Veille scientifique en santé des Autochtones, juin 2021

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Résumés d’articles

Inégalités sociales de santé

Le bien-être social et émotionnel des jeunes autochtones issus de la diversité sexuelle et de genre : cartographie des données probantes

Soldatic, K., Briskman, L., Trewlynn, W., Leha, J., et Spurway, K. (2021). Social and emotional wellbeing of indigenous gender and sexuality diverse youth: mapping the evidence. Culture, Health & Sexuality, 117.

Contexte

Peu d’études ont exploré le bien-être social et émotionnel des jeunes autochtones s’identifiant à la diversité sexuelle et de genre (c.-à-d., homosexuels, bisexuels, trans, allosexuels, non binaires, intersexués, asexuels, bispirituels, etc.). Pourtant, les jeunes autochtones issus de la diversité sexuelle et de genre présentent des expériences, des vulnérabilités et des besoins différents des autres jeunes autochtones. Ces spécificités s’inscrivent dans un contexte de trauma historique lié au colonialisme et à l’imposition de valeurs religieuses et hétéronormatives, au détriment des valeurs de respect de la diversité sexuelle et de genre de plusieurs populations autochtones dans le monde.

Objectifs

Cet examen de la portée visait à :

  • décrire les données existantes sur le bien-être social et émotionnel des jeunes autochtones de 14 à 25 ans faisant partie de la diversité sexuelle et de genre dans le monde;
  • déterminer les forces, les faiblesses, les manquements et les tendances dans la littérature sur ce sujet.

Méthodologie et données

Une recherche documentaire dans quatre moteurs de recherche reconnus en sciences sociales, ProQuest, Informit, JSTOR et Scopus, a mené à la sélection de douze articles scientifiques présentant des données probantes. Les études sélectionnées provenaient majoritairement du Canada, des États-Unis et de l’Australie. La majorité avait été publiée après 2010 (9 sur 12). L’analyse des résultats par une approche narrative a permis de faire ressortir les principaux thèmes couverts par ces études.

Qu’est-ce qu’on y apprend?

  • Plusieurs études soulèvent que les systèmes coloniaux auraient produit des environnements caractérisés par la marginalisation des jeunes autochtones issus de la diversité sexuelle et de genre. Ces derniers rapportent plus souvent des expériences de violence, comparativement aux jeunes hétérosexuels et cisgenres (c.-à-d., dont l’identité de genre correspond au sexe assigné à la naissance).
  • La prévalence élevée de traumas sociaux ou émotionnels a des répercussions négatives comme la consommation de substances, les difficultés socioéconomiques et les problèmes de santé mentale. Les jeunes autochtones issus de la diversité sexuelle et de genre rapportaient plus fréquemment se sentir déprimés, et se seraient initiés à la consommation de substances à un plus jeune âge en comparaison avec leurs pairs hétérosexuels et cisgenres.
  • La connexion à la culture et à la communauté ainsi que la présence de systèmes de soutien composés de pairs autochtones et/ou issus de la diversité sexuelle et de genre agiraient comme facteurs de résilience aux traumas selon plusieurs des études recensées. Se sentir acceptés, respectés et connectés permettrait à ces jeunes de s’épanouir.

Limites

Les auteurs signalent que les examens de la portée ne permettent pas de donner un portrait exhaustif des données probantes existantes, et que le peu de publication sur les jeunes autochtones issus de la diversité sexuelle et de genre rend difficile l’atteinte de conclusions à partir des données colligées. Les auteurs ont recensé seulement les articles publiés en anglais, ce qui représente une limite importante puisque plusieurs études pourraient avoir été publiées dans d’autres langues.


