Effets potentiels des PFAS sur la santé (fiche technique)

L’exposition à long terme à certaines PFAS peut être associée à des effets sur la santé comme la diminution de la réponse immunitaire à la vaccination, la dyslipidémie, la baisse du poids de naissance et l’augmentation du risque de cancer du rein. Il subsiste à ce jour des incertitudes concernant la probabilité d’occurrence et la gravité de ces effets selon le niveau d’exposition. L’état des connaissances évolue constamment.

Mises en garde sur l’état actuel des connaissances

  • Le PFOA et le PFOS sont les deux composés les plus étudiés. Quant aux connaissances relatives aux effets potentiels sur la santé d’autres composés perfluorés, elles sont moins approfondies. Face à cette incertitude, les PFAS sont abordées dans cette fiche comme une seule classe de composés. Par ailleurs, il est possible que les différentes PFAS ne présentent pas les mêmes propriétés toxicologiques. Les associations observées entre l’exposition à un composé et les effets sur la santé ne se transposent pas nécessairement à toutes les PFAS.
  • Il manque encore de données pour bien caractériser les effets sur la santé des mélanges de composés et pour les distinguer de ceux des composés pris séparément.
  • Les problèmes de santé associés aux PFAS sont également liés à de nombreux facteurs de risque documentés et caractérisés (génétique, habitudes de vie, exposition à des contaminants environnementaux, etc.), d’où la difficulté à départager la contribution spécifique des PFAS.
  • L’état actuel des connaissances ne permet pas de prédire l’apparition d’une maladie sur la base du dosage biologique individuel de PFAS. De plus, bien que le risque d’effets sur la santé semble augmenter à des dosages plus élevés, il n’est pas encore possible de caractériser avec précision la forme de la relation dose-réponse des PFAS les plus étudiées et leurs effets sur la santé.
  • Quoique certaines études épidémiologiques montrent des associations entre l’exposition aux PFAS et divers effets sur la santé, les limites intrinsèques à ces recherches empêchent pour l’instant d’établir avec certitude une relation de causalité.
  • Les études épidémiologiques qui se penchent sur un même problème de santé présentent parfois des résultats variables ou même contradictoires, ce qui peut s’expliquer par plusieurs facteurs : méthodologies variables dans les mesures d’exposition (surtout des mesures sériques de PFAS et parfois une modélisation de l’exposition) et d’effets sur la santé; populations d’études différentes (travailleurs d’usine produisant des PFAS, populations habitant à proximité d’un lieu hautement contaminé ou population générale) et présence de biais ou résultats comportant une variation aléatoire. Selon les organismes consultés, l’appréciation du niveau de preuve des effets potentiels sur la santé peut varier.

Effets d’une exposition aiguë

Il n’y a pas d’étude humaine rapportant des effets à court terme liés à une exposition aiguë aux PFAS (Agency for Toxic Substances and Disease Registry [ATSDR], 2021). En effet, à la connaissance des auteurs de la présente fiche, des situations d’exposition accidentelle ou non de plus courte durée à des niveaux très élevés (par exemple l’ingestion massive de la substance pure) ne sont pas documentées chez les humains dans la littérature scientifique. Cette fiche se penche pour sa part sur l’exposition chronique à de plus bas niveaux de PFAS.

Effets d’une exposition chronique et effets cancérogènes

Les quatre effets potentiels sur la santé ayant un niveau de preuve jugé suffisant par les National Academies of Sciences, Engineering, and Medicine (NASEM) sont la diminution de la réponse immunitaire à la vaccination, la dyslipidémie, la baisse du poids de naissance et l’augmentation du risque de cancer du rein.

La littérature scientifique portant sur les PFAS et leurs effets potentiels sur la santé est abondante et elle s’enrichit continuellement. Les effets étudiés sont des maladies ou encore des réponses physiologiques aux répercussions cliniques parfois incertaines. De nombreux organismes de référence ont révisé les données humaines et animales relatives aux PFAS. Parmi ces organismes, les NASEM (2022) ont, de leur côté, effectué une synthèse critique des données disponibles en révisant les documents produits par les grands organismes de santé publique (ATSDR, NASEM, National Toxicology Program [NTP], European Food Safety Authority [EFSA], United States Environmental Protection Agency [U.S. EPA], C8 Science Panel, Centre international de Recherche sur le Cancer [CIRC], Organisation de coopération et de développement économiques [OCDE]) et les études épidémiologiques les plus récentes. Leur classification des effets potentiels des PFAS sur la santé est reprise plus loin dans la présente fiche.

