Veille scientifique en santé des Autochtones, septembre 2021

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Résumés d’articles

Consommation de substances psychoactives

What’s love got to do with it? L’amour et la consommation d’alcool chez les peuples autochtones aux États-Unis : harmoniser la recherche avec les expériences de vies

McKinley, C. E., et Scarnato, J. M. (2021). What’s love got to do with it? “Love” and alcohol use among U.S. Indigenous peoples: Aligning research with real-world experiences. Journal of Ethnic & Cultural Diversity in Social Work, 30(1‑2), 26‑46.
En libre accès ici : PDF.

Contexte

L’amour est une composante de la résilience familiale qui se définit comme la capacité d’une famille à surmonter les difficultés. La famille peut influencer l’adoption de comportements de santé telle la consommation de substances psychoactives. Cependant, la manière dont l’amour pourrait être lié à des comportements de santé chez les Autochtones est encore peu comprise ou étudiée. Effectivement, les chercheurs se sont principalement intéressés aux relations intimes plutôt qu’à l’amour familial. S’interroger sur le lien entre l’amour familial et la consommation d’alcool peut contribuer à la recherche sur les facteurs de protection de la consommation excessive d’alcool, des facteurs qui pourront être valorisés lors d’activités de prévention.

Objectifs

Déterminer les changements intergénérationnels dans l’expression de l’amour et de la résilience familiale dans deux nations autochtones du Sud-Est américain et le lien entre l’amour et la consommation d’alcool.

Méthodologie et données

Ce projet de recherche exploratoire utilise des méthodes mixtes.

Dans la phase qualitative, une ethnographie critique a permis de comprendre comment l’amour et la résilience familiale influencent les comportements de consommation d’alcool et le bien-être. Les différentes activités de collecte de données (entrevues individuelles et familiales, groupes de discussion) rassemblent 436 participants dont 228 proviennent d’une nation des régions intérieures et 208 d’une nation côtière.

Dans la phase quantitative, un sondage en ligne a été complété par 127 participants. La résilience familiale a été mesurée avec le Family Resilience Inventory. Les autrices ont analysé les données sur les changements intergénérationnels dans les expressions verbales ou physiques d’amour, une composante de la résilience familiale. Les hypothèses de liens statistiques entre la résilience familiale et la consommation d’alcool ont été testées.

Qu’est-ce qu’on y apprend?

Une majorité des participants a mentionné l’importance de l’amour familial qui s’exprime entre autres par :

  • l’affection verbale ou physique;
  • les rituels d’affection;
  • la résilience de se serrer les coudes dans les moments difficiles;
  • la capacité de se soutenir face aux difficultés avec compréhension.

Les parents des deux groupes étudiés ont dit exprimer ouvertement leur amour aux membres de leur famille, en particulier aux enfants, une pratique qui était peu courante pour les générations précédentes. Pour la nation des régions intérieures, le manque d’affection de la part des parents est perçu comme un facteur de risque au bon développement des enfants.

L’affection verbale est principalement associée aux mères et aux femmes aidantes. Pour la nation côtière, le manque de démonstrations d’affection entre père et fils a été abordé. Il semble cependant que les normes culturelles et genrées entourant l’expression de l’amour évoluent avec le temps. Les participants ont souligné que les pères démontrent davantage leur affection à leurs enfants que dans les générations précédentes.

En cohérence avec les résultats de la phase qualitative, les résultats du sondage indiquent une évolution des comportements affectueux dans le temps. En effet, pour les participants, les analyses indiquent que le niveau de résilience familiale pendant l’enfance est significativement plus faible que celui dans leur famille actuelle.

De plus, l’analyse quantitative révèle une association entre la résilience familiale et la consommation excessive d’alcool. Dans l’analyse multivariée, des niveaux plus élevés de résilience familiale, à la fois dans la famille actuelle et pendant l’enfance, sont négativement associés à la consommation excessive d’alcool.

Limites

Les autrices soulignent que l’échantillonnage de convenance limite la généralisation des résultats. Étant donné la diversité des réalités autochtones, les résultats devront être testés dans d’autres contextes et avec de plus grands échantillons. Une autre limite soulevée est que les résultats découlent de l’autoévaluation des participants.