Savoirs traditionnels en santé et mieux-être

La résilience des Autochtones en Australie : un examen de la portée misant sur un dialogue réflexif et décolonial

Usher, K., Jackson, D., Walker, R., Durkin, J., Smallwood, R., Robinson, M., Sampson, U. N., Adams, I., Porter, C., & Marriott, R. (2021). Indigenous Resilience in Australia: A Scoping Review Using a Reflective Decolonizing Collective Dialogue. Frontiers in Public Health, 9.
En libre accès ici : PDF.

Contexte

La résilience des Autochtones est un phénomène complexe qui a été examiné dans plusieurs publications, notamment celles qui s’attardent aux jeunes. Le concept de résilience tend toutefois à être structuré autour de définitions occidentales et semble rarement remis en question, tout comme d’autres concepts qui lui sont liés tels que l’adversité et le risque.

Objectifs

Cet examen de la portée visait à intégrer le savoir, le savoir-être et le savoir-faire des Autochtones en Australie dans la façon dont est comprise la résilience afin que ce concept soit plus inclusif sur le plan culturel.

Méthodologie et données

L’examen de la portée a été réalisé à partir d’une recherche par mots-clés dans les bases de données sélectionnées. La stratégie de recherche a généré 5 290 résultats initiaux qui ont par la suite été triés. Les études étaient retenues si elles étaient évaluées par des pairs, si la recherche se concentrait sur les perspectives des Autochtones et des peuples insulaires du détroit de Torrès ainsi que sur la conceptualisation de la résilience en Australie. Seulement huit études ont été retenues aux fins d’analyse.

Les auteurs ont adopté une approche décoloniale et un processus de réflexion critique pour ancrer leur travail dans les visions du monde autochtones. Les auteurs ont aussi pu compter sur l’implication de groupes consultatifs autochtones locaux de recherche qui ont conseillé les auteurs quant à la stratégie de recherche, participé et approuvé l’analyse des résultats et collaboré à la rédaction de l’article. Enfin, l’approche adoptée a permis aux auteurs d’explorer la tension entre l’influence des discours dominants et l’espace laissé aux voix autochtones dans la définition de la résilience.

Qu’est-ce qu’on y apprend?

Le contenu des huit études a été regroupé en cinq thèmes où sont explorés les définitions et les conceptualisations de la résilience, les liens entre l’adversité unique vécue par les Autochtones et leur résilience, les principales caractéristiques de la résilience des Autochtones d’Australie, les moyens explorés dans certaines études pour mesurer l’impact de certains facteurs sur la résilience des Autochtones et, enfin, les stratégies pour renforcer les facteurs de protection des individus, des familles et des communautés.

Les résultats obtenus ont permis aux auteurs d’élargir le concept de résilience au-delà de la capacité d’un individu à faire face à l’adversité. Ces conceptions autochtones englobent généralement la famille, la culture, l’identité, l’appartenance et les liens sociaux, l’accès au territoire et la communauté. Les auteurs suggèrent qu’un recadrage de la résilience selon les perspectives autochtones, mettant en valeur les stratégies d’adaptation développées face aux adversités passées et misant sur les facteurs de protection des Autochtones ont le potentiel de protéger contre l’adversité attribuable aux impacts du colonialisme et du racisme. Surtout, l’inclusion des forces des communautés dans la définition de la résilience permet de consolider l’autodétermination des communautés dans la recherche de solutions et de promouvoir le bien-être dans les communautés autochtones à travers l’Australie.

Limites

Les auteurs estiment que le faible nombre d’articles retenus peut avoir été influencé par le choix des critères d’inclusion. Ils reconnaissent aussi que les auteurs autochtones sont sous-représentés dans la littérature scientifique et que les peuples autochtones favorisent d’autres formes de diffusion de l’information et de partage des connaissances, notamment la parole, la narration et l’art. Les auteurs précisent enfin que leurs résultats peuvent ne pas refléter les besoins de toutes les populations autochtones à travers l’Australie.


