Inégalités de santé et intersectionnalité

L’intersectionnalité est une façon de réfléchir et d’agir en matière d’inégalités sociales et de discrimination. Il s’agit d’une approche prometteuse pour traiter de ces questions dans le cadre des politiques publiques et de la santé publique. Cette note documentaire explique brièvement l’intersectionnalité et se penche sur le potentiel d’une telle approche pour réduire les inégalités de santé1.

Le fait que la position sociale2 de certains groupes et de certaines personnes influe considérablement sur la santé est reconnu depuis longtemps par le domaine de la santé publique. Quand les états de santé sont comparés selon le revenu, le sexe, la race ou l’éducation, pour ne nommer que ces critères, il devient évident que ces derniers jouent des rôles clés pour déterminer l’état de santé. Les taux de plusieurs maladies, par exemple, sont plus élevés chez les gens vivant dans la pauvreté, et ces derniers meurent plus jeunes que les personnes mieux nanties. Au Canada, les groupes racialisés sont également en moins bonne santé que les personnes de race blanche, et l’état de santé des femmes est souvent moins reluisant que celui des hommes. L’accès aux soins de santé comporte souvent des obstacles considérables pour les personnes lesbiennes, gaies, bisexuelles et transgenres (LGBT), en particulier les jeunes, qui ont des taux d’itinérance et de suicide significativement plus élevés (Mulé et al., 2009).

Au cours des dernières années, la réduction des inégalités de santé est devenue une importante préoccupation pour la santé publique, tant dans la littérature que dans la pratique. Ces inégalités sont liées à des inégalités sociales plus globales, qui se font sentir à tous les paliers de la société canadienne. Bien que des progrès aient été faits au cours des décennies, il est toujours nécessaire de s’attarder aux meilleures façons d’aborder l’inégalité. L’intersectionnalité est une approche qui attire notre attention sur les façons dont les positions sociales interagissent entre elles et créent des privilèges et des facteurs de défavorisation pour les groupes et les individus. Elle nous aide aussi à voir comment ces situations touchent aux politiques sociales ainsi qu’aux structures sociales et sont façonnées par celles-ci. La poursuite de ces travaux en santé publique favorisera notre compréhension critique des inégalités sociales et nous aidera à trouver des moyens de les atténuer.


  1. Le gouvernement canadien définit ces inégalités comme « les différences de l’état de santé de divers groupes ou personnes de la société. Elles peuvent provenir de facteurs génétiques et biologiques, des choix effectués ou du hasard, mais ces inégalités sont souvent liées à un accès inégal aux principaux facteurs qui influent sur la santé comme le revenu, le niveau de scolarité, l’emploi et les soutiens sociaux » (Gouvernement du Canada, 2008, p. 5).
  2. L’expression « positionnement social » ou « position sociale » est utilisée pour refléter l’idée que bien que chacun de nous occupe une place particulière dans le monde, cette place est déterminée par notre relation avec le milieu social dans lequel nous évoluons. Autrement dit, notre place dans la société dépend de notre place au sein des structures sociales auxquelles nous appartenons, qui la modifient et la façonnent. Bien que principalement déterminée par les structures d’inégalités inhérentes à un système social, la place dans la société est, en outre, souvent ressentie par les individus comme une identité profonde lorsqu’ils négocient leur situation dans un milieu social.
Inégalités de santé et intersectionnalité
Auteur(-trice)s
Type de publication
ISBN (électronique)
978-2-550-88230-5
Notice Santécom
Date de publication