Compte tenu des différentes méthodes de synthèse et d’appréciation de la preuve scientifique, le degré de certitude attribué aux divers effets peut varier selon les organismes consultés.

Études épidémiologiques humaines

De nombreuses études épidémiologiques démontrent une association entre l’exposition aux PFAS et une réduction de la réponse immunitaire adaptative (production d’anticorps) à certains vaccins, entre autres à ceux contre la diphtérie et le tétanos (NTP, 2016; NASEM, 2022). Quoique ces données indiquent une atteinte du système immunitaire, elles ne permettent pas de tirer des conclusions quant à la signification clinique pour l’efficacité vaccinale ou pour la fréquence de ces maladies évitables par la vaccination dans la population. Il faut mener davantage de recherches à ce sujet. De plus, même si quelques études font état d’une association possible entre la perturbation de la réponse immunitaire liée aux PFAS et un risque accru de certaines infections, entre autres les infections respiratoires rapportées par les personnes concernées, les données à cet effet demeurent limitées et les résultats sont variables (ATSDR, 2021). Nombre d’études ne démontrent en effet aucune association entre les PFAS et le risque de contracter une maladie infectieuse (NASEM, 2022; ATSDR, 2021).

Certaines études épidémiologiques font ressortir une association positive entre les PFAS et la dyslipidémie (trouble des lipides sanguins), particulièrement en ce qui concerne la hausse du cholestérol total. Il faut cependant tenir compte des limites de quelques-unes de ces études, soit la variabilité des mesures de lipides sanguins (cholestérol total, LDL, HDL ou triglycérides), l’hétérogénéité des populations exposées et la nature transversale des associations (NASEM, 2022). De plus, une variabilité considérable de la force d’association mesurée entre les études est observée (ATSDR, 2021). Les données actuelles ne permettent pas par ailleurs d’établir un lien entre l’exposition aux PFAS et le risque de présenter des maladies cardiovasculaires (ATSDR, 2021; EFSA, 2020). Enfin, les données portant sur d’autres effets cardiométaboliques (diabète, obésité, hypertension artérielle hors grossesse) restent pour l’instant insuffisantes en vue de démontrer une association avec l’exposition aux PFAS (NASEM, 2022; EFSA, 2020).

Diverses études épidémiologiques ont associé l’exposition maternelle aux PFAS à une faible réduction du poids de naissance des bébés. Quoique cette association peut partiellement s’expliquer par des facteurs de confusion liés à la grossesse, par exemple la modification de la fonction rénale et du volume plasmatique (EFSA, 2020), et que la force d’association varie entre les études, les résultats des diverses études convergent et suggèrent une telle association (NASEM, 2022).

Sur la base des études épidémiologiques réalisées tant dans des populations de travailleurs que dans la population générale, les NASEM rapportent une association entre une plus grande exposition aux PFAS et le cancer du rein (NASEM, 2022; ATSDR, 2021). Toutefois, le niveau de preuve est considéré comme plus limité pour l’association entre les PFAS et d’autres types de cancers – testicule, prostate et sein (NASEM, 2022). La petite taille de l’échantillon de certaines études, l’hétérogénéité des mesures d’exposition et la variabilité des résultats sont des exemples de facteurs qui limitent la capacité à porter des conclusions sur ces effets potentiels.

