Veille scientifique Saine alimentation et mode de vie actif, volume 9, numéro 4, décembre 2021

Cette veille réalisée par l’équipe Saine alimentation et mode de vie actif (SAMVA) est destinée en premier lieu aux acteurs du réseau de santé publique. Les publications scientifiques recensées sont choisies pour leur pertinence en regard de la promotion de la saine alimentation et du mode de vie physiquement actif, dans une perspective de prévention des problèmes reliés au poids et des maladies chroniques.

Cliquez sur le titre d’un article pour en obtenir plus de détails, l’intégral ou le résumé. Pour obtenir le texte intégral lorsque celui-ci n’est pas disponible gratuitement, adressez-vous à la bibliothèque ou au centre de documentation de votre institution.

Activité physique et sédentarité

Les interventions en ligne peuvent avoir un effet positif sur l’engagement des jeunes envers l’activité physique

Contexte

La majorité des enfants âgés de 5-18 ans est considérée comme inactive, car elle ne rencontre pas les recommandations de l’Organisation mondiale de la Santé en matière d’activité physique. Au Québec, 60 % des jeunes n’atteignent pas le volume recommandé d’activité physique. Dans le contexte du confinement associé à la pandémie de COVID-19, il est plausible que les Québécois soient moins actifs qu’auparavant. Les interventions en ligne peuvent représenter une approche complémentaire aux stratégies préventives habituelles.

Objectif

Cette revue systématique a pour objectif de mettre à jour les connaissances relatives aux interventions en ligne visant à promouvoir l’activité physique, en analysant leurs effets sur les aspects physiques, cognitifs et socioaffectifs. Également, les auteurs proposent d’évaluer les mécanismes ou stratégies pédagogiques mis en œuvre, afin de déterminer les caractéristiques spécifiques associées au succès.

Ce qu’on y apprend

La majorité des interventions rapportées était largement basée sur des jeux vidéo actifs, une combinaison d’exercices et de jeux vidéo comprenant des activités d’aérobie, d’équilibre, de musculation et de souplesse, impliquant le transfert de mouvements du corps en commandes de jeu. Les interventions mettaient l’emphase sur le temps d’engagement moteur, qu’elles ont su augmenter pour la plupart. Cependant, les effets recensés couvraient également les aspects socioaffectifs et cognitifs. Notamment, des améliorations furent notées dans l’humeur, le niveau de plaisir et le sentiment d’auto-efficacité.

L’analyse des études a également permis d’identifier trois mécanismes principaux utilisés par les cyberinterventions pour influencer la pratique d’activité physique : la ludification (progression, gain de niveaux, etc.), la personnalisation (rétroaction sur mesure, récompense basée sur le progrès) et la transmission d’informations pour encourager les changements de comportement. De façon générale, les interventions en ligne ont influencé positivement les comportements associés à la pratique d’activité physique. Plus spécifiquement, lorsqu’utilisés dans le contexte scolaire des cours d’éducation physique, les jeux vidéo actifs ont obtenu les meilleurs résultats en utilisant principalement les mécanismes de ludification et de personnalisation. Les interventions recensées semblaient plus efficaces dans le contexte d’une école primaire, avec de jeunes enfants et à l’intérieur du cours d’éducation physique.

Goodyear, V. A., B. Skinner, J. McKeever et M. Griffiths (26 août 2021). « The influence of online physical activity interventions on children and young people’s engagement with physical activity: a systematic review », Physical Education and Sport Pedagogy, p. 1‑15.

Réduire la sédentarité chez les personnes aînées : pistes pour des interventions plus efficaces

Contexte 

La sédentarité est désormais établie comme un facteur de risque pour la santé, indépendamment de la pratique d’activité physique. Les personnes aînées passent en moyenne 60 % de leur temps éveillé à adopter des comportements sédentaires. Malgré tout, il existe encore peu de connaissances et de recommandations en matière d’interventions pour favoriser la diminution de la sédentarité chez cette population.

