Estimation des impacts sanitaires du chauffage résidentiel au bois dans le quartier de Rivière-des-Prairies à Montréal

Stéphane Buteau, Audrey Smargiassi
 

Contexte :
Le chauffage résidentiel au bois constitue une des principales sources de pollution atmosphérique au Québec. Sur l’île de Montréal, une hausse significative de la concentration moyenne journalière de particules fines (PM2,5) a été observé en hiver dans le quartier résidentiel de Rivière-des-Prairies (RDP). Ce secteur présente une forte densité de poêles (ou foyers) à bois et serait faiblement affecté par les émissions industrielles et la circulation automobile. Du point de vue de la santé, une augmentation de la concentration journalière de PM2,5 est associée à plusieurs effets cardiorespiratoires. Le présent projet, issu d’une collaboration entre l’INSPQ et la Direction de la santé publique de l’Agence de la santé et des services sociaux de Montréal, visait à quantifier les impacts sanitaires de l’utilisation des poêles à bois pour le secteur de RDP.

Méthode :
L’estimation des impacts sanitaires de la pollution atmosphérique s’effectue à partir des fonctions concentration-réponse tirées des études épidémiologiques, du changement de la concentration du polluant dans l’air, du taux d'événements de santé et de la population exposée dans la zone étudiée. Le modèle de simulation Air Quality Benefits Assessment Tool (AQBAT) développé par Santé Canada a été utilisé pour les calculs.

Résultats :
Selon les niveaux saisonniers de PM2,5 mesurés à deux autres stations d’échantillonnage de l’île de Montréal, la hausse de la concentration moyenne journalière de PM2,5 attribuable aux poêles à bois en hiver à RDP a été évaluée entre 0,9 et 2,8 µg/m³. Pour la population de RDP (environ 34 000 habitants), une telle augmentation du niveau de PM2,5 occasionnerait en moyenne pour une année donnée, approximativement 1000 à 3100 jours de symptômes respiratoires aigus, 29 à 92 jours de symptômes d’asthme, 700 à 2100 jours d’activités réduites, 4 à 11 cas de bronchite aiguë infantile et jusqu’à 2 décès prématurés.

Conclusion :
Les impacts sanitaires ont été estimés pour une petite population. Il importe de mentionner que la relation entre l’exposition aux PM2,5 et les effets sanitaires serait linéaire et sans seuil d’innocuité; conséquemment toute réduction des concentrations de PM2,5 serait bénéfique pour la santé publique.