Qualité des eaux récréatives au Québec : piscines, pataugeoires et jeux d'eau

Ce feuillet s’adresse aux personnes et aux organisations œuvrant dans le domaine des eaux récréatives incluant, sans s’y limiter, les exploitants, les organisations gouvernementales telles que les municipalités et les ministères, ainsi que les associations.

L’information qu’il contient provient de deux rapports produits par l’INSPQ, soit :


D’où provient la contamination ?

Sources potentielles

Les sources potentielles de contamination de l’eau des piscines, des pataugeoires et des jeux d’eau sont les suivantes :

  • Les usagers et leurs comportements (p. ex. hygiène, incidents fécaux, vomissements, affections cutanées, savon, crème solaire).
  • La présence de biofilms.
  • La manipulation des produits de désinfection.
  • La réaction des produits de désinfection avec les matières organiques et inorganiques.
  • La présence d’animaux tels que les oiseaux pour les piscines extérieures.
  • Les microorganismes libres naturellement présents qui peuvent se retrouver dans l’eau des piscines, ainsi que dans les systèmes de chauffage, de ventilation et de climatisation, de même que sur les surfaces mouillées.

Conditions qui favorisent la contamination

En ce qui concerne les piscines, les types de traitement de l’eau (p. ex. ozonation, filtration, chloration), la manipulation des produits de désinfection et les défaillances dans les mesures de contrôle appliquées telles qu’une panne du système de traitement peuvent influencer la qualité de l’eau ainsi que de l’air intérieur des installations. La conception, l’opération et l’entretien des installations, notamment par l’hygiène des lieux et l’opération des systèmes de ventilation, peuvent aussi avoir un impact sur les contaminants présents.

Les pataugeoires sont des bassins d’eau peu profonds. Leurs petits volumes d’eau par rapport au nombre d’occupants compliquent la désinfection. Les jeux d’eau se présentent comme des installations artificielles où l’eau est aspergée ou vaporisée sur les usagers. Ceux à recirculation sont plus vulnérables à la contamination, l’eau recueillie étant traitée et réutilisée. Les pataugeoires et les jeux d’eau sont surtout fréquentés par de jeunes enfants, dont l’hygiène peut être limitée et dont certains portent des couches, ce qui peut rendre l’eau particulièrement vulnérable à la contamination d’origine humaine. De plus, les enfants ont tendance à avaler plus d’eau, ce qui les expose davantage au risque de transmission de pathogènes potentiellement présents dans l’eau.


Quels sont les risques à la santé?

Portrait des éclosions rapportées au Québec

La qualité de l’eau des piscines, des pataugeoires et des jeux d’eau a été associée à 29 éclosions impliquant 171 personnes au Québec entre 2005 et 2016. Parmi ces éclosions, une seule serait survenue dans une pataugeoire et deux dans des parcs récréatifs.

La majorité des éclosions rapportées en lien avec la qualité de l’eau des piscines, des pataugeoires et des jeux d’eau ont été associées à un contaminant de nature chimique, principalement le chlore et les chloramines. En effet, seulement six éclosions ont impliqué un contaminant de nature infectieuse. Les microorganismes soupçonnés étaient notamment Cryptosporidium sp., Pseudomonas aeruginosa, Staphylococcus sp. et Streptococcus sp.

Les raisons les plus fréquemment mentionnées comme étant à l’origine de la contamination sont principalement le mauvais fonctionnement ou le manque d’entretien de la piscine ou de la pataugeoire. D’autres causes ont également été évoquées, notamment des lacunes dans les mesures d’hygiène, un système de traitement défectueux ou inadéquat et un déversement accidentel.

Risques associés aux trichloramines

Les trichloramines sont un sous-produit de la désinfection de l’eau. Comme les trichloramines sont très volatils, ils se retrouvent surtout dans l’air des installations de piscines intérieures. Lorsque les désinfectants, comme le chlore, sont ajoutés à l’eau, ils réagissent rapidement avec les matières organiques et inorganiques présentes dans l’eau pour former des sous-produits de désinfection, comme les trichloramines. Ces matières organiques et inorganiques dans l’eau proviennent principalement des baigneurs et incluent, par exemple, les sécrétions humaines (p. ex. : sueur, urine, selles, poils, cheveux, peaux mortes) ainsi que les produits de soins personnels.