Le vieillissement accéléré de la population a poussé le Québec à s’inspirer de la vision du vieillissement actif prônée par l’Organisation mondiale de la Santé pour développer son plan d’action Un Québec pour tous les âges. La 12e mesure proposée dans ce plan cible le soutiende projets visant l’adoption d’un mode de vie physiquement actif chez les aînés.

Objectif 

L’objectif de cette revue et méta-analyse était de synthétiser l’ensemble des recherches actuelles sur les interventions dont l’effet sur le comportement sédentaire chez les personnes aînées (≥60 ans) a été mesuré. Cette revue met en évidence les caractéristiques de ces interventions ainsi que leurs effets sur la sédentarité.

Ce qu’on y apprend 

Les auteurs ont repéré 17 interventions. L’analyse permet de constater la grande diversité quant à leurs objectifs et contenus. Néanmoins, il se dégage quelques constats :

  • Les interventions dont au moins un des objectifs porte spécifiquement sur la sédentarité ont un effet statistiquement significatif, mais modeste, sur la diminution des comportements sédentaires.
  • Les stratégies comportementales les plus employées dans les interventions qui ont des effets significatifs sont la fixation d’objectifs et le suivi continu du comportement.
  • Les composantes d’intervention qui semblent les plus prometteuses sont les rencontres individuelles, la distribution de matériel éducatif écrit, les conseils individualisés et la tenue de groupes de discussion.
  • Aucune intervention ne comportait de stratégies visant l’environnement dans lequel évoluent les personnes aînées.

Les constats tirés de cette revue peuvent venir soutenir les réflexions et guider le développement de nouvelles initiatives visant l’adoption d’un mode de vie physiquement actif chez les aînés, et plus spécifiquement à réduire la sédentarité.

Chase, J.-A. D., J. Otmanowski, S. Rowland et P. S. Cooper (12 octobre 2020). « A systematic review and meta-analysis of interventions to reduce sedentary behavior among older adults », Translational Behavioral Medicine, vol. 10, n° 5, p. 1078‑1085.

Environnement socioculturel

Stratégies réglementaires pour promouvoir l’activité physique

Contexte

L’inactivité physique est associée aux maladies chroniques, à la comorbidité et aux décès prématurés dans le monde entier. Les États membres de l’Organisation mondiale de la Santé se sont engagés à réduire de 15 % l’inactivité physique d’ici 2030. Le Plan d'action mondial pour l'activité physique de l'OMS 2018-2030 fournit un cadre pour l’atteinte de cet objectif.

Objectif

L’article a pour but d’aider à identifier de nouvelles façons d’aborder l’objectif de réduction de l’inactivité physique, en proposant un cadre de stratégies juridiques ou réglementaires.

Ce qu’on y apprend

Le cadre proposé souligne les nombreuses façons dont les stratégies juridiques ou réglementaires pourraient être utilisées ou explorées pour atteindre les objectifs de l’OMS en matière d’activité physique. Le cadre, appelé « Approches réglementaires du mouvement, de l’activité physique, des loisirs, des transports et des sports », décrit sept stratégies préventives pouvant être soutenues ou renforcées par des actions juridiques ou réglementaires, dont les trois suivantes en guise d’exemples :

  • Sensibilisation à la problématique par la surveillance du phénomène (p. ex. recueillir des indicateurs de performance et des données de surveillance avec une obligation de déclaration).
  • Financement (p. ex. affecter les recettes des taxes de stationnement et des péages routiers aux dépenses de transport public; affecter les recettes des jeux d’argent ou des loteries à l’amélioration des possibilités de sport et de loisirs au niveau communautaire).
  • Incitatif (p. ex. prévoir des incitatifs pour les promoteurs immobiliers et les propriétaires de bâtiments à adopter des normes de conception qui encouragent à être physiquement actifs dans et autour des bâtiments).

