Veille scientifique : Amélioration de la qualité nutritionnelle des aliments transformés, octobre 2023, vol. 4, n° 1

Dans ce numéro :

Cette veille est destinée aux professionnel(le)s de santé publique, de la filière bioalimentaire, d’organismes gouvernementaux et non gouvernementaux, ainsi qu’à toute personne interpellée par la qualité nutritionnelle des aliments transformés. Les publications scientifiques recensées dans cette veille ont été choisies pour leur pertinence en regard de l’amélioration de la qualité nutritionnelle globale des aliments transformés et de leur similitude au contexte québécois. Plus spécifiquement, elles abordent les thématiques de reformulation, de politiques alimentaires et de programmes de subvention.

Mise en contexte et méthodologie

L’industrialisation des systèmes alimentaires dans les pays développés a engendré une modification importante des habitudes alimentaires et de la culture culinaire au cours des dernières décennies (Monteiro et collab., 2013). L’accentuation de la présence des aliments transformés et ultra-transformés (ci-après nommés aliments transformés) dans notre alimentation s’est faite au détriment des plats cuisinés à base d’aliments frais et peu transformés (Moubarac, 2017; Moubarac et collab., 2014). Or, les aliments transformés sont souvent riches en gras saturés, en sucre et en sodium; des nutriments qui, lorsque consommés en excès, sont défavorables à la santé. Pour contrer cette problématique, différentes mesures visant l’amélioration spécifique de la qualité nutritionnelle des aliments transformés peuvent être mises en place.

Le gouvernement du Québec s’est engagé, par le biais de la Politique gouvernementale de prévention en santé, à travailler à l’amélioration de la qualité nutritionnelle des aliments transformés (MSSS, 2016). S’inscrivant dans ces travaux, cette veille périodique vise à documenter les thématiques suivantes : reformulation volontaire ou réglementaire des aliments transformés, politiques alimentaires visant l’amélioration des produits vendus au grand public et programmes de subvention visant l’amélioration de la qualité nutritionnelle des aliments transformés.

Pour ce numéro de veille, un processus de vigie prospective non exhaustive de la littérature scientifique et de la littérature grise a été mené du 2 septembre 2021 au 31 décembre 2022. Plus précisément, les flux RSS des organismes d’expertise reconnus en santé publique ont été scrutés à l’aide de mots-clés dans le logiciel Inoreader, et les infolettres d’organismes de santé publique reconnus ont aussi été consultées.

Des stratégies de recherche ont été développées pour le catalogue de Santécom et les bases de données Embase, Global Health, AgeLine, CINAHL, Environment Complete, ERIC, Health Policy Reference Center, MEDLINE Complete, Political Science Complete, Psychology and Behavioral Sciences Collection, PsycINFO, Public Affairs Index et SocINDEX with full text, dans les plateformes EBSCO Host et Ovid.

La sélection manuelle des publications dans le but d’évaluer leur pertinence a initialement été effectuée sur la base du titre, et par la suite, du corps de texte.

Le Tableau 1 présente les 54 publications scientifiques répertoriées et jugées pertinentes pour soutenir les travaux d’amélioration de la qualité nutritionnelle des aliments transformés au Québec. Les références ont été classées selon les types de mesures qu’elles abordent : l’étiquetage nutritionnel, la restriction du marketing alimentaire, la réduction des teneurs en gras saturés, sodium, sucre (incluant la taxation des boissons sucrées) ou bien la réduction des teneurs en plusieurs nutriments. Les références qui abordent plus d’une mesure sont classées dans une catégorie distincte. Certaines publications particulièrement intéressantes ont été résumées dans la deuxième section de ce bulletin.

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Publications et articles scientifiques répertoriés

Tableau 1. Publications et articles scientifiques répertoriés par type de mesures

