Expertise du Centre de toxicologie du Québec en biosurveillance

Les populations partout sur la planète sont en contact quotidiennement avec des substances chimiques, qu’elles soient naturellement présentes dans l’environnement ou issues d’activités humaines. Elles sont retrouvées dans le sol, l’air, l’eau, la nourriture et les produits de consommation courants. L’impact de ces contaminants environnementaux sur la santé suscite de plus en plus l’intérêt des organismes réglementaires gouvernementaux. La biosurveillance humaine permet d’étudier de manière directe et précise l’exposition des populations à des contaminants environnementaux, car elle consiste à « doser chez une personne la présence d’une substance chimique ou de produits de dégradation de cette substance dans l’organisme » (1). Elle fournit des mesures de base sur la santé des populations et permet de bâtir des bases de données. Si les études de biosurveillance sont pérennes, elles offriront la possibilité de déceler des variations de l’exposition, d’évaluer l’impact des réglementations visant le contrôle des substances chimiques ou encore d’en orienter de nouvelles et de comparer l’efficacité de ces règlementations avec d’autres pays qui ont mis en place des enquêtes similaires.

Le laboratoire du Centre de toxicologie du Québec (CTQ) de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) a développé une expertise analytique spécifiquement adaptée aux études de biosurveillance principalement grâce à sa participation à l’Enquête canadienne sur les mesures de la santé (ECMS). Lancée en 2007 et se poursuivant aujourd’hui, cette grande enquête a notamment pour but de mesurer les niveaux d’imprégnation de la population canadienne à des contaminants environnementaux et de les mettre en relation avec des indicateurs de santé. En partenariat avec Santé Canada et l’Agence de la santé publique du Canada, Statistique Canada dirige l’enquête et coordonne les cliniques mobiles où sont réalisés les mesures physiques et les prélèvements de spécimens biologiques (2).

La biosurveillance est un domaine en émergence puisque de plus en plus de pays, dont la République de Corée, le Japon, l’Australie, la Belgique, la France, l’Allemagne et les États-Unis, mettent sur pied des enquêtes nationales. Ces équipes et leurs partenaires travaillent dans un environnement où il faut redéfinir les standards par rapport aux critères habituels des laboratoires cliniques conventionnels, ce qui requiert une adaptation. Au départ, la structure du CTQ ne permettait pas de prendre en charge un projet d’une telle envergure. Le laboratoire a dû mettre en place une nouvelle structure organisationnelle, dont la constitution d’une équipe de gestion de projet. Il a également dû créer des outils de communication et de suivi avec le client, Santé Canada et Statistique Canada, ainsi que définir avec lui ses besoins en ce qui concerne la documentation, l’assurance qualité et la performance analytique afin d’orienter et d’adapter le développement analytique. Ces apprentissages survenus en cours de route ont jalonné l’évolution de l’expertise en biosurveillance du CTQ dans le cadre de l’ECMS.

Ce document témoigne du parcours du CTQ et du partenariat qui s’est établi avec Santé Canada et Statistique Canada. Il décrit les principaux enjeux organisationnels et structuraux rencontrés et les solutions déployées. Pour finir, quelques pistes d’action destinées à un laboratoire voulant se qualifier pour les grandes enquêtes de biosurveillance résument l’essentiel des apprentissages.


  1. Santé Canada [En ligne]. Biosurveillance humaine des substances chimiques de l’environnement. Ottawa (ON) : Gouvernement du Canada [Internet]. 2021. Disponible sur : https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/sante-environnement-mili…

  2. Haines DA, Saravanabhavan G, Werry K, Khoury C. An overview of human biomonitoring of environmental chemicals in the Canadian Health Measures Survey: 2007–2019. Int J Hyg Environ Health. 2017;220(2, Part A):13‑28.

Auteur(-trice)s
Type de publication
ISBN (électronique)
978-2-550-96071-3
Notice Santécom
Date de publication