Pour chacune des sept stratégies potentielles, les exemples se répartissent dans quatre domaines d’action : le changement de normes sociales et les attitudes populationnelles, la création d’environnements favorables, l’accroissement des programmes et des opportunités de bouger et la consolidation des systèmes requis pour une action coordonnée à tous les paliers de gouvernement. Les stratégies les plus prometteuses doivent être déterminées en tenant compte de leur faisabilité dans le contexte des cadres juridiques existants et de la capacité à les mettre en œuvre et à les faire respecter.

Nau, T., B. J. Smith, A. Bauman et B. Bellew (1 août 2021). « Legal strategies to improve physical activity in populations », Bulletin of the World Health Organization, vol. 99, n° 8, p. 593‑602.

Les jardins partagés peuvent-ils promouvoir des modes de vie plus durables? 

Contexte

Les jardins partagés ou plus communément appelés jardins communautaires sont composés de parcelles individuelles, collectives et d’un espace de vie. Ils sont gérés, entretenus et animés par un groupe d’habitants d’un village ou d’un quartier. Tout en ayant une vocation sociale et culturelle, ils permettent l’accès à des produits sains et s’inscrivent dans la recherche d’un système alimentaire plus durable.

Objectifs 

Cette note de breffage de la Chaire UNESCO Alimentation du monde rapporte les résultats de l’étude JArDinS réalisée dans une métropole française. L’objectif de cette étude d’intervention est d’explorer l’association entre l’accès à un jardin partagé et l’adoption de modes de vie plus favorables à la santé et plus durables (p. ex. approvisionnements alimentaires, activité physique, lien social). Cette étude permet entre autres de souligner les limites de ce genre d’initiatives, d’identifier les obstacles et enjeux rencontrés par les participants et propose des solutions concrètes pour la promotion d’un mode de vie plus durable.

Ce qu’on y apprend

L’étude JArDinS a suivi 500 ménages pendant leur première année de jardinage. Les principaux constats relevés sont :

  • Les nouveaux jardiniers ont rencontré des barrières pour s’investir dans leur jardin partagé. Les raisons évoquées sont le manque de temps, l’absence de connaissances en matière de jardinage et les difficultés physiques qui y sont associées, des conflits entre jardiniers et des problèmes de santé.
  • Aucun changement sur leurs modes de vie n’a été observé après une première année de jardinage à cause d’une fréquentation irrégulière et insuffisante.
  • Les chercheurs suggèrent un éventuel biais de sélection, plusieurs participants ayant fait part de leur sensibilité aux enjeux de l’alimentation saine et durable avant leur intégration à l’étude.
  • Plusieurs solutions favoriseraient l’intégration et la participation active des jardiniers sur le long terme, par exemple une implantation des parcelles à proximité des domiciles, des animations régulières et un encadrement par des personnes ayant des connaissances pratiques de jardinage. De plus, des parcelles individuelles dans des espaces collectifs permettraient à chacun de gérer son propre espace et d’interagir avec les autres.

Après une première année de jardinage, cette étude n’a pas démontré de changement notable sur les habitudes de vie des participants. Néanmoins, les auteurs mentionnent que des interventions menées en milieu scolaire ont prouvé leurs effets bénéfiques, notamment sur la consommation de fruits et légumes et ce, sur des durées variables de trois mois à un an.

THARREY, M., et N. DARMON (2021). « Les jardins partagés peuvent-ils promouvoir des modes de vie plus durables ? », dans Chaire UNESCO Alimentation du monde, (consulté le 29 novembre 2021).

Environnement bâti

Facteurs de succès des interventions en environnement bâti dans quatre villes canadiennes 

Contexte 

Le développement de communautés saines et sécuritaires inclut la mise en place d’interventions sur l’environnement bâti. Toutefois, les interventions en environnement bâti sont souvent coûteuses et nécessitent une volonté politique. Une meilleure connaissance des éléments de succès et d’échec peut améliorer la mise en œuvre de telles interventions et maximiser les impacts éventuels sur la santé.