Types de mesureRéférencesRésumé
Étiquetage nutritionnelActon, R. B., Rynard, V. L., Adams, J., Bhawra, J., Cameron, A. J., Contreras-Manzano, A., Davis, R. E., Jáuregui, A., Sacks, G., Thrasher, J. F., Vanderlee, L., White, C. M. et Hammond, D. (2023). « Awareness, use and understanding of nutrition labels among adults from five countries: Findings from the 2018-2020 International Food Policy Study », Appetite, 180, 106311. 
Bablani, L., Mhurchu, C. N., Neal, B., Skeels, C., Staub, K. et Blakely, T. (2021). « The Impact of Australasian Voluntary Front of Pack Nutrition Labelling on Packaged Food Reformulation », Int J Epidemiol, 50(Supp 1). 
Bhawra, J., Kirkpatrick, S. I., Hall, M. G., Vanderlee, L., Thrasher, J. F., Jáuregui de la mota, A. et Hammond, D. (2022). « A five-country study of front- and back-of-package nutrition label awareness and use: Patterns and correlates from the 2018 International Food Policy Study », Public Health Nutr, 1‑31. 
Crosbie, E., Gomes, F. S., Olvera, J., Patiño, S. R.-G., Hoeper, S. et Carriedo, A. (2022). « A policy study on front–of–pack nutrition labeling in the Americas: Emerging developments and outcomes », Lancet Reg Health Am, 1;18:100400. 
Ministry for Primary Industries. (2022). « Boosted Health Star Ratings get tougher on sugar and salt », [en ligne]. 
Mulligan, C., Lee, J. J., Vergeer, L., Ahmed, M. et L’Abbé, M. R. (2022). « Evaluating the potential implications of canadian front-of-pack labelling regulations in generic and branded food composition databases », BMC Public Health, 22(1), 1866.Lire le résumé
Riesenberg, D., Peeters, A., Backholer, K., Martin, J., Ni Mhurchu, C. et Blake, M. R. (2022). « Exploring the effects of added sugar labels on food purchasing behaviour in Australian parents: An online randomised controlled trial », PloS One, 17(8), e0271435. 
Statistique Canada (2022). « Étiquetage nutritionnel sur le devant de l’emballage », [en ligne]. 
Restriction du marketing alimentaireDepartment of Health and Social Care (2022). « Restricting promotions of products high in fat, sugar or salt by location and by volume price », [en ligne]. 
Réduction des teneurs en gras saturésAlessandrini, R., He, F. J., Ma, Y., Scrutinio, V., Wald, D. S. et MacGregor, G. A. (2021). « Potential impact of gradual reduction of fat content in manufactured and out-of-home food on obesity in the United Kingdom: A modeling study », AJCN, 113(5), 1312‑1321. 
Réduction des teneurs en sodiumAllemandi, L. A., Flexner, N., Nederveen, L. et Gomes et F. da S. (2022). « Building capacity in reducing population dietary sodium intake in the Americas », Pan American Journal of Public Health, 46, e198. 
Alonso, S., Tan, M., Wang, C., Kent, S., Cobiac, L., MacGregor, G. A., He, F. J. et Mihaylova, B. (2021). « Impact of the 2003 to 2018 Population Salt Intake Reduction Program in England », Hypertension, 77(4), 1086‑1094. 
Bandy, L. K., Hollowell, S., Jebb, S. A. et Scarborough, P. (2022). « Changes in the salt content of packaged foods sold in supermarkets between 2015-2020 in the United Kingdom: A repeated cross-sectional study », PLoS Medicine, 19(10), e1004114.Lire le résumé
Blanco-Metzler, A., Vega-Solano, J., Franco-Arellano, B., Allemandi, L., Larroza, R. B., Saavedra-Garcia, L., Weippert, M., Sivakumar, B., Benavides-Aguilar, K., Tiscornia, V., Sequera Buzarquis, G., Guarnieri, L., Meza-Hernández, M., Cañete Villalba, F., Castronuovo, L., Schermel, A., L’Abbé, M. R. et Arcand, J. (2021). « Changes in the Sodium Content of Foods Sold in Four Latin American Countries: 2015 to 2018 », Nutrients, 13(11), 4108. 
U.S. Food & Drug Administration (2021). « Guidance for Industry: Voluntary Sodium Reduction Goals », [en ligne]. 
Goiana-da-Silva, F., Cruz-E-Silva, D., Rito, A., Lopes, C., Muc, M., Darzi, A., Araújo, F., Miraldo, M., Morais Nunes, A. et Allen, L. N. (2022). « Modeling the health impact of legislation to limit the salt content of bread in Portugal: A macro simulation study », Frontiers in Public Health, 10, 876827. 
Moran, A. J., Wang, J., Sharkey, A. L., Dowling, E. A., Curtis, C. J. et Kessler, K. A. (2022). « US Food Industry Progress Toward Salt Reduction, 2009-2018 », Am J Public Health, 112(2), 325‑333. 
Nilson, E. A. F., Pearson-Stuttard, J., Collins, B., Guzman-Castillo, M., Capewell, S., O’Flaherty, M., Jaime, P. C. et Kypridemos, C. (2021). « Estimating the health and economic effects of the voluntary sodium reduction targets in Brazil: Microsimulation analysis », BMC Medicine, 19(1), 225. 
Nilson, E. A. F., Spaniol, A. M., Santin, R. da C. et Silva, S. A. (2022). « Strategies to reduce the consumption of nutrients critical to health: The case of sodium », Cadernos de Saúde Pública, 37(Supp 1). 
Padilla-Moseley, J., Blanco-Metzler, A., L’Abbé, M. R., et Arcand, J. (2022). « A Program Evaluation of a Dietary Sodium Reduction Research Consortium of Five Low- and Middle-Income Countries in Latin America », Nutrients, 14(20). 
PAHO (2021). « Mapping dietary salt/sodium reduction policies and initiatives in the Region of the Americas », [en ligne]. 
PAHO (2021). « PAHO recommends new targets to reduce salt consumption and help prevent cardiovascular disease », [en ligne]. 
Rosewarne, E., Santos, J. A., Trieu, K., Tekle, D., Mhurchu, C. N., Jones, A., Ide, N., Yamamoto, R., Nishida, C. et Webster, J. (2022). « A Global Review of National Strategies to Reduce Sodium Levels in Packaged Foods », Adv Nutr, 13(5):1820-1833.Lire le résumé
Smith, B. T., Hack, S., Jessri, M., Arcand, J., McLaren, L., L’Abbé, M. R., Anderson, L. N., Hobin, E., Hammond, D., Manson, H., Rosella, L. C. et Manuel, D. G. (2021). « The Equity and Effectiveness of Achieving Canada’s Voluntary Sodium Reduction Guidance Targets: A Modelling Study Using the 2015 Canadian Community Health Survey-Nutrition », Nutrients, 13(3).Lire le résumé
Song, J., Brown, M. K., Cobb, L. K., Jacobson, M. F., Ide, N., MacGregor, G. A. et He, F. J. (2022). « Delayed Finalization of Sodium Targets in the United States May Cost Over 250 000 Lives by 2031 », Hypertension, 79(4):798-808. 
