Complexité intellectuelle du travail et risque de démence : l'Étude sur la santé et le vieillissement au Canada

Edeltraut Kröger
Danielle Laurin, Andel Ross, Joan Lindsay,
Zohra Benounissa, René Verreault

Contexte :
Des recherches antérieures suggèrent que des caractéristiques intellectuelles du travail peuvent être associées à la démence ou à la maladie d'Alzheimer (MA). La présente étude visait à évaluer l'association entre la complexité intellectuelle du travail concernant les données, les personnes et les objets et l'incidence de la démence ou de la MA dans l'Étude sur la santé et le vieillissement au Canada (ESVC). L'ESVC est une étude multi-centrique de population d'une durée de 10 ans, sur un échantillon représentatif de 10,263 personnes âgées de 65 ans et plus.

Méthode :
Une histoire occupationnelle à vie était collectée en début d'étude, permettant l'application des scores de complexité du travail. Les analyses de régression de Cox avec l'âge comme échelle de temps incluaient 3 557 sujets, dont 400 cas incidents de démence, y compris 299 cas incidents de MA.

Résultats :
Selon des modèles de Cox ajustés pour le sexe, l'éducation et une gamme de facteurs de confusion, les sujets avec une complexité élevée du travail principal concernant les personnes ou les objets avaient un risque diminué de démence (rapports de risque de 0.66 (intervalle de confiance (IC) de 95 % : 0.44; 0.98) et 0.72 (IC à 95 % : 0.52; 0.99) respectivement. Pour la MA les réductions de risque n'étaient pas significatives. Il y avait des réductions plus fortes et significatives du risque de démence et de MA parmi ceux pour qui la durée du travail principal était supérieure à la médiane de 23 ans. Cependant, dans ce dernier groupe la complexité élevée concernant les données augmentait le risque de démence et de MA.

Conclusion :
Une complexité intellectuelle élevée du travail principal semble associée au risque de démence ou de MA, mais les effets peuvent varier selon la durée de l'emploi et le type de complexité.