Les caractéristiques des stratégies de guérison autochtone au Canada : un examen de la portée

Yu, Z., Steenbeek, A., Biderman, M., Macdonald, M., Carrier, L., et MacDonald, C. (2020). Characteristics of Indigenous healing strategies in Canada: A scoping review. JBI Evidence Synthesis, 18(12), 25122555.
En libre accès ici : PDF.

Contexte

La guérison autochtone considère la personne dans son entièreté dans une vision holistique de la santé indissociable de son environnement. Ce concept est d’autant plus pertinent au Canada en raison des efforts pour développer des relations respectueuses entre les populations autochtones et les peuples colonisateurs. Les appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation du Canada font ressortir l’intérêt grandissant pour les stratégies de guérison autochtone démontrées pertinentes dans plusieurs domaines cliniques, communautaires et politiques. Cet intérêt a également motivé l’examen de nouvelles approches en recherche dans les contextes autochtones. À ce jour, il n’existe pas encore une compréhension claire de ce qui caractérise les stratégies de guérison autochtone au Canada.

Objectifs

Cet examen de la portée a pour but d’identifier les caractéristiques des stratégies de guérison autochtone au Canada et des approches culturellement pertinentes en contexte autochtone.

Méthodologie

Cet article s’appuie sur la méthodologie de l’examen de la portée JBI et le protocole publié antérieurement. Les bases de données suivantes ont été utilisées : CINAHL Full Text, Sociological Abstracts, PsycINFO, MEDLINE, and Academic Search Premier. Pour la littérature grise, des recherches ont été effectuées dans : iPortal, Canadian Electronic Library et plusieurs sites Internet d’organisations gouvernementales du Canada et autochtones. Les articles publiés depuis 2008 ont été inclus. Seuls les articles publiés en anglais ont été inclus. Les thèses et les mémoires ont été exclus.

Qu’est-ce qu’on y apprend?

Parmi les articles sélectionnés, les stratégies de guérison autochtone sont caractérisées par :

  • des principes directeurs comportant le respect, les cultures et les traditions, la roue de la médecine et le pouvoir d’agir/l’approche basée sur les forces;
  • des composantes centrales incluant l’expression artistique (chant, danse et tambour), les cérémonies (purification et tentes de sudation) et les jeux et exercices;
  • des ressources humaines comprenant le recrutement de membres de la communauté assumant divers rôles (mentor, bénévole, facilitateur ou autres), des organisations locales et des gardiens du savoir.

En ce qui a trait aux approches pour améliorer la pertinence culturelle des stratégies de guérison dans des contextes autochtones, la recherche participative/consultative et l’utilisation des protocoles autochtones ont été les plus souvent employées.

Les résultats de cet examen de la portée ont mis en évidence l’utilisation d’une approche décoloniale qui soutient les savoirs autochtones, respecte les droits autochtones à l’autodétermination et reconnaît la résilience et la capacité d’action (agency) des populations autochtones.

Limites

Les thèses et les mémoires n’ont pas été considérés par faute de temps. Seuls les articles publiés en anglais ont été pris en compte, ce qui exclut les stratégies qui auraient pu être écrites dans une autre langue ou publiées dans un format autre (art, cérémonies, etc.). Cette étude porte sur les stratégies de guérison au Canada, ce qui peut en limiter la pertinence à l’international.


Conceptualiser et opérationnaliser un indicateur global de santé pour les aînés inuits : résultats d’un projet séquentiel basé sur les méthodes mixtes

Baron, M., Riva, M., Fletcher, C., Lynch, M., Lyonnais, M.-C., et Laouan Sidi, E. A. (2021). Conceptualisation and operationalisation of a holistic indicator of health for older Inuit: Results of a sequential mixed-methods project. Social Indicators Research, 155(1), 4772.
Pour obtenir une copie de l’article en PDF.