Song, Y., Li, Y., Guo, C., Wang, Y., Huang, L., Tan, M., He, F. J., Harris, T., MacGregor, G. A., Ding, J., Dong, L., Liu, Y., Wang, H., Zhang, P. et Ma, Y. (2021). « Cross-sectional comparisons of sodium content in processed meat and fish products among five countries: Potential for feasible targets and reformulation », BMJ Open, 11(10). 
Souza, A. de M., Bezerra, I. N., de Souza, B. da S. N., Muniz, R. R., Pereira, R. A. et Sichieri, R. (2022). « Dietary sodium intake remains high in Brazil: Data from the Brazilian National Dietary Surveys, 2008-2009 and 2017-2018 », Nutr Res, 107:65-74. 
Trevena, H., Neal, B., Downs, S. M., Davis, T., Sacks, G., Crino, M. et Thow, A. M. (2021). « Drawing on Strategic Management Approaches to Inform Nutrition Policy Design: An Applied Policy Analysis for Salt Reduction in Packaged Foods », Int J Health Policy Manag, 10(12):896-908. 
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Wang, N. X., Skeaff, S., Cameron, C., Fleming, E. et McLean, R. M. (2022). « Sodium in the New Zealand diet: Proposed voluntary food reformulation targets will not meet the WHO goal of a 30% reduction in total sodium intake », Eur J Nutr, 61(6):3067-3076. 
Réduction des teneurs en sucreAdams, J., Pell, D., Penney, T. L., Hammond, D., Vanderlee, L. et White, M. (2021). « Public acceptability of the UK Soft Drinks Industry Levy : Repeat cross-sectional analysis of the International Food Policy Study (2017-2019)  », BMJ Open, 11(9):e051677. 
Bucher Della Torre, S., Moullet, C. et Jotterand Chaparro, C. (2022). « Impact of Measures Aiming to Reduce Sugars Intake in the General Population and Their Implementation in Europe: A Scoping Review », Int J Public Health, 66:1604108.Lire le résumé
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Itria, A., Borges, S. S., Rinaldi, A. E. M., Nucci, L. B. et Enes, C. C. (2021). « Taxing sugar-sweetened beverages as a policy to reduce overweight and obesity in countries of different income classifications: A systematic review ». Public Health Nutr, 24(16):5550‑5560.Lire le résumé
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Nucci, L. B., Rinaldi, A. E. M., Ramos, A. F., Itria, A. et Enes, C. C. (2022). « Impact of a reduction in sugar-sweetened beverage consumption on the burden of type 2 diabetes in Brazil: A modeling study », Diabetes Res Clin Pract, 192:110087. 
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Russell, C., Baker, P., Grimes, C. et Lawrence, M. A. (2022). « What are the benefits and risks of nutrition policy actions to reduce added sugar consumption? An Australian case study » Public Health Nutr, 1‑37. 
Vercammen, K., Dowling, E. A., Sharkey, A. L., Curtis, C. J., Wang, J., Kenney, E., Micha, R., Mozaffarian, D. et Moran, A. J. (2022). « Estimated reductions in added sugar intake among U.S. children and youth in response to sugar reduction targets », J Acad Nutr Diet, 122(8):1455-1464. 
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Réduction des teneurs (plusieurs nutriments)Department of Health, & Government of Ireland. (2021). « A Roadmap for Food Product Reformulation in Ireland. Obesity Policy Implementation Oversight Group (OPIOG) Reformulation Sub-Group », [en ligne]. 
Dötsch-Klerk, M., Kovacs, E. M. R., Hegde, U., Eilander, A. et Willems, J. I. (2022). « Improving the Nutrient Quality of Foods and Beverages Using Product Specific Standards for Nutrients to Limit Will Substantially Reduce Mean Population Intakes of Energy, Sodium, Saturated Fat and Sugars towards WHO Guidelines », Nutrients, 14(20). 
Milani Bonab, A., Kalantari, N., Zargaraan, A., Roudsari, A. et Pourmoradian, S. (2020). « Can Food Reformulation Policy Reduce Calorie Intake and Tackle Childhood Obesity?  », Iran J Pediatr, 30(6):e98985. 
Shangguan, S., Mozaffarian, D., Sy, S., Lee, Y., Liu, J., Wilde, P. E., Sharkey, A. L., Dowling, E. A., Marklund, M., Abrahams-Gessel, S., Gaziano, T. A. et Micha, R. (2021). « Health Impact and Cost-Effectiveness of Achieving the National Salt and Sugar Reduction Initiative Voluntary Sugar Reduction Targets in the United States: A Microsimulation Study », Circulation, 144(17):1362‑1376. 
Vergeer, L., Ahmed, M., Vanderlee, L., Mulligan, C., Weippert, M., Franco-Arellano, B., Dickinson, K., Bernstein, J. T., Labonté, M.-È. et L’Abbé, M. R. (2022). « The relationship between voluntary product (re) formulation commitments and changes in the nutritional quality of products offered by the top packaged food and beverage companies in Canada from 2013 to 2017 », BMC Public Health, 22(1):271.Lire le résumé
WHO (2022). « Reformulation of food and beverage products for healthier diets: Policy brief », [en ligne]. 
Plusieurs types de mesuresDötsch-Klerk, M., Bruins, M. J., Detzel, P., Martikainen, J., Nergiz-Unal, R., Roodenburg, A. J. C. et Pekcan, A. G. (2022). « Modelling health and economic impact of nutrition interventions: A systematic review », Eur J Clin Nutr, 77(4):413-426. 
Hansen, K. L., Golubovic, S., Eriksen, C. U., Jørgensen, T. et Toft, U. (2022). « Effectiveness of food environment policies in improving population diets: A review of systematic reviews », Eur J Clin Nutr, 76(5). 
Kroker-Lobos, M. F., Morales, L. A., Ramírez-Zea, M., Vandevijvere, S., Champagne, B. et Mialon, M. (2022). « Two countries, similar practices: The political practices of the food industry influencing the adoption of key public health nutrition policies in Guatemala and Panama », Public Health Nutr, 25(11):3252‑3264. 
Lelieveldt, H. (2023). « Food industry influence in collaborative governance: The case of the Dutch prevention agreement on overweight », Food Policy, 114:102380. 
Ngqangashe Y, Goldman S, Schram A et Friel S. (2022). « A narrative review of regulatory governance factors that shape food and nutrition policies », Nutr Rev, 80(2). 
Ngqangashe, Y. et Friel, S. (2022). « Regulatory governance pathways to improve the efficacy of Australian food policies », Aust N Z J Public Health, 46(5):710‑715. 
WHO Europe (2022). « The out-of-home food environment: Report of a WHO Regional Office for Europe and Public Health England expert meeting, 10 June 2021 », [en ligne]. 