De nombreux autres organismes de santé publique se sont prononcés sur le potentiel cancérogène des PFAS. Par exemple, le CIRC de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a publié le résumé des résultats de son évaluation pour deux substances à la fin de 2023 (CIRC, 2023). Bien que les données d’études humaines sur le risque cancérogène associé à l’exposition aux PFAS (reins et testicules) soient considérées comme limitées, le groupe de travail a qualifié le PFOA de substance cancérogène pour l’humain (groupe 1) sur la base de données animales suffisantes et de preuves mécanistiques jugées fortes. Par ailleurs, le PFOS a été classé dans le groupe 2B, c’est-à-dire dans celui des substances possiblement cancérogènes, sur la base de preuves mécanistiques fortes, de données animales limitées et de données humaines inadéquates. D’autres organismes ont également examiné le risque cancérogène des PFAS (EFSA, 2020; ATSDR, 2021). Même si leur méthode de classification n’est pas la même que celle du CIRC, un constat similaire en ressort, soit que les données laissent croire à un potentiel cancérogène, mais qu’elles sont insuffisantes pour en tirer des conclusions de manière définitive.

Nombre d’autres effets potentiels des PFAS sur la santé ont été étudiés. La robustesse des données appuyant leur association avec l’exposition aux PFAS est cependant variable. Les NASEM attribuent ainsi un niveau de preuve jugé limité ou suggestif à ces données. Par exemple, bien que des données suggestives soient disponibles pour l’association entre l’exposition aux PFAS et l’altération des enzymes hépatiques, la dysfonction thyroïdienne, l’hypertension gestationnelle et la colite ulcéreuse, il n’est pas possible de conclure de manière définitive à ces liens, compte tenu des diverses limites des études (NASEM, 2022; ATSDR, 2021).

Enfin, la littérature scientifique rapporte parfois des associations avec de nombreux autres effets sur la santé, mais le niveau de preuve est inférieur. Par exemple, certaines études épidémiologiques font une association entre les PFAS et la ménopause précoce ainsi qu’entre les PFAS et la diminution de la fonction rénale. Toutefois, les associations observées pour ces deux problèmes de santé pourraient être imputables à un phénomène de causalité inverse (ASTDR, 2021; EFSA, 2020), c’est-à-dire que la ménopause précoce entraînerait une hausse des niveaux de PFAS à la suite d’une baisse de leur élimination après l’arrêt des menstruations. Ainsi, les NASEM estiment comme étant inadéquates ou insuffisantes les données épidémiologiques pour ces effets et de nombreux autres (asthme, infertilité, troubles neurodéveloppementaux, diminution de la densité minérale osseuse, etc.).

Pour une analyse détaillée et à jour de l’ensemble des effets potentiels sur la santé soulevés dans la littérature scientifique et par les divers organismes de santé publique, la consultation des dernières versions des documents mentionnés en référence est fortement suggérée.

Études animales

L’impact des PFAS sur la santé a également été considéré dans plusieurs études animales. L’exposition aux PFAS a été associée à de nombreux effets, mais pour des niveaux d’exposition souvent nettement supérieurs à ceux de la population humaine générale (ATSDR, 2021). De plus, comme pour les études humaines, les connaissances sont plus étendues pour le PFOA et PFOS. Les associations les plus fréquemment rapportées dans les études animales sont les suivantes : hépatotoxicité (effets comme l’hépatomégalie), immunotoxicité (entre autres, diminution de la production d’anticorps en réponse à la vaccination) et impacts reproductifs et développementaux – dont la diminution du poids de naissance et l’altération du développement osseux (ATSDR, 2021). Il est important de noter que l’extrapolation des résultats d’études animales vers les humains doit se faire avec prudence. En effet, les variations interespèces concernant la toxicocinétique et la toxicodynamique sont considérables pour les PFAS étudiées (ATSDR, 2021; Interstate Technology and Regulatory Council [ITRC], 2022). Par exemple, la demi-vie de composés est beaucoup plus courte chez certains animaux que chez l’humain, et les mécanismes de toxicité ne semblent pas être directement transposables pour toutes les PFAS. Notamment, l’activation du récepteur nucléaire PPARα semble fréquemment contribuer dans la toxicité chez les animaux de laboratoire, alors que son rôle exact chez les humains est moins bien caractérisé (ATSDR, 2021). Les documents listés dans les références peuvent être parcourus pour davantage de détails sur les études animales.

Somme toute, malgré les incertitudes et les limites soulevées, l’état actuel des connaissances scientifiques indique clairement que l’exposition aux PFAS peut affecter la santé humaine. La recherche continue activement pour mieux caractériser cette association.