Contexte

Les Inuits, dont la population est vieillissante, définissent la santé comme holistique, dynamique et multidimensionnelle. Cette conception de la santé influence aussi la signification de vieillir en santé pour ce peuple. Pour que les résultats soient pertinents, il est primordial d’inclure les conceptions de la santé, les réalités et la culture des peuples autochtones dans la recherche en santé. Ainsi, pour mieux comprendre le vieillissement en santé chez les Inuits, un indicateur global de santé, à plusieurs variables, est cohérent avec cette définition de la santé.

Objectifs

Ce projet vise à élaborer un indicateur global de santé pour les aînés inuits en trois étapes :

  • Conceptualiser la santé à partir de la définition inuite de la santé et du bien-être, incluant des éléments liés au vieillissement;
  • Opérationnaliser cette définition et créer un indicateur global de santé en utilisant les données d’une enquête sur la santé de la population;
  • Évaluer la pertinence de l’indicateur.

Méthodologie et données

Ce projet de recherche exploratoire utilise des méthodes mixtes.

Dans la phase qualitative, 21 Inuits de deux communautés du Nunavik ont participé à des ateliers qui ont permis de cerner les thèmes caractérisant la santé et le vieillissement.

Dans la phase quantitative suivante, les auteurs ont créé un indicateur global de santé à partir des données de l’Enquête auprès des peuples autochtones (EAPA) de 2006 pour les Inuits âgés de plus de 50 ans et des thèmes issus de la première phase qui ont été associés à différentes variables de l’enquête.

Qu’est-ce qu’on y apprend?

Les analyses qualitatives permettent de conceptualiser la santé en huit thèmes : l’équilibre général de santé, la santé mentale, la spiritualité, peu de limitations dans les activités, les relations interpersonnelles positives, le fait d’être aimé par autrui, de parler l’inuktitut et de ne pas avoir de dépendances. Une bonne santé est le résultat d’un équilibre entre la santé physique, la santé mentale, le bien-être, les relations interpersonnelles et les comportements de santé.

La transmission intergénérationnelle des savoirs, entre autres par le fait de parler l’inuktitut, permet d’être connecté à sa culture et est un élément clé du vieillissement en santé. Un second élément est le fait d’avoir des liens sociaux positifs.

En vieillissant, les Inuits insistent davantage sur leurs limitations dans les activités plutôt que sur leurs maladies. Selon les participants, il n’y a pas un âge universel auquel on se sent vieux. Plusieurs se sont sentis vieillir lorsqu’ils ont eu besoin d’aide pour certaines activités.

Les participants inuits de l’EAPA de 2006 ont été regroupés en trois profils selon l’indicateur global de santé créé pour cette recherche :

  • Les participants avec une bonne santé pour la majorité des variables associées aux thèmes (36,7 %);
  • Les participants avec une bonne santé physique, mais une faible santé mentale (30 %);
  • Les participants avec une faible santé pour la majorité des variables associées aux thèmes (33,3 %).

Limites

L’autrice principale souligne qu’elle n’a participé ni à la collecte ni à l’analyse des données de la première phase. De plus, les données utilisées pour opérationnaliser l’indicateur global de santé sont celles de 2006, alors que les thèmes ont été discutés en 2016. Enfin, la sélection des variables correspondant aux thèmes a été limitée par les questions de l’EAPA. Par exemple, la spiritualité n’a pas été mesurée.


Déterminants sociaux de la santé et du bien-être en milieu autochtone

Le rôle de la relation parent-enfant dans le renforcement de la résilience chez les enfants des Premières Nations des États-Unis et Autochtones de l’Alaska

Tolliver‐Lynn, M. N., Marris, A. M., Sullivan, M. A., et Armans, M. (2021). The role of the parent–child relationship in fostering resilience in American Indian/Alaskan Native children. Journal of Community Psychology, 49(2), 419431.