Objectif 

Cette étude utilise une méthode de cartographie conceptuelle pour évaluer la perception des acteurs (parties prenantes) sur les éléments qui influencent le succès et l’échec des interventions en environnement bâti dans quatre communautés urbaines du Canada : Vancouver (implantation d’un programme de vélo libre-service), Victoria (implantation d’une piste cyclable), Saskatoon (service de transport rapide par bus) et Montréal (Plan de développement durable). Une technique de classification est utilisée pour aider à prioriser les facteurs de succès identifiés sur la base de leur importance et de leur degré de faisabilité.

La cartographie conceptuelle intègre des séances de remue-méninges et de tri structuré de concepts réalisés à l’aide de méthodes statistiques multivariées, multidimensionnelles et d’analyses de regroupements hiérarchiques pour documenter et synthétiser les points de vue et les perceptions.

Ce qu’on y apprend

Dans les quatre communautés, 95 acteurs ont participé à l’étude. En tout, 38 éléments de succès et d’échec ont été identifiés dans chaque communauté. Ils ont été regroupés sous cinq catégories : vision commune, planification et évaluation, cadre réglementaire et investissements, collaboration entre les parties prenantes et les citoyens et informations sur le contexte des interventions. L’importance de l’engagement des parties prenantes était l’élément de succès commun à toutes les villes. Pour Montréal, les éléments de succès liés à la réalisation des mesures du plan de développement durable étaient :

  • Adopter une vision à long terme avec des objectifs à court et moyen terme, incluant des indicateurs de suivi (important et faisable).
  • Fournir des installations fonctionnelles, sécuritaires et universellement accessibles (important et faisable).
  • Coordonner l’aménagement du territoire et la planification des transports (important et moins faisable).
  • Faire un portrait-diagnostic des secteurs visés par les interventions (faisable et moins important).
  • Garantir des investissements massifs pour la réalisation des interventions (important et moins faisable).

Firth, C. L., Z. P. Stephens, M. Cantinotti, D. Fuller, Y. Kestens et M. Winters (1 janvier 2021). « Successes and failures of built environment interventions: Using concept mapping to assess stakeholder perspectives in four Canadian cities », Social Science & Medicine, vol. 268, p. 113383.

Environnement alimentaire

L’initiation et la saillance, des interventions prometteuses pour améliorer l’environnement alimentaire dans les magasins d’alimentation situés en milieux socioéconomiquement défavorisés

Contexte 

Dans la lutte contre l’augmentation des maladies chroniques et de l’obésité touchant les populations, particulièrement celles défavorisées, l’une des pistes d’intervention est l’amélioration de l’environnement à l’intérieur des commerces d’alimentation. Par exemple, en zone rurale, les efforts visent à améliorer l’accès physique et économique, ainsi que la diversité des aliments de haute qualité nutritive; en zone urbaine, ils consistent à favoriser la proéminence des aliments sains dans des milieux inondés par des aliments riches en calories et pauvres en éléments nutritifs. Toutefois, les connaissances sur l’efficacité de ces stratégies dans les commerces d’alimentation au détail desservant les populations à faible revenu sont encore limitées.

Objectif 

À l’aide d’un cadre conceptuel lié aux changements de comportement, les auteurs de cette revue systématique de la littérature s’engagent à identifier et à comparer les interventions mises en œuvre dans des commerces d’alimentation en milieux socio-économiquement défavorisés.

Ce qu’on y apprend

Des 46 publications (n = 20 en zone rurale, n = 26 en zone urbaine) faisant l’objet des analyses, 18 études démontrent que les interventions mises en œuvre dans les magasins d’alimentation ont des résultats positifs sur les achats, les ventes en magasin ou la consommation d’aliments plus nutritifs.