Groupes vulnérables

En ce qui a trait à la vulnérabilité aux PFAS, il est important de distinguer deux groupes : 1) les individus qui présentent une susceptibilité plus marquée à une exposition donnée aux PFAS et 2) les individus qui courent plus de risques de présenter des effets sur leur santé, étant donné leur exposition plus importante (voir fiche Sources d’exposition aux PFAS).

Même s’il n’y a pas de données spécifiques à cet effet, certains individus présentant préalablement une atteinte des organes ciblés par les PFAS (par exemple une fonction hépatique altérée) pourraient davantage subir des effets sur leur santé à la suite d’une exposition chronique (ATSDR, 2021). De même, les organismes de santé publique produisent fréquemment des mises en garde relativement à la sensibilité accrue aux contaminants environnementaux de groupes particuliers, notamment les femmes enceintes, leur fœtus et les jeunes enfants. La recherche se poursuit activement en vue de caractériser cette potentielle sensibilité, particulièrement en ce qui concerne les PFAS. Ces considérations ne nécessitent pas forcément la mise en place de mesures de santé publique spécifiques.

Références

  1. Agency for Toxic Substances and Disease Registry. (2021). Toxicological profile for perfluoroalkyls. U.S. Department of Health and Human Services.
  2. EFSA Panel on Contaminants in the Food Chain, Schrenk, D., Bignami, M., Bodin. L., Chipman, J. K., del Mazo, J., Grasl-Kraupp, B., Hogstrand, C., Hoogenboom, L., Leblanc, J. C., Nebbia, C. S., Nielsen, E., Ntzani, E., Petersen, A., Sand, S., Vleminckx, C., Wallace, H., Barregård, L., Ceccatelli, S., … Schwerdtle, T. (2020). Risk to human health related to the presence of perfluoroalkyl substances in food. EFSA Journal, 18(9), e06223.
  3. United States Environmental Protection Agency. (2023a). Public comment draft – Toxicity assessment and proposed maximum contaminant level goal for perfluorooctanoic acid (PFOA) in drinking water (EPA 822P23005).
  4. United States Environmental Protection Agency. (2023b). Public comment draft – Toxicity assessment and proposed maximum contaminant level goal for perfluorooctane sulfonic acid (PFOS) in drinking water (EPA 822P23007).
  5. Centre international de Recherche sur le Cancer/International Agency for Research on Cancer. (2016). Some chemicals used as solvents and in polymer manufacture. IARC Monographs on the Evaluation of Carcinogenic Risks to Humans, 110.
  6. Interstate Technology and Regulatory Council. (2022). PFAS Technical and regulatory guidance document and fact sheets.
  7. National Academies of Sciences, Engineering, and Medicine. (2022). Guidance on PFAS exposure, testing, and clinical follow-up
  8. National Toxicology Program. (2016). NTP monograph on immunotoxicity associated with exposure to perfluorooctanoic acid (PFOA) or perfluorooctane sulfonate (PFOS).

 

Auteurs :
Julien Michaud-Tétreault, Stéphane Perron, Caroline Huot, Institut national de santé publique du Québec

Révision scientifique : 
Stéphane Caron, Fabien Gagnon et Vicky Huppé (Institut national de santé publique du Québec);
Sonia Boivin (Direction de santé publique de l’Estrie);
Julie Brodeur, Yun Jen (Direction de santé publique de Montréal);
Gille Delaunais (Direction de santé publique de l’Outaouais);
Christiane Dupont (ministère de la Santé et des Services Sociaux);
Michel Savard (Direction de santé publique des Laurentides);
Yannick Auclair, Julie Brunet et Julie Lessard (Institut national d’excellence en santé et en services sociaux),
Jin Hee Kim, Vince Spilchuk, Rena Chung et Alvin Ching Wai Leung (Public Health Ontario).

Citation suggérée pour la présente fiche :
Julien Michaud-Tétreault, Stéphane Perron et Caroline Huot (2023). Effets potentiels des PFAS sur la santé. Dans Les substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées (PFAS). Institut national de santé publique du Québec. Repéré à https://www.inspq.qc.ca/pfas/effets-sur-la-sante-fiche-technique

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