Ampleur

Il n’y a pas de mesure étalon de la maltraitance, ce qui complique la comparaison des résultats entre les diverses études. Ce manque découle d’abord de l’absence d’une définition universelle de la maltraitance, mais aussi d’un défaut de mesures validées pour chacune de ses formes et types. Dans une méta-analyse basée sur des études publiées à travers le monde, Yon et ses collaborateurs ont trouvé que le taux de maltraitance global envers les personnes aînées vivant dans la communauté serait de 15,7 % durant les 12 mois précédant la collecte de données, soit une personne aînée sur six. Parmi les répondants, 11,6 % auraient subi de la maltraitance psychologique, 6,8 % de la maltraitance financière, 4,2 % de la négligence, 2,6 % de la maltraitance physique et 0,9 % de la maltraitance sexuelle [25]. Ces données ont quelque peu ébranlé la communauté de chercheurs internationaux dans le domaine, du moins ceux des pays dits développés qui rapportaient des taux globaux nettement inférieurs à 10 %.

Au Canada, l’étude de Podnieks et ses collaborateurs a identifié un taux de prévalence de maltraitance de 4 %3 [26], et l’Enquête sociale générale [27] rapporte un taux de 7 % durant les 5 ans précédant l’étude. L’étude de McDonald rapporte quant à elle un taux de 8,2 % au cours des 12 mois précédant l’étude [28]. Aucune étude n’a porté spécifiquement sur le Québec, mais le PAM-2 annonce la tenue prochaine d’une étude de prévalence de la maltraitance [8], ce qui permettra de quantifier pour une première fois l’ampleur du problème.

Aucune donnée fiable n’a été produite sur l’ampleur de la maltraitance envers les personnes aînées dans les milieux d’hébergement ou de soins de longue durée. Une analyse de 69 études publiées sur ce sujet a identifié de nombreux problèmes méthodologiques : taille des échantillons, choix des participants, non-considération des facteurs structuraux, etc. [29]. Les auteurs ont suggéré la tenue d’un projet pilote pour développer des mesures fiables. Des Européens ont suggéré la tenue obligatoire d’un registre des situations de maltraitance en institution [30], ce qui n’est pas sans poser des défis méthodologiques et cliniques de taille.

  1. Dans cette étude, la prévalence fut mesurée différemment pour chaque type de maltraitance. Par exemple, la négligence fut mesurée au cours des 12 derniers mois, alors que l’exploitation financière fut mesurée depuis que le répondant a atteint l’âge de 65 ans.