Inégalités sociales de santé

L’identification à la culture est associée à une faible présence de troubles internalisés chez les adolescents naskapis plus âgés

Blacklock, A., Schmidt, L. A., Fryberg, S. A., Klassen, G. H., Querengesser, J., Stewart, J., Campbell, C. A., Flores, H., Reynolds, A., Tootoosis, C., et Burack, J. A. (20 200. Identification with ancestral culture is associated with fewer internalizing problems among older Naskapi adolescents. Transcultural Psychiatry, 57(2), 321‑331.

Contexte

L’identité culturelle est considérée comme un facteur important dans la promotion du bien-être chez les peuples autochtones. Plusieurs études démontrent un lien entre une forte identité culturelle et la réduction de troubles internalisés et externalisés, comme l’anxiété et la dépression ainsi que les comportements d’agression et de délinquance. Comme l’identité culturelle varie avec l’âge et selon le genre, les effets bénéfiques d’une forte identité culturelle peuvent également varier selon ces facteurs, ce que les auteurs proposent de vérifier.

Objectifs

Examiner le rôle médiateur de l’âge et du genre entre a) l’identité culturelle et les troubles internalisés et externalisés et b) l’interaction entre l’identité culturelle et les troubles externalisés chez des adolescents naskapis du Québec.

Méthodologie et données

Les analyses portent sur 61 étudiants naskapis âgés en moyenne de 14,5 ans, dont 32 femmes. La Nation naskapie de Kawawachikamach est une communauté dans le Nord-du-Québec accessible seulement par avion ou par un voyage de 20 heures en train. Les participants ont été recrutés via l’école Jimmy Sandy Memorial et ont rempli un questionnaire en anglais sur les troubles internalisés (anxiété et dépression, repli sur soi et plaintes somatiques) et externalisés (comportements agressifs et comportements délinquants), l’identité culturelle et des données sociodémographiques. Des régressions linéaires hiérarchiques multiples ont été réalisées.

Qu’est-ce qu’on y apprend?

La relation entre l’identité culturelle autochtone et la présence d’un trouble internalisé varie en fonction de l’âge des participants. En effet, les résultats démontrent que les adolescents âgés de 14 à 18 ans qui présentent une forte identité culturelle (implication importante dans les activités autochtones et aisance dans la langue naskapie) rapportent moins d’anxiété et de dépression, de repli sur soi et de plaintes somatiques que ceux qui présentent une identité culturelle plus faible. Ce résultat n’est pas observé chez les jeunes âgés de moins de 14 ans. Les auteurs expliquent ce résultat par le fait que le développement de l’identité culturelle tend à se dérouler davantage vers la fin de l’adolescence.

Aucun effet ou interaction supplémentaire n’a été observé quant à l’âge, le genre, l’identité culturelle et les troubles internalisés et externalisés.

Limites

Les auteurs mentionnent que la mesure autorapportée des troubles internalisés et externalisés a pu créer un biais de mémoire et de désirabilité sociale. Ensuite, la taille de l’échantillon a pu influencer la puissance statistique et limiter l’observation de résultats significatifs. De plus, les résultats ne sont pas généralisables à d’autres populations autochtones, bien qu’ils puissent être utiles dans la compréhension du rôle de l’identité culturelle autochtone sur le bien-être.


La violence aux intersections de la vie des femmes en milieu urbain : expériences des femmes autochtones qui quittent une relation violente ou qui y restent

Smye, V., Varcoe, C., Browne, A. J., Dion Stout, M., Josewski, V., Ford-Gilboe, M., et Keith, B. (2021). Violence at the intersections of women’s lives in an urban context: Indigenous women’s experiences of leaving and/or staying with an abusive partnerViolence Against Women, 27(10), 1586-1607.

Contexte

La violence entre partenaires intimes comprend un large éventail de comportements de violence sexuelle, physique et psychologique. Les femmes autochtones rapportent des taux plus élevés de violence entre partenaires intimes comparativement aux allochtones, s’expliquant entre autres par l’intersection entre le sexisme, le racisme, le classisme et les politiques colonialistes qu’elles subissent. La responsabilité de quitter la relation violente repose souvent sur les femmes. Cette solution n’est toutefois pas toujours viable, car la séparation conjugale peut être associée à l’instabilité économique et à la perte d’accès au logement, de la garde des enfants et d’accès aux soins. Elle peut être liée à de la détresse psychologique, et même fréquemment, à une intensification de la violence.