Contexte

Il a été démontré qu’une relation parent-enfant de qualité est associée à un état de santé mentale favorable chez l’enfant. Il a aussi été démontré que les symptômes anxieux et dépressifs du parent sont liés à ceux de son enfant. Compte tenu de ces deux constats, la relation parent-enfant pourrait jouer un rôle important dans l’état de santé mentale du parent et celui de l’enfant. Aucune étude n’a documenté le rôle de la qualité de la relation parent-enfant sur la santé mentale du parent et de son enfant d’âge préscolaire chez les Premières nations des États-Unis et les Autochtones de l’Alaska. Démontrer que la relation parent-enfant peut avoir un effet protecteur sur l’état de santé mentale du parent et de l’enfant peut contribuer au maintien et au développement des pratiques traditionnelles autochtones qui valorisent les liens familiaux.

Objectifs

L’objectif est d’examiner le rôle de la qualité de la relation parent-enfant en lien avec les symptômes dépressifs et anxieux du parent et de son enfant chez les Premières Nations des États-Unis et les Autochtones de l’Alaska.

Méthodologie et données

Un total de 57 parents issus des Premières Nations des États-Unis et des Autochtones de l’Alaska âgés en moyenne de 33 ans, dont 84 % étaient des femmes, a été recruté avec leurs enfants âgés de trois et cinq ans par le bouche-à-oreille. Les parents ayant consenti à participer à l’étude ont rempli un questionnaire sur l’identité culturelle, la qualité de la relation parent-enfant (mesurée par 36 items sur les dysfonctions de l’interaction parent-enfant; un score élevé indique une relation de faible qualité) ainsi que sur des indicateurs de santé mentale (dépression, anxiété et troubles internalisés de leur enfant). Tous les outils de mesure ont démontré une très bonne validité interne. Des analyses de modération ont été réalisées en utilisant le logiciel PROCESS Version 3.0, Model 1 via Bootstrap en raison du petit échantillon.

Qu’est-ce qu’on y apprend?

Les analyses ont démontré que les participants présentaient un profil plutôt favorable avec de faibles niveaux de dépression et d’anxiété ainsi qu’une bonne relation parent-enfant. Les résultats indiquaient que l’association entre les symptômes dépressifs du parent et les problèmes internalisés de l’enfant est plus forte lorsque la qualité de la relation parent-enfant est au plus faible. Similairement, l’association entre les symptômes anxieux du parent et les problèmes internalisés de l’enfant est plus forte lorsque la qualité de la relation parent-enfant est au plus faible. Ainsi, la qualité de la relation parent-enfant modère bel et bien l’association entre la santé mentale (le cas échéant, la dépression et l’anxiété) du parent et celle de l’enfant.

Ces résultats soulignent le rôle protecteur qu’une relation parent-enfant de qualité peut avoir sur la santé mentale du parent et celle de l’enfant. Ils appuient l’importance de soutenir les nouveaux parents dans leur rôle parental dans le but de renforcer la relation parent-enfant et ainsi la résilience des familles autochtones.

Limites

Quelques limites mentionnées par les auteurs doivent être considérées dans l’interprétation des résultats. D’abord, les membres de la famille ou autres personnes significatives, qui peuvent développer une relation importante avec l’enfant, n’ont pas été considérés dans l’étude. Aussi, bien que la validité interne des outils de mesure utilisés dans cette étude ait été démontrée, peu d’informations sont disponibles sur la validité de leur utilisation chez les Autochtones. La taille de l’échantillon était relativement petite, quoi que cela n’ait pas empêché de démontrer des associations significatives.


Sécurisation culturelle et interventions en prévention et promotion de la santé

Améliorer le service aux Autochtones et aux insulaires du détroit de Torrès grâce à des pratiques innovantes entre les agents de liaison autochtones et les travailleurs sociaux dans les hôpitaux du Victoria, en Australie

Bnads, H., Orr, E., et Clements, C. J. (2021). Improving the service to Aboriginal and Torres Strait Islanders through innovative practices between aboriginal hospital liaison officers and social workers in hospitals in Victoria, Australia. British Journal of Social Work, 51(1), 7795.
En libre accès ici : PDF.