Résumés des publications clés

Sel ou sodium?

À l’international, les dénominations sel et sodium sont utilisées pour désigner la consommation de sel. Au Canada, le terme employé unanimement est sodium, puisqu’il s’agit de la composante du sel de table (chlorure de sodium, NaCl), qui est à l’origine de l’hypertension artérielle.

1 g de sel de table ≈ 400 mg de sodium

Le terme sodium est utilisé dans les résumés ci-dessous, en dépit du terme employé dans la publication originale. Les quantités de sel sont traduites en sodium, selon l’équivalence disponible ci-haut.

À noter que, dans les résumés, « cibles de reformulation » réfère à la définition générale de la politique publique, tandis que « cibles de réduction » est utilisé pour désigner les cibles de reformulation qui visent la réduction d’un nutriment en particulier (sucre, sodium, etc.).

Une grande proportion d’aliments offerts au Canada aurait à afficher un avertissement sur leur emballage en raison de leur contenu trop élevé en gras saturés, en sodium ou en sucre

Contexte

Santé Canada a annoncé que, d’ici 2026, les aliments et les boissons dépassant la valeur quotidienne (VQ) recommandée en gras saturés, en sucre et en sodium devront présenter un avertissement sur leur emballage. Ce type de symbole est utilisé depuis plusieurs années dans différents pays dans le but d’améliorer les habitudes alimentaires des consommateurs.

Objectifs et méthodes

Les auteurs de l’étude ont évalué la proportion de produits alimentaires qui auraient à afficher un avertissement sur le devant de leur emballage selon le critère établi dans la réglementation de Santé Canada, c’est-à-dire, un contenu en sucre, en sodium ou en gras saturés par portion qui est égal ou supérieur à 15 % de la VQ. Pour y arriver, les bases de données du Food Label Information Program (FLIP) 2017 de l'Université de Toronto et du Fichier canadien sur les éléments nutritifs (FCÉN) 2015 ont été utilisées. FLIP 2017 contient des informations nutritionnelles provenant des tableaux de valeur nutritive des boissons et des aliments transformés vendus dans les principaux détaillants canadiens, et le FCÉN fournit des données nutritionnelles sur les boissons et les aliments, transformés ou non, qui sont consommés par les Canadiens.

Ce qu’on y apprend

Les auteurs ont constaté l’importante proportion d’aliments et de boissons vendus et consommés au Canada qui dépassent le 15 % de la VQ en gras saturés, en sodium ou en sucre. Plus précisément, ils ont rapporté les résultats suivants : 

  • 64 % des produits du FLIP 2017 et 35 % des produits du FCÉN 2015 contiennent plus de 15 % de la VQ pour les gras saturés, le sucre et/ou le sodium et donc, auraient à afficher un avertissement sur le devant de leur emballage. À noter que la proportion est plus élevée pour les produits du FLIP 2017, puisque cette base de données ne contient que des produits transformés emballés, alors que le FCÉN contient aussi des aliments non transformés;
  • Les catégories d’aliments suivantes étaient les plus problématiques, c’est-à-dire que la plupart des produits qu’elles regroupent seraient tenus d’afficher un avertissement sur le devant de leur emballage :
    • Mets préparés;
    • Soupes;
    • Viandes et substituts;
    • Desserts;
    • Garnitures et farces pour desserts.
  • L’avertissement indiquant une teneur élevée en sodium serait le plus fréquemment affiché sur le devant des emballages (32 % des produits FLIP 2017 et 19 % des produits FCÉN 2015), comparativement aux avertissements pour le sucre (27 % des produits FLIP 2017 et 12 % des produits FCÉN) ou les gras saturés (29 % des produits FLIP 2017 et 13 % des produits FCÉN 2015).