En général, les interventions les plus efficaces en magasins sont l’initiation et la saillance. L’initiation est la technique consistant à orienter les clients par des signes vers les produits ciblés que l’on veut mettre en valeur. La saillance vise à mettre en avant les aliments sains et nutritifs en les plaçant soit à l’entrée des magasins ou à la hauteur des yeux. D’autres techniques faisant appel à des messagers, à l’influence, aux normes sociales et à des incitatifs financiers améliorent aussi les achats et l’apport d’aliments nutritifs en milieu rural. La technique du messager est liée à l’utilisation de communicateurs de confiance de la communauté. Celle de l’influence provoque des réponses émotionnelles au travers de symboles culturels pour motiver des choix alimentaires plus nutritifs (p. ex. fêtes communautaires). Le recours à des lignes directrices comme le guide alimentaire pour sensibiliser les participants à une saine alimentation est un exemple de la technique des normes sociales. Finalement, les incitatifs financiers comme les rabais ou cartes cadeaux sur des produits sains sont une autre façon d’encourager l’adoption de comportements sains. 

Fergus, L., K. Seals et D. Holston (1er juin 2021). « Nutrition Interventions in Low-Income Rural and Urban Retail Environments: A Systematic Review », Journal of the Academy of Nutrition and Dietetics, vol. 121, n° 6, p. 1087‑1114.

Politiques publiques pour réduire l’exposition et la consommation de boissons sucrées

Contexte

Les boissons sucrées contribuent significativement à l’apport en sucres ajoutés de la population et sont liées à de multiples problèmes de santé. Le Québec a mis en place le Plan d’action pour réduire la consommation de boissons sucrées et promouvoir l’eau.

Objectif

Cette revue présente un cadre pour les politiques publiques qui sont utilisées pour réduire l’exposition aux boissons sucrées et leur consommation. Pour chacune des catégories du cadre, des exemples spécifiques et des preuves d’impact sont apportés.

Ce qu’on y apprend

Le cadre identifie trois considérations transversales, soit la faisabilité, l’impact et l’équité. Les politiques publiques sont classées selon quatre catégories que voici :

  • Les politiques financières augmentent le prix des boissons sucrées comparativement aux options plus saines ou à l’inverse réduisent le prix de ces dernières. Exemples : taxes, restrictions quant aux promotions sur le prix ou le volume (p. ex. promotion « achetez-en un, obtenez-en un gratuit »), incitations à l’achat de boissons non sucrées (p. ex. réduction du prix des boissons non sucrées comparativement aux boissons sucrées).
  • Les politiques d’information visent à réduire l’exposition du public à la publicité et à la promotion des boissons sucrées ou à accroître la sensibilisation aux risques pour la santé que présentent les boissons sucrées. Exemples : mises en garde sur le devant des emballages, mises en garde sur la publicité, restrictions en matière de publicité (p. ex. aucune publicité pendant les émissions de télévision pour enfants).
  • Les politiques par défaut rendent automatique le choix d’une boisson saine. Exemple : proposer une boisson saine dans les repas pour enfants au restaurant comme option par défaut.
  • Les politiques de disponibilité diminuent l’accès aux boissons sucrées ou réduisent la taille des portions. Exemples : critères d’approvisionnement quant aux boissons offertes dans divers milieux (p. ex. cafétérias, machines distributrices, écoles, garderies, milieux de travail, hôpitaux), critères nutritionnels quant aux boissons incluses dans les programmes de coupons alimentaires, politiques relatives aux allées de caisses de divers commerces (p. ex. placement d’options plus saines dans les allées d’épiceries).

Pour ces politiques publiques, certaines preuves d’impact sont solides (p. ex. taxation des boissons sucrées, mises en garde sur le devant des emballages), d’autres émergent (p. ex. boissons saines comme option par défaut, critères d’approvisionnement dans divers milieux). Enfin, les auteurs soulignent l’importance de mettre en œuvre une combinaison de politiques publiques puisqu’aucune politique unique ne réduira la consommation de boissons sucrées.

Krieger, J., S. N. Bleich, S. Scarmo et S. W. Ng (1 avril 2021). « Sugar-Sweetened Beverage Reduction Policies: Progress and Promise », Annual Review of Public Health, vol. 42, p. 439‑461.

