Intégrer l'éthique et la communication

 

Reconnaître les valeurs en présence

Il s’agit à cette étape :

  • d’identifier les valeurs présentes dans la situation;
  • de clarifier le sens donné à chacune des valeurs identifiées;
  • de reconnaître les conflits potentiels entre certaines valeurs.

Afin d’obtenir l’éclairage le plus large possible, l’équipe de travail devrait identifier les valeurs présentes dans la situation en se mettant à distance de ses propres paradigmes. Les valeurs peuvent être identifiées en recueillant celles spontanément évoquées par les différentes parties prenantes et en considérant les conséquences du risque pour les différentes parties affectées ou intéressées. Aussi, les normes et les règles identifiées lors de la phase de cadrage et planification traduisent des valeurs sous-jacentes. Cet éclairage global devrait refléter une compréhension juste des perceptions et des préoccupations des parties prenantes, notamment celles des parties affectées par le risque. 

 

De par leur mission de protection et d’amélioration de la santé de la population, les acteurs de santé publique sont enclins à privilégier la santé et les valeurs professionnelles qui s’y rattachent. Cependant, l’intégration de la dimension éthique implique également une ouverture sincère aux intérêts et aux valeurs des diverses parties prenantes ainsi que la reconnaissance de leurs savoirs et de leur capacité à participer à l’évaluation et à la gestion des risques à la santé. 

 

Le Référentiel de valeurs (INSPQ, 2015) peut soutenir l’identification et la clarification des valeurs. Il propose un ensemble de valeurs qui pourraient être significatives pour guider les réflexions, incluant les sept principes éthiques du cadre de 2003 à titre de valeurs. Il offre une description des valeurs les plus souvent mobilisées par les actions en santé publique. Il permet aussi de réfléchir à la portée de ces valeurs en identifiant certains défis liés à leur compréhension.

Enfin, les conflits potentiels entre les valeurs devraient également être mis en évidence, de même que les conflits entre celles-ci (par exemple entre la protection de la santé et l'autonomie des personnes) et certaines normes (par exemple, des directives sur le port d'un appareil de protection respiratoire dans un établissement). Les préoccupations éthiques découlent le plus souvent de ces conflits.

Par ailleurs, l’identification de certains groupes plus à risque d’un point de vue éthique du fait de désavantages sociaux déjà présents ou appréhendés soulève une question d’équité. Les éventuelles interventions de gestion du risque pourront être envisagées de manière à réduire ces inégalités sociales de santé, un objectif important de santé publique. La qualification de « groupes vulnérables » n’est pas neutre et peut, dans certains cas, s’avérer une étiquette difficile à porter, réduisant les individus visés à leurs caractéristiques de vulnérabilité. C’est particulièrement le cas lorsque les facteurs de vulnérabilité marquent un désavantage social. Il faut alors éviter de renforcer ces désavantages sociaux dans le processus de gestion des risques tout comme dans les objectifs et décisions qui en résulteront. 

 

Communiquer pour expliquer le risque

Il convient d’adapter les messages de communication en fonction des :

  • des publics cibles (acteurs clés, parties affectées ou intéressées dont la population);
  • du risque et du contexte;
  • des perceptions du risque, des préoccupations, des attentes et des intérêts des parties prenantes (OMS, 2013 et Sandman, 2003).

En vue de favoriser la collaboration et l’implication des diverses parties prenantes, les activités de communication autour du risque devraient proposer des messages pour (adapté d’OMS, 2005 et 2013) :

  • Faciliter la compréhension du risque avec des chiffres à la portée du public cible. Il s’agit d’expliquer notamment les effets sur la santé, la probabilité qu’ils surviennent, les causes du risque, ainsi qu’au besoin les recommandations préliminaires pour se protéger.
  • Informer les parties prenantes des différentes perspectives, perceptions du risque, préoccupations et valeurs en présence. Les approches de communication devraient être adaptées en conséquence.
  • Expliquer les défis éventuels de la situation et son évolution, et ce, en décrivant notamment sa complexité, l’incertitude, l’ambiguïté, l’urgence ou la crise (Sandman, 2004).
  • Préciser le niveau de risque et faire état de la fiabilité des données scientifiques disponibles et qui ont été utilisées dans l’évaluation du risque (forces et limites, incertitudes), et ce, en rendant explicites les critères d’évaluation.