Mulligan, C., Lee, J. J., Vergeer, L., Ahmed, M. et L’Abbé, M. R. (2022). « Evaluating the potential implications of canadian front-of-pack labelling regulations in generic and branded food composition databases », BMC Public Health, vol. 22, n° 1. https://doi.org/10.1186/s12889-022-14269-4


Le contenu en sodium des aliments transformés vendus dans les supermarchés du Royaume-Uni a légèrement diminué de 2015 à 2020

Contexte

Depuis la mise en place, en 2003, du programme de réduction du sodium au Royaume-Uni, qui comprend des cibles volontaires de réduction, les teneurs en sodium dans les aliments transformés ont diminué, tout comme la consommation de sodium au niveau populationnel. Des données récentes montrent cependant que dans les dernières années, la consommation de sodium des Britanniques semble s’être stabilisée.

Objectifs et méthodes

Une analyse de l’évolution des teneurs en sodium des produits alimentaires vendus au détail au Royaume-Uni de 2015 à 2020 a été réalisée pour comprendre comment la reformulation et les comportements des consommateurs (évalués par les données de ventes) ont pu contribuer au plafonnement observé dans la consommation de sodium. Les auteurs ont apparié les données des teneurs en sodium par 100 g de produit à des données de vente, ce qui leur a permis d'estimer le volume total et la moyenne de sodium vendu. Cette mesure a été utilisée comme indicateur de la consommation en sodium.

Ce qu’on y apprend

Les aliments inclus dans les analyses provenaient des neuf catégories d’aliments contribuant le plus à la consommation de sodium des Britanniques :

  • Les teneurs moyennes en sodium, pondérées par les ventes, ont diminué de 4 % de 2015 à 2020, mais ce résultat n’était pas statistiquement significatif;
  • De 2015 à 2020, les diminutions dans les teneurs en sodium les plus importantes ont été observées dans les catégories des « Céréales à déjeuner » (-16 %; non statistiquement significatif) et des « Légumineuses, pommes de terre et légumes transformés » (-11 %; non statistiquement significatif);
  • Le volume total de sodium vendu a aussi diminué (-6,7 % ; non statistiquement significatif) de 2015 à 2020. Cette diminution est surtout imputable à la réduction des teneurs en sodium et, plus faiblement, à une baisse dans les ventes des aliments analysés;
  • L’augmentation des ventes observée pour les catégories « Fromage », « Collations salées » et « Mets préparés » a contrebalancé les réductions de leurs teneurs en sodium, entraînant une augmentation de la consommation de sodium pour ces catégories.

Les auteurs ont souligné que l’appariement des données sur les teneurs en sodium aux données sur les ventes a permis de réaliser une analyse plus approfondie des effets des cibles volontaires de réduction du sodium du Royaume-Uni. En fait, les auteurs ont pu constater que, malgré l’effet des cibles sur la réduction des teneurs en sodium dans les aliments, certaines catégories d’aliments sont achetées en plus grande quantité. Donc, pour ces aliments, la consommation en sodium demeure similaire, même si les teneurs en sodium ont été réduites.

Bandy, L. K., Hollowell, S., Jebb, S. A. et Scarborough, P. (2022). « Changes in the salt content of packaged foods sold in supermarkets between 2015-2020 in the United Kingdom : A repeated cross-sectional study », PLoS Medicine, vol. 19, n° 1, https://doi.org/10.1371/journal.pmed.1004114


Près d’un tiers des pays ont des stratégies de réduction du sodium des aliments transformés, mais peu ont évalué les effets de celles-ci

Contexte

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) encourage les pays à élaborer et à mettre en œuvre des cibles de reformulation pour réduire les teneurs en sodium dans les aliments transformés, sachant qu’il s’agit d’une approche efficace et ayant un bon rapport « coût-efficacité » pour réduire les apports en sodium de la population et ainsi, prévenir certaines maladies chroniques (p. ex. l’hypertension artérielle). En réponse à cela, de plus en plus de pays ont mis en place une stratégie nationale de réduction du sodium, et ce, en utilisant différentes approches.

Objectifs et méthodes

À partir des données d’une revue systématique qui a identifié plus de 96 pays ayant mis en place une stratégie nationale de réduction du sodium, les auteurs ont voulu décrire et analyser les stratégies des pays qui visaient la reformulation des aliments pour réduire le sodium dans l’offre alimentaire. Les progrès rapportés quant à la réduction du sodium dans ces pays ont aussi été évalués.

Ce qu’on y apprend

En 2019, 62 pays avaient des stratégies de réduction du sodium qui visaient la reformulation des aliments transformés. Plus précisément :

  • 19 pays ont élaboré des processus pour que l’industrie s'engage à reformuler les aliments transformés (p. ex. rencontres avec l’industrie et accords volontaires avec des entreprises) et 43 pays ont des cibles de réduction du sodium avec, soit une approche volontaire, réglementaire ou les deux;
  • Seulement le tiers des pays (n = 19/62) ont évalué les effets de leurs stratégies sur les teneurs en sodium des aliments transformés;
  • La variabilité des stratégies mises en place et des méthodes d’évaluation utilisées ne permettent pas de réaliser une évaluation globale de leurs effets. Néanmoins, les pays qui ont évalué les effets ont rapporté des résultats positifs, c’est-à-dire que le taux de conformité aux cibles était d’au moins 60 %, et ce, autant pour les cibles volontaires que réglementaires, et enfin, des réductions des teneurs en sodium ont été observées dans toutes les catégories d’aliments visées.