Objectifs

  • Dégager les caractéristiques du contexte de vie des femmes autochtones dans le processus de décision de quitter leur relation violente ou d’y rester.
  • Explorer les avantages et les effets pervers de recourir aux services sociaux et de santé dans ce processus.
  • Examiner ce qui constitue selon elles les caractéristiques de services sociaux et de santé efficaces
  • Analyser comment les contextes institutionnels et sociopolitiques influencent leur expérience de quitter leur relation violente ou d’y rester.
  • Formuler des recommandations concernant le rôle des politiques et des institutions de santé dans le déploiement de services culturellement sécuritaires pour les femmes autochtones.

Méthodologie et données

Cet article présente les données d’une étude ethnographique comprenant des entrevues individuelles et de groupes, un photovoice, et de l’observation participante dans une ville canadienne. Les participants ont été recrutés auprès d’organismes communautaires en soutien aux personnes victimes de violence entre partenaires intimes. Vingt-cinq femmes autochtones, cinq femmes allochtones, 10 hommes autochtones et 10 intervenants ont participé à l’étude. Les analyses s’appuient sur des approches féministes critiques et des perspectives autochtones.

Qu’est-ce qu’on y apprend?

Quatre thématiques s’entrecroisent dans la prise de décision des femmes.

  • Les relations entre l’État et les Autochtones : les femmes autochtones sont plus à risque que les allochtones de se voir retirer leurs enfants ou d’être incarcérées. Les participantes rapportent peser ces risques dans leur décision de quitter la relation violente ou d’y rester.
  • Les traumatismes complexes, la stigmatisation et la discrimination : les personnes autochtones tendent à cumuler diverses formes de violence, notamment par un passé empreint de politiques visant leur assimilation (ex. : pensionnats autochtones). Les participantes soulèvent avoir subi de la discrimination dans les services sociaux et de santé lors de demandes d’aide pour quitter une relation violente.
  • Les liens avec la parenté, la communauté et la terre : l’attachement au lieu d’origine et à la famille est un élément central dans la décision de quitter la relation ou d’y rester. En effet, quitter la relation violente est souvent synonyme de quitter la communauté, ce qui peut avoir des conséquences négatives sur le soutien social, le lien à la culture, l’accès au logement et le revenu.
  • La santé, la guérison et la résistance : la majorité des participantes ont rapporté que l’implication dans un groupe de soutien pour Autochtones leur a permis de développer un filet de sécurité permettant de s’engager dans la décision de quitter la relation violente ou d’y rester d’une manière bienveillante permettant la guérison.

Les participants et les auteurs recommandent que les politiques et les institutions de santé se concentrent davantage sur la responsabilité des hommes, engagent des intervenantes autochtones ayant un vécu de la violence entre partenaires intimes et améliorent l’accès au logement pour les femmes autochtones.

Limites

Les auteurs n’évoquent pas les limites de leur étude.


Les répercussions du racisme et de la discrimination sur la santé physique et mentale des Autochtones et des peuples insulaires du détroit de Torres vivant en Australie : une étude systématique de la portée

Kairuz, C. A., Casanelia, L. M., Bennett-Brook, K. et al. (2021). Impact of racism and discrimination on physical and mental health among Aboriginal and Torres Strait islander peoples living in Australia: a systematic scoping reviewBMC Public Health. 21, 1302.
En libre accès ici : PDF.

Contexte

Le racisme est, selon les auteurs, la manifestation de croyances, d’émotions, de comportements et de pratiques qui perpétuent et aggravent les inégalités sociales des membres d’un groupe ethnoracial. Le racisme est de plus en plus reconnu comme un important déterminant de la santé qui s’additionne à d’autres déterminants, notamment l’accès au logement, l’emploi et l’éducation. Il contribue également aux inégalités sociales de santé qui affectent de manière disproportionnée les Autochtones et les peuples insulaires du détroit de Torres en Australie et ailleurs dans le monde. L’échec des politiques visant à combler le fossé des inégalités sociales de santé qui affectent cette population est lié à des interventions souvent axées sur l’individu, malgré les études démontrant l’association entre les déterminants structurels de la santé tels que le racisme et les problèmes de santé.

Objectif

Cette revue systématique de la portée vise à recenser et à analyser la littérature qui décrit et associe la discrimination raciale à des répercussions sur la santé physique et mentale des Autochtones et des peuples insulaires du détroit de Torres de tout âge vivant en Australie.

