  domicile.
  •   Réaliser des campagnes médiatiques sur la fumée secondaire de façon régulière et soutenue à  l'aide de messages évalués auprès des personnes défavorisées qui font usage du tabac.
Interventions et mesures pour réduire l’exposition des populations défavorisées sur  le plan socioéconomique à la fumée de tabac dans leur domicile
Auteur(-trice)s
Annie Montreuil
Ph. D., chercheuse établissement, Institut national de santé publique du Québec
Type de publication
ISBN (électronique)
978-2-550-83827-2
Notice Santécom
Date de publication