Rosewarne, E., Santos, J., Trieu, K., Tekle, D., Mhurchu, C. N., Jones, A., Ide, N., Yamamoto, R., Nishida, C., et Webster, J. (2022). A Global Review of National Strategies to Reduce Sodium Levels in Packaged Foods. Advances in Nutrition, 13(5), 820-1833. https://doi.org/10.1093/advances/nmac048


L'atteinte des cibles canadiennes de réduction du sodium pour les aliments transformés réduirait les inégalités sociales en matière d'apport en sodium de la population

Contexte

L’établissement de cibles de réduction du sodium dans les aliments transformés est une stratégie qui a le potentiel de réduire, de façon équitable, l’apport en sodium de la population. Il n’existe toutefois pas de données probantes sur l’existence d’inégalités sociales en termes d’apport en sodium au sein de la population canadienne. Les données provenant du volet nutrition de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC) réalisée en 2015 offrent l’opportunité d’identifier la présence d’inégalités en termes d’apports en sodium et d’estimer si l'atteinte des cibles canadiennes de réduction du sodium pourrait les atténuer.

Objectifs et méthodes

À l’aide des données de consommation de l’ESCC — Nutrition 2015, les auteurs ont estimé l’apport moyen en sodium de la population canadienne en fonction de l’âge, du sexe et selon différents groupes socioéconomiques (niveau d’éducation, de revenu et de sécurité alimentaire) afin d’identifier la présence d’inégalités sociales en termes d’apport en sodium. Grâce à des analyses de modélisation, les auteurs ont prédit l'impact de l’atteinte des cibles canadiennes de réduction du sodium sur ces inégalités et sur l’apport moyen en sodium.

Ce qu’on y apprend

De façon globale, les auteurs prédisent que l’atteinte des cibles canadiennes de réduction du sodium pourrait réduire l’apport moyen en sodium de la population. Malgré un scénario optimiste, la proportion de la population qui a des apports en sodium excessifs demeurerait élevée, même si les cibles étaient atteintes. Des inégalités sociales en termes d’apports en sodium ont été identifiées dans toutes les catégories d’âge, c’est-à-dire qu’au sein de chaque catégorie d’âge, au moins un groupe de faible statut socioéconomique a un apport moyen en sodium supérieur à celui d’un groupe de statut socioéconomique plus élevé. Par ailleurs, l’atteinte des cibles de réduction du sodium pourrait réduire ces inégalités sociales en termes d’apport en sodium.

Smith, B. T., Hack, S., Jessri, M., Arcand, J., McLaren, L., L'Abbé, M. R., Anderson, L. N., Hobin, E., Hammond, D., Manson, H., Rosella, L. C. et Manuel, D. G. (2021). The Equity and Effectiveness of Achieving Canada's Voluntary Sodium Reduction Guidance Targets: A Modelling Study Using the 2015 Canadian Community Health Survey-Nutrition. Nutrients, 13(3), 779. https://doi.org/10.3390/nu13030779


Les mesures économiques et les interventions visant l’environnement alimentaire plutôt que les comportements individuels semblent être efficaces pour réduire la consommation de boissons sucrées

Contexte

Une revue de la littérature publiée en 2018 avait conclu que certaines interventions pouvaient réduire la consommation de sucre, mais le peu de données disponibles n’a pas permis aux auteurs d’évaluer leur efficacité. Depuis, plusieurs études ont été publiées sur le sujet et l’analyse de ces données pourrait aider les décideurs à identifier les mesures à privilégier pour réduire la consommation de sucre de la population.

Objectifs et méthodes

Cette revue de revues visait à recenser les types de mesures mises en place pour réduire la consommation de sucre de la population et évaluer leur impact. Les auteurs ont inclus les revues systématiques publiées de 2017 à 2020 qui ont évalué l'effet d'au moins une intervention sur la consommation de sucre de la population.

Ce qu’on y apprend

Les auteurs ont inclus et analysé 15 revues systématiques qui ont évalué les effets de mesures économiques (n = 5), de la reformulation, d’étiquettes ou d’allégations sur les emballages (n = 5), et d’interventions éducatives et environnementales en matière de saine alimentation (n = 7) sur la consommation de sucre. L’analyse de ces revues a fait ressortir les constats suivants :

  • Les mesures économiques, comme une taxe sur les boissons sucrées, et les interventions centrées sur l’environnement alimentaire, comme la promotion d’aliments sains dans les espaces publics, semblent efficaces pour réduire l’achat et la consommation de boissons sucrées;
  • La reformulation des aliments transformés semble être une mesure prometteuse pour réduire la consommation de sucre et améliorer certaines variables de santé, mais les résultats analysés provenaient surtout d’études de modélisation ou d’essais randomisés contrôlés;
  • Des preuves de niveau modéré à faible suggèrent que l'étiquetage de type « Feux de circulation » sur le devant des emballages est associé à une diminution des ventes de boissons sucrées;
  • Les mesures qui sont les plus implantées en Europe sont les interventions visant la sensibilisation du public, les interventions d’éducation en nutrition et l'étiquetage nutritionnel.

Les auteurs considèrent que les études incluses dans les revues qu’ils ont analysées présentaient un risque élevé de biais, en plus d’être très hétérogènes en matière des devis utilisés et des mesures ou interventions évaluées. Les constats des auteurs devraient donc être interprétés avec prudence.