Méthodologie et données

Les auteurs ont suivi les critères PRISMA-ScR. 335 articles ont été répertoriés dans cinq bases de données. Trois autres articles ont été localisés manuellement. Après dédoublonnage, 218 articles ont été examinés et 20 études ont été incluses dans la revue. Après l’évaluation du texte intégral et de leur qualité, 12 articles ont été analysés en recensant 1) l’exposition au racisme et 2) les effets sur la santé mentale et physique et les comportements liés à la santé.

Qu’est-ce qu’on y apprend?

Les études incluses soulignent l’association entre le racisme et les effets néfastes sur la santé physique et mentale à tous les âges.

Le racisme a des effets négatifs plus importants sur la santé mentale que physique des Autochtones. L’association entre le racisme et la dépression, les problèmes de comportement chez les enfants et les troubles du sommeil est rapportée de manière cohérente dans trois des articles inclus. D’autres études sur les minorités ethniques (n’incluant pas les Autochtones) confirment cependant l’association entre le racisme et la dépression, le stress post-traumatique et les idées suicidaires.

Le racisme est associé à une perception négative de l’état de santé général. Peu d’études portent sur le racisme et des conditions de santé physique telles que l’obésité, l’asthme, la pression artérielle, le diabète et les maladies cardiovasculaires et aucune association significative n’a été observée. Dans cette revue, une seule étude présente une association entre le racisme et la consommation de tabac et d’alcool.

Limites

Les auteurs soulignent que dans les études recensées la période d’exposition au racisme étudiée est souvent limitée dans le temps ce qui peut causer une sous-estimation du phénomène. De plus, les résultats ne sont pas représentatifs de la population dans son ensemble dû à des biais d’échantillonnage, et seules les études quantitatives ont été retenues. Finalement, les articles retenus séparent la santé mentale et physique et ne considèrent pas les dimensions culturelle et communautaire du bien-être. Ces limites soulignent l’importance d’inclure les perspectives et méthodologies autochtones dans la recherche afin d’obtenir des résultats qui sont représentatifs de la conception de la santé des Autochtones et des peuples insulaires du détroit de Torres.


Petite enfance et développement de l'enfant

Comment les jeunes pères autochtones en Australie restent-ils sur la bonne voie ? Perspectives sur les réseaux de soutien des pères autochtones

Faulkner, D., Hammond, C., Nisbet, L. et Fletcher, R. (2021). How do young aboriginal fathers in Australia ‘’stay on track’’? – Perspectives on the support networks of aboriginal Fathers. Journal of Family Studies, 27(1):14659.

Contexte

Peu d’études s’attardent au rôle des pères autochtones et des peuples insulaires du détroit de Torres en Australie, et encore moins à ceux qui vivent dans les zones urbaines et rurales. Le rôle contemporain de ces pères semble marqué par la combinaison de la paternité biologique et de la paternité sociale. Cette dernière garantirait des relations saines entre les hommes et les garçons de différentes générations. Ce rôle serait aussi influencé par les normes sociales de la culture occidentale dominante imposées par la colonisation.

Objectif

Rendre compte des expériences des jeunes pères autochtones dans les zones urbaines et rurales de la Nouvelle-Galles du Sud en analysant leur réseau de soutien avant et après la naissance de leur premier enfant. Les auteurs se sont intéressés au programme de recherche Stayin' on Track qui offre du soutien et de l’assistance en ligne aux jeunes pères autochtones.

Méthodologie et données

Deux séries d’entretiens semi-dirigés, d’une dizaine de minutes à une heure, animés par deux mentors autochtones connus des pères participants ont été réalisés. La présence de ces mentors aurait assuré la réalisation des entretiens d’une manière culturellement appropriée. Les entretiens ont été enregistrés, transcrits et codés, et les données ont été traitées suivant un processus d’analyse thématique.

Qu’est-ce qu’on y apprend?

La notion de responsabilité est essentielle dans la perception des participants de la paternité, et la prise de conscience du père se ferait rapidement suivant l’annonce de la paternité. Plusieurs participants ont mentionné qu’elle équivaudrait à apprendre à être un homme et les amènerait à adopter de nouveaux comportements et à évaluer leur réseau social.

Les participants ont également évoqué le désir de perpétuer l’héritage du bon père de famille, et ce, qu’ils aient eux-mêmes compté ou non sur la présence d’un père. Pour la majorité des participants, le simple fait d’être présent était un bon début ce qui, pour les auteurs, peut signifier l’importance du rôle du père.

Aussi, questionnés sur leur réseau de soutien, des participants ont indiqué se tourner vers leur famille élargie lorsqu’ils ont besoin de soutien moral ou de conseils. D’autres, au contraire, sont moins enclins à solliciter leurs proches.