Les trichloramines sont reconnus pour causer des problèmes de santé respiratoires et irritatifs, notamment aux yeux. Les nageurs de haut niveau et les travailleurs de piscine, dont les sauveteurs, présentent un risque accru, car ils passent beaucoup de temps dans les installations de piscine intérieure et s’exposent ainsi davantage aux trichloramines présents dans l’air.

Risques associés aux microorganismes d’origine fécale

En raison des comportements des usagers (p. ex. incident fécal, baignade en présence de symptômes de gastro-entérites), l’eau des piscines, des pataugeoires et des jeux d’eau peut être contaminée par des virus, des bactéries ou des parasites microscopiques d’origine fécale.

Au cours des dernières années aux États-Unis, ce sont davantage les agents microbiologiques d’origine fécale qui ont été le plus souvent impliqués dans les éclosions liées aux piscines, aux pataugeoires et aux jeux d’eau. En effet, la majorité des éclosions rapportées comme étant associées aux eaux récréatives aux États-Unis ont été causées par Cryptosporidium spp, un parasite microscopique. Une des principales raisons expliquant sa forte prévalence est sa grande tolérance au chlore, qui lui permet de persister longtemps dans les eaux récréatives mêmes si elles sont traitées adéquatement. Au Québec, seulement deux éclosions à Cryptosporidium spp., survenues récemment (2014 et 2015), ont été associés aux piscines. D’autres contaminants d’origine fécale ont été à l’origine d’éclosions associées à l’eau des bassins traités aux États-Unis, dont des virus (p. ex. norovirus) et des bactéries (Escherichia coli, Shigella). Il est présumé que les éclosions associées aux contaminants d’origine fécale dans les piscines sont sous-déclarées au Québec.

Les symptômes d’une infection à ce type de microorganisme comprennent généralement des diarrhées, des nausées et parfois même de la fièvre. La maladie peut également perdurer longtemps; les symptômes associés à Cryptosporidium spp., par exemple, peuvent s’échelonner sur une période allant d’une semaine à un mois.

Risques associés aux microorganismes d’origine non fécale

Des bactéries d’origine non fécale peuvent aussi se retrouver dans l’eau et causer des effets sur la santé des baigneurs. Par exemple, selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) en France, la majorité des otites externes contractées dans les piscines seraient liés à Pseudomonas aeruginosa. Cette même bactérie ainsi que d’autres genres (p. ex. Aeromonas spp., mycobactéries non tuberculeuses) peuvent aussi causer des infections de plaies. En particulier, Mycobacterium marinarum peut causer le granulome des piscines, qui se caractérise par des lésions aux coudes et aux genoux.


Comment prévenir les risques à la santé?

Conseils aux baigneurs

  • Ne pas avaler l’eau
  • Utiliser la toilette avant la baignade, en particulier pour les enfants.
  • Prendre une douche avec du savon avant la baignade afin de retirer la sueur, les produits cosmétiques, les traces d’urines et de selles. Une attention particulière devrait être portée au nettoyage de la région péri-anale, en particulier pour les très jeunes enfants. Une douche de 60 secondes permettrait de retirer la majorité des polluants présents sur la peau.
  • Éviter la baignade en présence de symptômes de gastro-entérite et une semaine après leur disparition. Dans le cas d’une cryptosporidiose, l’évitement de la baignade devrait être d’au moins deux semaines après la disparition des symptômes.
  • Porter un bonnet de bain afin de limiter l’introduction de cheveux dans l’eau et porter des sandales dans les douches et les vestiaires.
  • Éviter la baignade en présence d’une conjonctivite ou d’infection contagieuse de la peau.
  • En présence de plaies ouvertes, les protéger de manière appropriée ou éviter de se baigner.
  • Éviter les produits cosmétiques.