Contexte

Le cumul des préjugés et de la discrimination issue du passé colonial subi par les Autochtones en Australie explique en grande partie les iniquités de santé vécues par ces derniers. Les professions de la santé et des services sociaux sont aussi marquées par le passé colonialiste. Les interactions entre Autochtones et non-autochtones sont souvent difficiles en contexte de soin, menant à des taux élevés de non-adhésion aux traitements par les Autochtones, ainsi qu’à des difficultés communicationnelles dans l’octroi de soins et services par les soignants non autochtones.

Objectifs

Cette étude visait à analyser les pratiques de « travailler ensemble » des agents de liaison (AL) autochtones (Aboriginal Hospital Liaison Officers, AHLO) et les travailleurs sociaux (TS) non autochtones en milieu hospitalier dans l’État du Victoria en Australie. « Travailler ensemble » exige de faire coexister les savoirs, les savoir-être et les savoir-faire des Autochtones avec les modèles occidentaux de santé et de travail social. L’objectif de l’étude était de démontrer que le fait de « travailler ensemble » contribue à améliorer l’accès, le respect et la sécurité culturelle des soins de santé pour les patients autochtones, en plus de permettre aux soignants d’offrir des soins culturellement pertinents.

Méthodologie et données

Les auteurs utilisent un cadre de six principes de bonnes pratiques développées à l’aide d’une méthodologie qualitative. Les données ont été collectées à l’aide d’entrevues exhaustives et de récits narratifs de neuf AL et de dix TS en plus de trois informateurs clés de la Politique de santé autochtone. Ces principes sont appliqués à deux études de cas : un cas hypothétique basé sur un cumul de témoignages d’AL et de TS, et un autre cas observé en cours de la recherche pour en démontrer les effets sur les patients et intervenants en contexte hospitalier.

Qu’est-ce qu’on y apprend?

La première étude de cas présente le concept de « travailler ensemble » et relate l’expérience d’une AL et d’une TS entourant l’admission aux urgences d’une femme autochtone ayant subi des blessures liées à la violence conjugale. La patiente était connue pour avoir pris congé de l’hôpital contre l’avis médical à deux reprises. La mise en œuvre des six principes et le travail coordonné de l’AL et du TS dans le dossier, la connaissance et le respect de leurs rôles respectifs ont permis un accompagnement sécuritaire et culturellement pertinent de la patiente en tenant compte de toutes les composantes de son environnement familial et social.

La deuxième étude de cas présente l’initiative de développement culturel et professionnel pour le personnel soignant non autochtone de l’hôpital. Des partenariats entre l’hôpital et quatre organisations communautaires et artistiques autochtones ont été établis, et plusieurs activités de rapprochement culturel organisées.

Les résultats suggèrent que le travail des AL est essentiel pour aider les patients autochtones à compléter leur trajectoire de soin à l’hôpital, de l’admission jusqu’au congé. Ils facilitent aussi l’établissement d’une relation de confiance entre les soignants non autochtones et les patients.

L’article suggère que le partenariat bidirectionnel, décrit par une participante autochtone comme « l’écoute du bas vers le haut et du haut vers le bas », la formation obligatoire en sécurisation culturelle pour les soignants non autochtones, la présence visible de personnel autochtone, la promotion d’événements culturels et d’arts autochtones, la création d’un espace physique culturellement sécuritaire et accueillant, etc. agissent comme des symboles forts et visibles de la réconciliation en contexte hospitalier.

Limites

Aucune limite n’a été identifiée par les auteurs.


L’inclusion des articles présentés dans ce bulletin de veille ne signifie pas leur endossement par l’Institut. Le jugement professionnel demeure essentiel pour évaluer la valeur de ces articles pour votre pratique. Vous pouvez également consulter la méthodologie de la veille scientifique en santé des Autochtones.