Dissémination des guides de pratiques chez les médecins

Ce document vise à jeter un éclairage sur les guides de pratiques, sur leur élaboration et leur application et faisait suite à l’examen détaillé de la littérature publiée sur toutes les questions rattachées à la dissémination des guides de pratiques cliniques chez les médecins et sur leur utilisation éventuelle. Voici en résumé les points saillants du document.

Les guides de pratiques cliniques, définis comme des « énoncés formulés de façon systématique pour aider les praticiens et les patients à déterminer les soins à appliquer pour une pathologie clinique particulière », font l’objet de beaucoup d’attention depuis dix ans. Leur application devrait améliorer la qualité des soins en diminuant les écarts de traitement et en accélérant l’implantation des progrès scientifiques et technologiques dans la pratique quotidienne. De façon générale, l’élaboration des guides de pratiques s’est intensifiée sensiblement depuis le milieu des années 1980. Le mouvement visant à promouvoir l’établissement et la dissémination des guides de pratiques cliniques prend en partie son origine dans la nécessité de limiter les écarts de pratique dans le système de soins de santé aux États-Unis et est clairement relié au phénomène de la médecine basée sur des évidences scientifiques.

L’augmentation du nombre de guides de pratiques cliniques publiés dans divers pays stimule la discussion sur leur importance. Des rapports critiquant la validité des essais randomisés, des méta-analyses, des études de tests diagnostiques et des évaluations économiques ont mis les chercheurs au défi d’améliorer la conduite de leurs travaux et ont incité les lecteurs à les interpréter avec prudence. Même si les données de recherche ne se transposent pas simplement et automatiquement de la littérature à la pratique clinique courante, il n’est pas toujours facile d’accepter que ce problème résiste à toute solution simple. L’hypothèse traditionnelle de la formation continue – voulant que, par conscience professionnelle, les praticiens se « tiennent au courant en lisant la littérature » – est depuis longtemps devenue indéfendable. Ce constat est source de frustration pour les organisations qui financent les efforts d’amélioration de la qualité, pour les cliniciens désireux d’améliorer leurs pratiques et pour les décideurs politiques, les administrateurs, les dirigeants du domaine des soins intégrés, les responsables de l’assurance de la qualité, ceux qui s’intéressent aux politiques en matière de santé, les chercheurs dans cette discipline. C’est pourquoi la dissémination des guides de pratiques demeure un sujet de recherche important et exploitable.

La dissémination se définit comme « la communication d’information pour permettre aux cliniciens de parfaire leurs connaissances ou leurs compétences. » Ce processus actif, par opposition à la diffusion, cible des groupes de cliniciens précis. De prime abord, cette définition peut sembler simple et élégante, mais son application exige un certain effort. À partir de cette définition, les théories et les modèles proposés pour changer le comportement des cliniciens en vue d’améliorer leurs connaissances et leurs compétences ont évolué au fil des décennies.

En 1997, Richard Grol a publié un survol des approches et des stratégies utilisées pour assurer la dissémination dans le British Medical Journal. Ce document a permis de mettre en évidence l’évolution de la pratique clinique. En 1999, Moulding, après avoir analysé plusieurs revues systématiques des données relatives à l’adoption des guides de pratiques cliniques, a dégagé 8 notions théoriques fondamentales qui permettent d’en promouvoir l’adoption et d’en assurer le maintien. Ces notions clés sont extraites des théories de Grol. La théorie sociocomportementale a permis d’approfondir la compréhension de l’interrelation des facteurs qui poussent les praticiens à utiliser les guides de pratiques, et contribue à expliquer pourquoi certaines stratégies de dissémination et d’application sont plus efficaces que d’autres. Moulding a repris ces notions afin de créer un cadre conceptuel visant à améliorer l’efficacité de ces stratégies. Solberg a poussé plus avant la réflexion et a conclu que les efforts d’application doivent s’appuyer sur des stratégies multiples qui tiennent compte de divers éléments qui relèvent du guide de pratiques, de l’organisation de la pratique et de l’environnement externe.

En 1999, Cabana s’est intéressé aux obstacles liés à l’adoption des guides de pratiques chez les médecins. Il a raffiné les théories, les modèles et les cadres mentionnés précédemment pour recueillir des données utiles aux promoteurs de guides de pratiques, aux directeurs et aux chercheurs des services de soins de santé afin d’élaborer des interventions efficaces en vue de changer la pratique des médecins. Chaque obstacle a sa propre importance dans l’élaboration d’interventions pratiques. Il doit être analysé pour arriver à l’élaboration de guides de pratiques qui tiennent compte de la réalité des médecins de 1re ligne.

En général, les tentatives entreprises pour changer la pratique clinique ne réussissent que si elles tiennent compte du milieu dans lequel évoluent les cliniciens et qu’elles s’y intègrent concrètement. Dans la réalité, la prise de décisions cliniques est un processus complexe, souvent conflictuel et changeant, dans lequel l’interaction entre le clinicien et le patient constitue l’élément le plus simple et le moins contradictoire. Il existe toute une panoplie de stratégies pour faire connaître les guides de pratiques aux médecins, afin d’en promouvoir l’adoption et de susciter le changement. Depuis dix ans, plusieurs revues de littérature, comportant des centaines, voire des milliers d’études, incluant des essais cliniques randomisés et des méta-analyses, ont étudié ces stratégies. Le tableau de la page suivante résume ces stratégies.

ISBN (imprimé)
2-550-38275-7
Notice Santécom
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