Alimentation et statut socioéconomique : données canadiennes

Le statut socioéconomique demeure associé à la qualité de l’alimentation des adultes canadiens

Contexte 

Au Canada, les inégalités socioéconomiques influencent la qualité de l’alimentation : les individus de plus faible statut socioéconomique ont une alimentation de moins bonne qualité. Il importe de suivre l’évolution des inégalités dans l’alimentation dans le but d’agir pour éviter qu’elles ne s’exacerbent.

Objectifs

L’objectif de cette étude est d’examiner les tendances dans les écarts et gradients dans la qualité de l’alimentation ─ évaluée à l’aide d’un score de 0 à 100 (Healthy Eating Index-2015; HEI-2015 ─ d’adultes canadiens, entre 2004 et 2015, en fonction du sexe et de trois indicateurs du statut socioéconomique (revenu du ménage; défavorisation du quartier; scolarisation). Les données utilisées proviennent d’échantillons représentatifs de la population canadienne (Enquêtes sur la santé dans les collectivités canadiennes; 2004 n = 20 880; 2015 n = 13 970).

Ce qu’on y apprend

Le score HEI-2015 moyen de la population a augmenté de 55,3 à 59,9 entre 2004 et 2015, mais cette augmentation n’est pas observée dans tous les groupes sociaux. Dans la population générale et chez les femmes, les inégalités dans la qualité de l’alimentation en fonction du revenu du ménage, du niveau d’éducation et de la défavorisation du quartier de résidence sont toujours présentes, mais sont demeurées stables. Chez les hommes, on observe que l’écart s’est creusé dans la qualité de l’alimentation selon le revenu du ménage et le niveau d’éducation.

Les groupes de niveau socioéconomique plus élevé ont maintenu une meilleure qualité de leur alimentation ou l’ont davantage améliorée, comparativement aux groupes de plus faible statut socioéconomique. Par conséquent, les auteurs suggèrent que des mesures visant à assurer un revenu suffisant ou à favoriser la scolarisation pourraient permettre de s’attaquer aux causes des inégalités qui entraînent des disparités dans la qualité de l’alimentation.

Olstad, D. L., S. Nejatinamini, C. Victorino, S. I. Kirkpatrick, L. M. Minaker et L. McLaren (2021a). « Socioeconomic inequities in diet quality among a nationally representative sample of adults living in Canada: an analysis of trends between 2004 and 2015 », Am J Clin Nutr, n° nqab249.

La qualité de l’alimentation des enfants varie encore selon le statut socio-économique

Contexte

L’équipe de chercheurs ayant publié l’article résumé ci-dessus (Olstad et collab.) a réalisé un second article, portant cette fois sur la qualité de l’alimentation des enfants au Canada.

Objectif

Tout comme l’article portant sur les adultes, cette publication a pour objectif d’évaluer l’évolution des inégalités quant à la qualité de l’alimentation selon le statut socioéconomique entre les deux enquêtes de nutrition réalisées par le gouvernement canadien (ESCC) de 2004 et de 2015. Les indicateurs socioéconomiques qui ont été employés sont la scolarité des parents, le revenu du ménage et la défavorisation du quartier. Les auteurs ont employé quatre types de mesures pour quantifier les inégalités entre les groupes : les différences absolues entre les groupes les plus favorisés et les groupes les plus défavorisés, les différences relatives, le gradient absolu et le gradient relatif.

Ce qu’on y apprend

Entre 2004 et 2015, la qualité de l’alimentation des enfants s’est améliorée puisque le score HEI-2015 est passé de 52,3 à 57,3. Cette augmentation de 5 points du score HEI-2015 représente une différence statistiquement et cliniquement significative. Toutefois, les auteurs indiquent que malgré l’augmentation de quelques points, le score HEI-2015 moyen obtenu pour les enfants correspond toujours à une alimentation de faible qualité.

