Épidémiologie de la maladie de Lyme au Québec de 2004 à 2010

Mahmoud Khodaveisi, François Milord, Louise Lambert
 

Contexte :
La maladie de Lyme (ML), une zoonose transmise par une tique, est en émergence au Canada. Elle est à déclaration obligatoire au Québec depuis novembre 2003. Depuis 2008, des cas ont été diagnostiqués chez des personnes n’ayant pas voyagé à l’extérieur de la province. La description complète des cas de cette maladie n’a pas été faite jusqu'à maintenant. L’objectif de cette étude était de décrire l’incidence, les manifestations cliniques et les facteurs de risque de la ML au Québec chez les cas signalés du 1er janvier 2004 au 31 décembre 2010.

Méthode :
Une copie des dossiers de tous les cas (confirmé, probable et non-retenu) de ML signalés aux directions de santé publique a été demandée. Une grille standardisée a été utilisée pour la collecte de données. Les dossiers ont été reclassés selon la définition nosologique québécoise de 2010 (cas confirmé ou probable). Une catégorie de «cas possible» a été créée pour les signalements comportant au moins un symptôme compatible accompagné d’un élément complémentaire (histoire de piqûre de tique ou de voyage en région endémique, EIA de dépistage positif).

Résultats :
Parmi les 108 cas signalés, 88 ont été retenus dont 49 cas confirmés, 22 probables et 17 possibles. Le nombre annuel de cas augmente progressivement, l’incidence passant de 0,01/100 000 en 2004 à 0,28/100 000 en 2008. Un érythème migrant, une arthrite ou une paralysie faciale ont été retrouvés chez respectivement 78 %, 20 % et 13 % des cas. La majorité résidaient à Montréal ou en Montérégie. Une histoire de voyage dans une région endémique est présente chez 76 % d’entre eux. Parmi les cas probables et possibles, 23 ont été acquis au Québec, surtout en Montérégie.

Conclusion :
Les caractéristiques cliniques des cas québécois sont similaires à celles observées aux États-Unis. Le sud ouest du Québec est à risque pour cette maladie dû à la proximité géographique des zones endémiques en Ontario et au nord est des États-Unis. Cette étude permettra de prendre de meilleures décisions pour la surveillance, la prévention et le contrôle de la ML au Québec.