Le dépistage et le traitement : Vers l’atteinte des cibles mondiales d’élimination de l’hépatite C

En 2016, le Canada adoptait la Stratégie mondiale du secteur de la santé contre l’hépatite virale, 2016-2021 de l’OMS. Cette stratégie a pour objectif d’éliminer l’hépatite virale comme menace majeure pour la santé publique d’ici 2030. En effet, l’hépatite C serait l’infection qui cause la plus grande perte en nombre d’années de vie au pays (CanHepC, 2019).

Le Canada s’engageait notamment à viser les quatre cibles suivantes d’ici 2030 (CATIE, 2018) :

  1. Réduire de 90 % les nouveaux cas d'hépatite C chronique 
  2. Réduire de 65 % le taux de mortalité lié à l’hépatite C
  3. Que 90 % des personnes vivant avec l’hépatite C soient au courant de leur statut
  4. Que 80 % des personnes admissibles soient traitées pour l’hépatite C

Les plus récentes estimations canadiennes sur l’hépatite C indiquent que 24 % des personnes atteintes d’hépatite C ignoreraient leur statut sérologique. Cette proportion estimée à partir des données de 2019 varie grandement selon les populations concernées. Elle est de 8,8 % chez les hommes gais, bisexuels et autres hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (gbHARSAH), de 22 % à la fois chez les personnes qui utilisent des drogues par injection (UDI) ou inhalation et les personnes incarcérées, et de 34,4 % chez les personnes nées entre 1945 et 1975 (ASPC, 2022). Bien que les personnes Autochtones et les personnes originaires de pays où le virus de l’hépatite C (VHC) est endémique fassent partie des populations prioritaires pour le VHC, les données ne permettaient pas de générer des estimations plus précises. Des données québécoises ont aussi été publiées récemment. Parmi les personnes UDI, la fréquence de traitement du VHC à vie est en augmentation et a atteint 49,2 % en 2019 chez les personnes UDI qui se savent anti-VHC positif (INSPQ, 2023).

De nombreuses personnes atteintes d’hépatite C n’ont aucun symptôme ou des symptômes très légers durant la phase aiguë. La majorité des personnes atteintes d’hépatite C chronique ne montre pas de symptômes durant de nombreuses années. Un accès accru au dépistage de l’hépatite C pour les populations concernées est la pierre angulaire pour que davantage de personnes connaissent leur statut et aient accès à une prise en charge adaptée.

Encore aujourd’hui, alors que des traitements efficaces existent et que leur utilisation est en augmentation depuis 2015 au Canada, le nombre de personnes vivant avec le VHC ne cesse d’augmenter. Les antiviraux à action directe disponibles de nos jours ont une efficacité de plus de 95 %, sont simples à utiliser, ont peu ou pas d’effets secondaires et sont couverts par les régimes d’assurance médicaments public et privés disponibles au Québec.  Le traitement permet de guérir l’infection, d’éviter les complications et prévient la transmission dans la population.

Toutefois, les populations les plus touchées par l’hépatite C vivent généralement de la stigmatisation, incluant dans les milieux de soins. Une meilleure accessibilité au dépistage et à la prise en charge impliquerait donc la réduction des obstacles d’accès et une offre adaptée aux besoins, non stigmatisante et culturellement appropriée. (CanHepC, 2019).

Activités de formation sur l’hépatite C

Un besoin de formation aux professionnel·les et intervenant·es qui œuvrent au Québec auprès des populations prioritaires est toujours présent, et alors que l'offre de formation en Hépatite C de l'Institut planifie sa mise à jour, voici d’autres activités de formation présentement disponibles.

  • L’organisme CATIE propose quelques formations sur l’hépatite C aux prestataires de service qui œuvrent au Canada. Les formations d’auto-apprentissage en ligne L’essentiel de l’hépatite C et Le traitement de l’hépatite C pourraient intéresser à la fois le personnel infirmier et les intervenant·es communautaires qui veulent améliorer leurs connaissances sur l’hépatite C.
  • Le Programme national de mentorat sur le VIH et les hépatites (PNMVH) organise annuellement un symposium sur la prise en charge des hépatites virales et quelques webinaires sur l’hépatite C. Lorsque ces événements de perfectionnement professionnel sont en ligne, ils sont souvent disponibles par la suite en rediffusion. Consultez leur site pour plus d’information et abonnez-vous à leur infolettre.
  • Le Programme de télémentorat ECHO du CHUM permet la discussion de cas plus complexes avec une communauté multidisciplinaire sur l’hépatite C. Les séances en ligne s’adressent aux médecins, personnels infirmiers, pharmacien·nes, travailleur·ses communautaires et permettent le développement de connaissances et d’un savoir-faire sur la prise en charge de l’hépatite C et les troubles de l’usage et de dépendance.
  • Les ateliers de formations DÉSIRS du CAPAHC offerts en présentiel ou en ligne abordent notamment les aspects biologiques de l’hépatite C, la transmission du virus, les stratégies de prévention et le traitement. Portés par les stratégies d’élimination de l’hépatite C et le plaidoyer pour le dépistage rapide du VHC en milieu communautaire, ces ateliers pourraient intéresser les intervenant·es du milieu communautaire pour développer leurs connaissances sur l’hépatite C.

Enfin, le guide québécois La prise en charge et le traitement des personnes infectées par le virus de l'hépatite C - Guide pour les professionnels de la santé du Québec a été mis à jour en mai 2022. Cette version met l’accent sur l’approche simplifiée de l’investigation, du suivi et du traitement de l’hépatite C, afin de favoriser l’accès au suivi et au traitement pour toutes les personnes porteuses du VHC en augmentant notamment le nombre d’intervenant·es aptes à les prescrire.  N’hésitez pas à le consulter ainsi que la manchette rédigée à ce sujet.

Rédigé par
Geneviève Boily, conseillère scientifique, Unité des ITSS
Date de publication : 28 juillet 2023