En 2004 et 2015, la quantification des inégalités à l’aide des quatre mesures indiquait que la qualité de l’alimentation variait selon le revenu du ménage et le niveau de scolarisation des parents, et parfois selon le niveau de défavorisation. En effet, pour les quatre mesures d’inégalités, la qualité de l’alimentation des enfants de familles ayant un revenu élevé (5e quintile) était meilleure que celle des enfants de familles ayant un faible revenu (1er quintile). Le même constat a été fait avec les indicateurs de scolarisation des parents et de défavorisation du quartier mais, dans ce dernier cas, seulement lors de l’emploi des mesures de gradient absolu et relatif.

Entre 2004 et 2015, les inégalités quant à la qualité de l’alimentation des enfants canadiens sont demeurées stables, selon les trois indicateurs socioéconomiques.

Olstad, D. L., S. Nejatinamini, C. Victorino, S. I. Kirkpatrick, L. M. Minaker et L. McLaren (2021b). « Trends in Socioeconomic Inequities in Diet Quality between 2004 and 2015 among a Nationally Representative Sample of Children in Canada », The Journal of Nutrition, [en ligne], n° nxab297 (consulté le 14 octobre 2021).

Prévention de l’obésité

Les villes peuvent intervenir pour réduire la prévalence de l’obésité   

Contexte  

Bien que l’obésité ne se limite pas aux populations urbaines, les villes abritent plus de la moitié de la population mondiale. Par conséquent, l’accent mis sur les interventions ciblant les villes peut avoir un impact significatif sur un grand nombre de personnes touchées par l’obésité. Puisqu’elles disposent entre autres d’une infrastructure de transport et de services publics, et d’un éventail d’arts, de sports et de culture, les villes ont une gamme d’opportunités pour offrir des environnements favorables aux saines habitudes de vie en utilisant les ressources qui les caractérisent.

Objectif

L’objectif de l’étude est de recenser, dans la littérature scientifique, les interventions menées par les villes pour lutter contre l’obésité, à partir desquelles des recommandations sont formulées à l’intention des décideurs, des responsables des systèmes de santé et des dirigeants politiques des villes. La revue systématique a initialement recensé 42 137 publications liées à des actions mises en place par les villes, dont 96 ont été codées comme ayant pour objectif principal de réduire l’obésité. La majorité des publications retenues provient d’Amérique du Nord (59/96) et en particulier des États-Unis (56/96), bien qu’elles couvrent 36 villes sur 5 continents entre 1997 et 2019.

Ce qu’on y apprend  

Plusieurs actions prometteuses ont été menées par les villes, dont celles-ci :

  • Faciliter les choix sains dans les lieux publics (p. ex. éliminer ou réduire la promotion et la publicité d’aliments riches en gras, sel et sucre; augmenter l’accès physique et gratuit à l’eau et prioriser les aliments sains plutôt que les aliments malsains).
  • Créer des rues sécuritaires et actives (p. ex. limiter la circulation de véhicules autour des écoles; prioriser les aires de jeu, les piétons, les cyclistes et les transports publics).
  • Créer des écoles qui préconisent la santé (p. ex. augmenter le temps dédié à l’activité physique; limiter l’accès aux aliments malsains dans les écoles et aux alentours; éduquer les enseignants et parents sur l’importance d’un mode de vie sain; offrir un dépistage précoce de l’obésité chez les enfants et un soutien intensif aux enfants et aux parents présentant un risque élevé).

Danielli, S., T. Coffey, H. Ashrafian et A. Darzi (1 février 2021). « Systematic review into city interventions to address obesity », EClinicalMedicine, [en ligne], vol. 32 (consulté le 29 novembre 2021).

Utilisation de la technologie dans une intervention de perte de poids pour personnes aînées en situation d’obésité en milieu rural

Contexte

L’efficacité des interventions de perte de poids basées sur une restriction calorique et sur des programmes d’activité physique chez les personnes aînées de plus de 65 ans est bien établie. En dépit de leur efficacité, la mise en place de ces interventions dans les centres de soins primaires et communautaires demeure difficile. L’émergence de technologies mobiles d’information et de communication pourrait élargir le spectre des stratégies de changement comportemental disponibles, d’où l’intérêt d’évaluer la faisabilité, l’acceptabilité et l’efficacité de leur utilisation auprès des personnes aînées.

