À prime abord, est-ce que le formulaire d’évaluation de l’infirmière contient des questions sur la religion?
La motivation première des autorités de santé publique ayant implanté l’ordonnance collective de contraception hormonale au Québec était d’offrir à des professionnels non médecins une formation scientifiquement complète et rigoureuse sur les différentes méthodes contraceptives. Les infirmières et les pharmaciens communautaires étaient considérés comme les plus aptes à développer ces habiletés dans le but de permettre aux femmes en bonne santé d’avoir rapidement accès à la méthode de leur choix sans devoir attendre une visite médicale souvent trop tardive.
Il est vite apparu nécessaire d’ajouter à cette formation des considérations d’ordre éthique et culturel pour faire en sorte que les femmes et les couples fassent des choix qui s’accordent à leurs valeurs et à leurs modes de vie. La société québécoise est de plus en plus diversifiée, de plus en plus renseignée aussi, de sorte qu’il n’est plus possible d’imposer une seule «vérité», même si elle est scientifiquement valable. À plus forte raison, quand on s’adresse à des femmes en bonne santé qui refusent les «traitements médicaux», à des femmes qui vivent dans des communautés culturelles très rigides, à des femmes qui ne peuvent pas toujours exercer leurs propres choix; il faut savoir adapter le counseling pour les aider à trouver la bonne solution.
Dans certaines cultures, les femmes sont encore très fortement assujetties à leur physiologie. Les menstruations, la fécondité, leur rôle dans le couple, la famille et la communauté sont soumis à des impératifs religieux dont elles ne peuvent s’affranchir. Il y a là souvent une explication à leurs difficultés et à leur incapacité, à nos yeux, de prendre une décision éclairée. Ces femmes peuvent être heurtées par notre aisance à parler de sexualité, de contrôle des naissances, de cycles menstruels. Le module 3 de la formation en contraception hormonale présente des exemples de religions dans lesquelles le rôle de la femme est défini et permet peu d’ajustements aux valeurs véhiculées dans notre société laïque.
C’est pourquoi, la formation consacre des modules à la diversité culturelle, au respect du choix et présente comme éléments essentiels du développement de la compétence, le non-jugement, le sens de l’écoute, la compréhension. Au-delà du savoir, les dimensions du savoir-faire et du savoir-être sont développées à chaque étape de la formation.
Dans l’évaluation de l’infirmière, au module 8, la méthode B.E.R.C.E.R. qui intègre ces trois dimensions est proposée. Cette méthode permet à l’infirmière d’adapter son entrevue en planning familial aux circonstances que vit la personne qu’elle rencontre, sans que le formulaire d’évaluation de l’infirmière n’ait à contenir toutes les questions pertinentes.