Enfin, les participants ont exprimé que la paternité permet aux hommes, de développer et de renforcer leur sentiment d’appartenance à la communauté et de maintenir leurs identités autochtones. Par contre, les stéréotypes négatifs à l’égard des pères autochtones exerceraient une pression sur eux. Certains chercheraient à ne pas faire d’erreurs pour ne pas ternir l’image des pères autochtones.

Limites

Pour les auteurs, les résultats de cette étude ne reflètent pas les expériences des pères autochtones et des peuples insulaires du détroit de Torres d’autres régions ou milieux urbains d’Australie. De plus, la recherche s’attardait à une période précise de la paternité ne reflétant pas les réalités des pères lorsque leurs enfants et leurs familles grandissent.


Promotion du mieux-être et de la santé mentale

Interventions basées sur le territoire : une étude qualitative des connaissances et des pratiques associées à une approche de santé mentale dans une communauté Crie

Walsh, R., Danto, D. et Sommerfeld, J. (2020). Land-based intervention: a qualitative study of the knowledge and practices associated with one approach to mental health in a Cree community. International Journal of Mental Health and Addiction. 18, 207–221.
En libre accès ici : PDF.

Contexte

Ce projet a débuté à la suite d’une étude qui comparait la résilience d’une communauté Crie à celle de cinq autres communautés de la Nation Crie et qui rapportait des taux plus faibles de suicide et d’utilisation des services en santé mentale. Les caractéristiques distinctives de cette communauté sont : l’importance de la continuité culturelle intergénérationnelle, l’identité ethnoculturelle et la connexion au territoire. Cette dernière caractéristique fait partie intégrante du bien-être des populations autochtones. Les interventions en santé mentale centrées sur cette connexion seraient alors plus appropriées pour les communautés autochtones que les approches occidentales.

Objectif

Comprendre les principes de base des interventions basées sur le territoire et leur mise en œuvre dans les communautés autochtones.

Méthodologie

Pour cette étude qualitative phénoménologique, des entrevues ont été effectuées auprès de trois membres de la communauté qui travaillent ou qui soutiennent une intervention basée sur le territoire. Project George est un programme ontarien de prévention du suicide chez les jeunes à Moose Factory et dans la région de Moosonee. Des bénévoles et des aînés accompagnent les jeunes dans la forêt dans leur apprentissage du savoir-faire traditionnel des Cris.

Qu’est-ce qu’on y apprend?

Les chercheurs ont fait ressortir les composantes clés, les avantages et les défis de l’intervention basée sur le territoire.

  • Les composantes clés regroupent le transfert de connaissances intergénérationnelles, le travail d’équipe, la création de relations, l’implication dans la prise de décision, la participation des aînés, et la combinaison des pratiques traditionnelles avec les nouvelles activités de plein air.
  • Les avantages sont l’accent sur la santé plutôt que sur la maladie mentale, la connexion à la culture Crie, à la nature, à la famille et à la communauté, à l’identité, à la spiritualité et la fierté et l’estime de soi.
  • Les défis concernent principalement les coûts, la difficulté d’assurer un soutien financier durable, ainsi que les politiques et les règlements provinciaux.

Ces interventions renforcent l’identité culturelle et les liens intergénérationnels assurant la continuité culturelle et le renforcement du pouvoir d’agir. Elles favorisent la création de relations positives entre les participants, essentielles à un processus de guérison. La participation à des activités traditionnelles sur le territoire encourage la création de liens entre les jeunes autochtones et leurs pairs, leurs aînés, leurs ancêtres, la culture, les traditions, les parentés passées, les esprits et la nature. Alors, les interventions basées sur le territoire peuvent aider à soigner les traumatismes vécus au sein des communautés.

Il est de plus en plus évident que la dépossession territoriale a eu une influence dans le développement de la toxicomanie et d’autres problèmes de santé mentale chez les Autochtones. Malgré les défis soulevés, une variété d’interventions basées sur le territoire continue d’être mise en œuvre.

Limites

Les auteurs n’évoquent pas les limites de leur étude.


L’inclusion des articles présentés dans ce bulletin de veille ne signifie pas leur endossement par l’Institut. Le jugement professionnel demeure essentiel pour évaluer la valeur de ces articles pour votre pratique. Vous pouvez également consulter la méthodologie de la veille scientifique en santé des Autochtones.