Baignade et écrans solaires

Dans les piscines extérieures, la présence d’écran solaire dans l’eau est une problématique qui, en plus de contribuer à la formation de sous-produits de désinfection, réduit l’efficacité de la désinfection de l’eau. Or, l’application d’écran solaire est une mesure importante de protection contre les rayons ultraviolets (UV) qui peuvent causer le cancer de la peau. Dans ce contexte particulier, il suffit d’appliquer l’écran solaire 30 minutes avant l’exposition au soleil et de prendre une douche sans savon avant d’entrer dans l’eau afin de réduire la matière organique et inorganique, de même que l’excédent d’écrans solaires présents sur le corps, tout en conservant la protection contre les UV.

Comportements à promouvoir aux parents de jeunes enfants

  • Vérifier la couche de l’enfant régulièrement, soit aux 30 à 60 minutes.
  • Ne pas changer de couches sur la promenade de la piscine.
  • Bien se laver les mains après les changements de couches.
  • S’assurer que les jeunes enfants prennent régulièrement des pauses pour aller à la toilette.

Si les jeunes enfants sont admis dans le bassin, une couche-maillot adaptée est requise ou recommandée, selon les organisations consultées. Il faut noter cependant que ces couches-maillots ne préviennent pas complètement les fuites; elles permettent plutôt de réduire la libération de matières fécales.

Mesures de contrôle

Il est de mise d’agir à plusieurs niveaux afin de mieux prévenir les risques associés à la qualité de l’eau des piscines, des pataugeoires et des jeux d’eau.

D’abord, il importe de bien contrôler l’introduction de matières organiques et inorganiques dans l’eau des bassins. Pour ce faire, l’entretien adéquat des lieux ainsi que la sensibilisation des baigneurs sur les bons comportements à adopter sont des exemples de mesures importantes de prévention (voir section 3.1).

D’autres mesures à privilégier incluent une bonne gestion du traitement de l’eau. En effet, la gestion des désinfectants dans les bassins artificiels est complexe au regard de la santé. Les concentrations de désinfectants doivent être suffisamment élevées pour réduire ou éliminer la contamination microbiologique et assez faibles afin de limiter la formation de sous-produits de désinfection, en particulier dans les piscines intérieures. Divers moyens peuvent être mis en œuvre pour bien contrôler le dosage des produits de désinfection tels que la formation adéquate des opérateurs et l’utilisation de systèmes automatisés pour le dosage des désinfectants et le suivi des concentrations de chlore et du pH.

Enfin, assurer une bonne ventilation des installations est une mesure importante afin de réduire les concentrations de contaminants présents dans l’air intérieur tels que les trichloramines. En effet, le fait que les installations soient couvertes entraîne un effet « d’emprisonnement » des contaminants émis dans l’air. La ventilation permet d’expulser l’air « vicié » à l’extérieur et de faire entrer de l’air frais provenant de l’extérieur. Ce processus a ainsi pour effet de diluer les contaminants présents dans l’air intérieur des bassins couverts.

La qualité de l’eau des piscines, des pataugeoire et des jeux d’eau (sauf exceptios) est soumise au Règlement sur la qualité de l’eau des piscines et autres bassins artificiels (RQEPABA). Le RQEPABA établit les exigences liées à la qualité de l’eau des piscines et autres bassins artificiels intérieurs ou extérieurs, notamment en ce qui concerne la fréquence des échantillonnages, des analyses à effectuer et des mesures à prendre en cas de non-conformité. Les installations visées sont accessibles au public en général ou à un groupe restreint du public, de même qu’aux résidants d’immeubles et leurs invités. Les exploitants sont ainsi tenus d’appliquer le RQEPABA et d’assurer une eau de baignade de qualité aux usagers.

S’informer de la qualité de l’eau

Les usagers intéressés peuvent s’informer de la qualité de l’eau en consultant le registre des résultats d’analyse disponible sur le site de baignade. En effet, en vertu du RQEPABA (article 22), les exploitants doivent afficher les résultats d’analyse de la qualité de l’eau (p. ex. désinfectant résiduel, pH, température) des 30 derniers jours de manière à ce que toute personne intéressée puisse en prendre connaissance.

Le registre des résultats de qualité de l’eau doit aussi être conservé au minimum deux ans et le tenir à la disposition du ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques et du directeur de santé publique régional (article 22).


Où puis-je trouver davantage d’information?