Bucher Della Torre, S., Moullet, C. et Jotterand Chaparro, C. (2022). Impact of Measures Aiming to Reduce Sugars Intake in the General Population and Their Implementation in Europe: A Scoping Review. International journal of public health, 66, 1604108. https://doi.org/10.3389/ijph.2021.1604108


La taxation des boissons sucrées pourrait en réduire l'achat et la consommation en plus de diminuer la prévalence de surpoids et d'obésité

Contexte

L’Organisation mondiale de la Santé a déclaré que les mesures fiscales, comme la taxation des boissons sucrées, sont des stratégies qui ont le potentiel d’augmenter le prix de ce type de boissons et ainsi, en réduire leur consommation. L’effet de ces mesures a principalement été étudié dans les pays à revenu élevé. De plus, peu de revues systématiques ont mesuré l’impact de mesures fiscales sur la prévalence du surpoids et de l’obésité.

Objectifs et méthodes

Cette revue systématique visait à évaluer l’effet des mesures fiscales visant les boissons sucrées (p. ex. taxation) sur la vente, l’achat et la consommation de ce type de boissons, ainsi que sur la prévalence du surpoids et de l’obésité dans les pays ayant différents niveaux de revenus.

Ce qu’on y apprend

Parmi les 18 articles retenus par les auteurs, 16 articles ont évalué l’effet de ces mesures sur la vente, l'achat et la consommation des boissons sucrées, tandis que 13 articles ont estimé, principalement à l’aide d’études de modélisation, l'impact de ces mesures sur la prévalence du surpoids et de l’obésité au sein de la population. L’analyse des articles par les auteurs permet d’apprendre que :

  • Globalement, l’implantation de ce type de mesures fiscales a eu des effets positifs. En effet, dans les pays à revenu élevé et à revenu intermédiaire de la tranche supérieure, la vente, l’achat et la consommation des boissons sucrées ont diminué après l’implantation de ces mesures;
  • Un effet « dose-réponse » a été observé entre une taxe de 10 % et de 20 %, c’est-à-dire que la diminution de la quantité de boissons sucrées consommées était estimée comme plus importante avec une taxe de 20 %, comparativement à une taxe de 10 %;
  • Une réduction significative de la prévalence de surpoids a été estimée à 0,7 %, tandis qu’une réduction significative de la prévalence de l’obésité a été estimée entre 0,99 % et 2,7 %. Ces estimations proviennent d’études de modélisation et sont basées sur l’implantation d’une taxe selon un pourcentage du prix de vente (10 % ou 20 %) ou selon le volume de la boisson (0,01 $/once de liquide).

Itria, A., Borges, S. S., Rinaldi, A. E. M., Nucci, L. B. et Enes, C. C. (2021). Taxing sugar-sweetened beverages as a policy to reduce overweight and obesity in countries of different income classifications: a systematic review. Public health nutrition, 24(16), 5550–5560. https://doi.org/10.1017/S1368980021002901


Les réductions modestes des teneurs en sucres totaux dans les produits alimentaires du Royaume-Uni n’ont pas permis d’atteindre l’objectif de réduction de 20%

Contexte

Diffusées en 2017, les cibles volontaires de réduction du sucre du Royaume-Uni visaient à ce que d’ici 2020, l'industrie bioalimentaire réduise de 20 % les teneurs en sucres totaux des produits qui contribuent le plus aux apports en sucre des enfants et des adolescents. Ces cibles font partie d’un programme de réduction du sucre qui comprend également, depuis 2018, la taxe sur les boissons avec sucres ajoutés. Depuis le démantèlement de Public Health England en 2021, c’est maintenant l’Office for Health Improvement and Disparities qui gère le programme de réduction du sucre.

Objectifs et méthodes

Ce rapport présente la dernière évaluation des progrès réalisés par l'industrie bioalimentaire quant aux teneurs en sucre des produits visés par les cibles. Des données sur les boissons avec sucres ajoutés, qui sont visées par la taxe, sont aussi présentées. Les teneurs en sucre moyennes pondérées par les ventes et mesurées en 2015 ou en 2017 (les années de référence diffèrent entre les secteurs et les catégories de produits) ont été comparées à celles mesurées en 2020, en utilisant des données d’achats appariées à des données de composition nutritionnelle issues du Kantar FMCG’s consumer panel. Sauf exception, les teneurs en sucre sont exprimées comme une moyenne pondérée par les ventes. À noter qu’aucune analyse de la significativité statistique n’a pu être réalisée.

Ce qu’on y apprend

Les résultats suivants ont été observés :

  • Globalement, les teneurs en sucres totaux des aliments et boissons du secteur de la vente au détail ont diminué de 3,5 % de 2015 à 2020;
  • Des réductions plus importantes ont été observées dans les boissons à base de lait (-30 %), les céréales à déjeuner (-15 %) et les yogourts (-14 %), ce qui est cohérent avec les évaluations précédentes des progrès de l’industrie;
  • Les teneurs en sucres totaux des produits vendus dans le secteur de la restauration sont demeurées stables (-0,2 %). Des réductions modestes des teneurs en sucres totaux ont été observées dans les gâteaux (-8 %) et les pâtisseries pour le déjeuner (-4 %) vendus dans ce secteur. Les produits du secteur de la restauration ont toutefois vu leur contenu en calories diminuer de 11 % (45 kcal/portion);
  • De 2015 à 2020, les ventes de boissons non assujetties à la taxe (moins de 5 g de sucre par 100 ml) ont augmenté de 66 %, tandis que les ventes de produits soumis à la taxe (produits contenant plus de 5 g de sucre par 100 ml) ont chuté de 57 à 82 %, indiquant un transfert des ventes vers les produits moins sucrés dans le secteur de la vente au détail. Les teneurs en sucres totaux des boissons avec sucres ajoutés, assujetties ou non à la taxe et vendues au détail, ont diminué de 46 %. Ainsi, la quantité totale de sucres provenant de l’achat de boissons avec sucres ajoutés a diminué. Cette diminution a été observée au sein de tous les groupes socioéconomiques, mais de façon plus importante dans le groupe avec le statut socioéconomique le plus faible (-38 %), comparativement aux autres groupes (-28 à -37 %).