Objectifs

Cette étude pilote vise à évaluer la faisabilité, l’acceptabilité et l’efficacité de l’intégration d’un appareil Fitbit à une intervention de perte de poids multi-composante, prenant place dans un centre communautaire pour les personnes aînées en milieu rural.

Ce qu’on y apprend

  • Les 28 participants étaient âgés de 65 ans ou plus et étaient en situation d’obésité. L’intervention était composée de consultations individuelles hebdomadaires avec un nutritionniste. Elle comprenait également deux cours hebdomadaires de renforcement musculaire en groupe, menés par un physiothérapeute. Les participants se voyaient également prescrire de l’activité aérobique en dehors des cours. Ils disposaient tous d’un appareil Fitbit ainsi que d’instructions pour son utilisation.
  • Les objectifs d’inscription à l’intervention, de rétention des participants (taux d’abandon inférieur ou égal à 20 %) et d’assiduité des participants (participation à 75 % ou plus des activités) ont tous été atteints, témoignant de la faisabilité de l’intervention.
  • Une perte de poids significative, une amélioration des capacités physiques et fonctionnelles, et une amélioration de la santé physique et mentale rapportée ont été observées chez les participants à l’intervention.
  • Les impressions des participants à l’égard de l’intervention et de l’utilisation de l’appareil Fitbit étaient favorables, et la totalité des participants recommanderait l’intervention à des membres de leur famille, témoignant de l’acceptabilité de l’intervention.

Cette étude décrit une intervention multi-composantes incluant une technologie mobile auprès d’un faible nombre de participants. Les résultats de cette étude suggèrent que les appareils technologiques visant à accompagner l'activité physique pourraient être utilisés dans des interventions auprès de personnes aînées, notamment dans des contextes ruraux. Cependant, d’autres études sont nécessaires pour confirmer l’acceptabilité et l’efficacité de l’utilisation de tels appareils.

Batsis, J. A., C. L. Petersen, M. M. Clark, S. B. Cook, F. Lopez-Jimenez, R. I. Al-Nimr, D. Pidgeon, D. Kotz, T. A. Mackenzie et S. J. Bartels (1 janvier 2021). « A Weight Loss Intervention Augmented by a Wearable Device in Rural Older Adults With Obesity: A Feasibility Study », The Journals of Gerontology. Series A, Biological Sciences and Medical Sciences, vol. 76, n° 1, p. 95‑100.

Équipe Saine alimentation et mode de vie actif

Pour des questions ou des commentaires concernant cette veille scientifique, veuillez contacter Annie Gauthier à [email protected]

Les numéros précédents sont disponibles sur le site de l’INSPQ à l’adresse suivante :

https://www.inspq.qc.ca/pag/veille

Cette veille est réalisée grâce à la participation financière du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec (MSSS)


Rédacteurs

Amélie Bergeron
Maryse Caron
Gabrielle Durette 
Simon Fonteneau
Annie Gauthier
Stéphanie Lessard
Julie Maltais-Giguère

Mahado Moussa Ragueh
Joseph Ndia Nimpa
Étienne Pigeon
Éric Robitaille

Équipe Saine alimentation et mode de vie actif
Unité Habitudes de vie/Municipalités en santé
Direction du développement des individus et des communautés

Sous la supervision de

Caroline Delisle
Unité Habitudes de vie/Municipalités en santé
Direction du développement des individus et des communautés

L’inclusion des articles présentés dans ce bulletin de veille ne signifie pas leur endossement par l’Institut. Le jugement professionnel demeure essentiel pour évaluer la valeur de ces articles pour votre pratique. Cette veille a été réalisée grâce à la participation financière du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec (MSSS).