8 juillet 2012

Qualité de l’air ambiant à Shawinigan

Publication

La Direction de santé publique de la Mauricie et du Centre-du-Québec a publié en février 2012 un rapport intitulé « Évaluation du risque pour la santé associé à la qualité de l’air ambiant à Shawinigan ». Réalisés en collaboration avec l’Institut national de santé publique du Québec et le ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs, ces travaux ont ciblé plus spécifiquement les secteurs Saint-Marc, Christ-Roi, Sainte-Croix et L’Assomption, connus historiquement pour leurs activités industrielles.

Les principaux contaminants atmosphériques qui ont retenu l’attention dans le cadre de cette étude sont le dioxyde de soufre (SO2), les particules en suspension et les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) parce que ceux-ci sont susceptibles d’avoir un impact sur la santé de la population. Le SO2 peut causer des irritations de la gorge et du nez, alors que les particules en suspension, particulièrement les particules fines (PM2,5), peuvent affecter les systèmes respiratoire et cardiovasculaire. Les HAP regroupent quant à eux une centaine de substances dont certaines sont considérées cancérigènes pour l’homme. Ces composés sont associés à la production d’aluminium, mais peuvent également être liés à d’autres sources comme le transport et le chauffage au bois.

État de situation sur la qualité de l’air

L’analyse des résultats de surveillance montre que la qualité de l’air s’est globalement améliorée au cours des trente dernières années. Ces progrès seraient notamment attribuables au déclin de l’industrie lourde dans ce secteur ainsi qu’aux améliorations technologiques apportées aux procédés de production ainsi que pour réduire la pollution. Globalement, les concentrations des différents contaminants mesurés (SO2, particules en suspension totales (PST), particules inhalables (PM10) et particules fines (PM2,5)) sont en baisse. Quant au benzo(a)pyrène, une grande variabilité des résultats fait en sorte qu’il n’est pas possible de se prononcer sur la tendance depuis 1995. De façon générale, les moyennes pour les paramètres mesurés pour le secteur à l’étude se comparent à celles d’autres régions industrielles du Québec ou à des régions urbanisées. Les pointes de PM2,5 sont néanmoins parmi les plus élevés mesurées en 2008 au Québec et le benzo(a)pyrène présente les résultats moyens et médians les plus élevés des stations de mesure du Québec.

Évaluation du risque pour la santé humaine

Afin d’estimer le risque pour la santé humaine, l’outil AQBAT (Air Quality Benefits Assessment Tool) a été utilisé par l’INSPQ[1]. Celui-ci fournit une estimation des excès de mortalité et de morbidité associés à la mauvaise qualité de l’air ambiant. À la lumière de cette évaluation, il apparaît que l’exposition aiguë au PM2,5 serait responsable de plus de bronchites aiguës infantiles, de jours de symptômes d’asthme et de jours d’activités réduites, alors que l’exposition chronique à ce contaminant serait responsable de plus de décès prématurés. Pour sa part, l’exposition durant une vie au benzo(a)pyrène pourrait entraîner des excès de cancer pour la population de Shawinigan. Toutefois ces excès demeurent marginaux par rapport au risque global de développer un cancer au cours de sa vie.

Les auteurs se sont également attardés au portrait sociosanitaire de la population à l’étude qui, vraisemblablement, se distingue de celui de l’ensemble du Québec. La municipalité de Shawinigan présente des excès de mortalité pour plusieurs causes dont les maladies de l’appareil respiratoire et circulatoire, le cancer du poumon, ainsi que de nombreux problèmes de santé tels que les maladies du système nerveux et le suicide. Bien que la qualité de l’air puisse influencer l’état de santé de la population, elle ne peut à elle seule expliquer les excès observés qui pourraient aussi être attribuables à d’autres facteurs tels que la présence plus importante de personnes âgées en hébergement ou le taux de défavorisation.

Conclusion

Les constats de cette étude amène la Direction de santé publique de la Mauricie et du Centre-du-Québec et ses principaux partenaires (réseau local de santé et de services sociaux, ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs, Ville de Shawinigan, Aluminerie RTA de Shawinigan et Environnement Canada) à se mobiliser pour entreprendre des actions qui permettront de réduire l’exposition à long terme de la population à la pollution (PM2,5 et HAP) et de protéger les personnes plus vulnérables lors des épisodes de pollution aiguë. Les efforts poursuivis pour améliorer l’état de santé de la population devront toutefois prendre en compte un large éventail de facteurs de risque incluant les habitudes de vie et les conditions socio-économiques. L’implication de la population et son information apparaissent comme des éléments clés dans la gestion de ce risque. [KC]


[1] BOUCHARD, M. et A. SMARGIASSI (2008). Estimation des impacts sanitaires de la pollution atmosphérique au Québec : utilisation du Air Quality Benefits Assessment Tool (AQBAT), Direction des risques biologiques, environnementaux et occupationnels, Institut national de santé publique du Québec.