Office for Health Improvement and Disparities (2022). Sugar reduction programme : Industry progress 2015 to 2020. [en ligne]


L’engagement des entreprises alimentaires envers la reformulation des aliments transformés ne garantit pas une amélioration de la qualité nutritionnelle de l’offre alimentaire

Contexte

Au Canada, l’industrie n’a pas l’obligation de reformuler les aliments transformés afin d’atteindre les cibles de réduction du sodium de Santé Canada. Les initiatives de reformulation provenant des entreprises alimentaires visant les aliments transformés sont donc volontaires et variables. Les progrès rapportés par les entreprises concernant l’amélioration de la composition nutritionnelle de leurs produits sont souvent partiels ou basés sur leurs propres critères d’amélioration nutritionnelle.

Objectifs et méthodes

Une analyse des changements apportés de 2013 à 2017 à la qualité nutritionnelle des aliments emballés et des boissons des entreprises de transformation alimentaire a été réalisée à l’aide de la base de données du Food Label Information Program (FLIP) de l’Université de Toronto. Cette base de données détient des informations nutritionnelles sur les aliments emballés et les boissons vendus dans les principaux détaillants canadiens. Le lien entre ces changements et les initiatives de reformulation déclarées par les entreprises durant cette même période a également été analysé par les auteurs.

Ce qu’on y apprend

La majorité des entreprises de transformation alimentaire n’ont pas amélioré de manière significative la qualité nutritionnelle de leurs produits vendus au Canada de 2013 à 2017. Plus précisément :

  • Environ 20 % des entreprises visées par l’étude ont amélioré de façon significative la qualité nutritionnelle globale de leur gamme de produits par rapport à 2013;
  • Les entreprises qui avaient annoncé un fort engagement à ce propos n’ont pas amélioré de façon plus importante la qualité nutritionnelle de leurs produits ou, plus spécifiquement, réduit la quantité de calories et les teneurs en d’autres nutriments préoccupants (sodium, gras saturés, gras trans, sucres totaux et/ou sucres libres).

Devant ces résultats, les auteurs rapportent que les initiatives déclarées par les entreprises n’aboutissent pas nécessairement à une amélioration de la composition nutritionnelle des produits vendus sur le marché canadien.

Vergeer, L., Ahmed, M., Vanderlee, L., Mulligan, C., Weippert, M., Franco-Arellano, B., Dickinson, K., Bernstein, J. T., Labonté, M. È. et L'Abbé, M. R. (2022). The relationship between voluntary product (re) formulation commitments and changes in the nutritional quality of products offered by the top packaged food and beverage companies in Canada from 2013 to 2017. BMC Public Health, 22(1), 271. https://doi.org/10.1186/s12889-022-12683-2

Références

  1. Monteiro, C. A., J. – C. Moubarac, G. Cannon, S. W. Ng et B. Popkin (2013). « Ultra-processed products are becoming dominant in the global food system », Obesity reviews, vol. 14, n° S2, p. 21–28.

  2. Moubarac, J.-C. (2017). « Ultra-processed foods in Canada: consumption, impact on diet quality and policy implications ». Montréal TRANSNUT, Université de Montréal. https://www.heartandstroke.ca/-/media/pdf-files/canada/media-centre/hs-report-upp-moubarac-dec-5-2017.ashx 

  3. Moubarac, J.-C., M. Batal, A. P. B. Martins, R. Claro, R. B. Levy, G. Cannon et C. Monteiro (2014). « Processed and ultra-processed food products: consumption trends in Canada from 1938 to 2011 », Canadian Journal of Dietetic Practice and Research, vol. 75, n° 1, p. 15‑21.

  4. MSSS (2016). « Politique gouvernementale de prévention en santé : un projet d’envergure pour améliorer la santé et la qualité de vie de la population ». http://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/fichiers/2016/16-297-08W.pdf 

Pour des questions ou des commentaires concernant cette veille scientifique, veuillez contacter Claudia Savard à [email protected]

Les numéros précédents sont disponibles sur le site de l’INSPQ à l’adresse suivante : https://www.inspq.qc.ca/veille-scientifique-amelioration-de-la-qualite-nutritionnelle-des-aliments-transformes

Cette veille est réalisée grâce à la participation financière du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec (MSSS)

Rédactrices

Anne-Marie Bérubé, Dt.P., M. Sc.
Claudia Savard, Dt.P., Ph. D.
Unité Milieux de vie inclusifs, sains et sécuritaires
Direction du développement des individus et des communautés

Avec la collaboration de :
Julie Maltais Giguère, Dt.P., M. Sc.
Aurélie Maurice, M.D. M. Sc., FRCPC
Unité Milieux de vie inclusifs, sains et sécuritaires
Direction du développement des individus et des communautés

Coordination :
Pierre-Henri Minot, chef d’unité scientifique par intérim
Marie-Claude Paquette, Dt.P., Ph. D.
Éric Robitaille, Ph. D.
Unité Milieux de vie inclusifs, sains et sécuritaires
Direction du développement des individus et des communautés

Relecture et mise en page :
Sarah Mei Lapierre
Direction du développement des individus et des communautés

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