13 février 2012

La promotion du dépistage de l’arsenic dans les puits privés

Publication

Au Québec, les directions de santé publique effectuent des campagnes de promotion de la santé dans le but d’influencer les comportements de leur population. La promotion du dépistage de contaminants dans l’eau potable de puits privés offre un exemple de campagne menée au sein d’équipes de santé environnementale, à l’échelle d’une région. Comment s’assurer toutefois que les efforts déployés ont un effet et en vertu de quels paramètres? L’article de Renaud et coll. apporte quelques réponses à ces questions, à partir d’une évaluation de l’efficacité de stratégies de communication visant l’adoption d’un comportement de protection de la santé. Le comportement visé concerne le dépistage de l’arsenic chez les propriétaires de puits privés en Estrie, une région où ce contaminant est naturellement présent dans le sol (Renaud J, Gagnon F, Michaud C, Boivin S. Evaluation of the effectiveness of arsenic screening promotion in private wells : a quasi-experimental study, Health Promotion International : 2011 : 26(4) : 465-475).

Pour mieux comprendre l’impact de cette campagne, les chercheurs ont comparé deux types d’intervention, soit une campagne médiatique à l’échelle régionale suivie ou non par une campagne ciblée localement. Les moyens de communication utilisés différaient selon l’échelle territoriale. Par exemple, la campagne médiatique régionale s’appuyait sur un communiqué de presse suivi d’entrevues et d’articles publiés dans les journaux ainsi que sur la diffusion d’un dépliant sur le dépistage accessible sur le site web de la direction de santé publique. Une fois la campagne médiatique achevée, une intervention de communication était mise en place au sein d’une localité. Basée sur le modèle d’intervention precede-proceed développé par Green et Kreuter, l’intervention locale reposait sur les facteurs plus spécifiques identifiés comme ayant un impact sur le changement de comportement, soit les facteurs prédisposants, facilitants et de renforcement. Concrètement, les moyens utilisés allaient notamment de la remise par la poste d’un feuillet d’information préparé par la santé publique après validation effectuée localement, d’un rappel envoyé par la municipalité avec son compte de taxes, d’une sensibilisation des médecins du territoire ou d’autres travailleurs de la santé et enfin de rabais offerts par le laboratoire local accrédité pour offrir des analyses d’arsenic. La mobilisation des partenaires locaux était donc indispensable à la mise en place de ces divers moyens.

L’analyse montre une proportion significativement plus élevée de propriétaires de puits privés qui ont procédé à un dépistage d’arsenic dans leur puits (16  %) après avoir été sensibilisés par les deux campagnes (régionale et locale) comparativement à ceux exposés à la campagne médiatique uniquement, que ce soit régionalement (6 %, p=0,015) ou même localement, préalablement à l’intervention ciblée (4 %, p=0,004). L’article présente également les résultats des analyses qui ont porté plus spécifiquement sur l’identification des déterminants de ce comportement.

Les résultats de cette étude font ressortir l’efficacité de combiner plus d’un mode de communication pour rejoindre la population et pour l’inciter à adopter un changement de comportement profitable à la santé. Ils mettent également en lumière l’importance d’utiliser un modèle reconnu pour la planification d’un changement de comportement afin de guider la démarche. [CL]